Charleroi: Sarah Schiltz présente son projet de loi "Stop féminicides"
La maison de la presse de Charleroi a accueilli une soirée de rencontre-débat autour des combats féministes et de la loi "Stop féminicides".
Publié le 02-03-2023 à 12h09 - Mis à jour le 02-03-2023 à 18h57
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À l’invitation des femmes Écolo de Charleroi, c’est à la maison de la presse que la Liégeoise Sarah Schlitz, secrétaire d’État en charge de l’égalité des chances et des genres et de la lutte contre les discriminations, est venue présenter aux associations féministes son projet de loi "Stop féminicides" et rencontrer les actrices de terrain.
Charleroi a la chance – et le festival Femmes de mars 2023 intitulé Le corps est politique en apporte une preuve supplémentaire – de compter sur un front associatif uni et dynamique. Modératrice de la rencontre-débat, Laurence Blesin l’a rappelé d’entrée de jeu: "Le féminisme n’existe que dans la pluralité. De la santé au travail, en passant par le logement, la famille, la justice, la question aborde tous les champs de la vie." Au jour le jour, des centaines de militantes œuvrent en bord de Sambre à une transformation du monde, réfléchissent aux enjeux dans la non-mixité comme l’ont indiqué à tour de rôle Fatima Ben Moulay, Pauline Legros et Mouna, de Vie féminine, puis Sarah Cravotta, de Soralia (ex-Femmes prévoyantes socialistes).
Diverses thématiques sont abordées: sexisme dans l’espace public, réparation des victimes de violences, plateforme Ruban blanc et actions Chaussures rouges à chaque nouveau féminicide, réseau de mise en sécurité Ask for Angela ou, enfin, lutte contre la grossophobie (lire ci-dessous).
Dispositif d’alerte anti-rapprochement
Pour la présentation de son projet de loi, la secrétaire d’État a fait œuvre de pédagogie. Le texte définit à la fois les féminicides et les formes de violence qui peuvent préfigurer ce type de crime, c’est-à-dire sexuelle, psychologique ou de contrôle coercitif. Pour documenter le phénomène et en éclairer l’évolution dans le temps, Sarah Shiltz a imposé la rédaction annuelle ou biannuelle de différents rapports (statistiques, recommandations, étude de cas). Le dernier volet de la loi "Stop féminicides" porte sur la mise en œuvre de protections concrètes et efficientes des victimes, parmi lesquelles un dispositif d’alerte anti-rapprochement qui sera déployé sur tout le territoire belge d’ici la fin de l’année. Amélioration de la formation des magistrats, de l’accueil et de l’écoute des victimes (choix des mots, création de lieux d’audition plus intimes), amélioration de la défense des victimes (avocats spécialisés) sont d’autres mesures de son projet. La soirée s’est terminée par un échange avec la salle.
La grossophobie, ça vous dit quelque chose ? C’est la détestation et le bashing des gros. "Pour les personnes obèses ou en surpoids, le quotidien peut vite devenir un enfer, explique Sarah Cravotta, animatrice socioculturelle chez Soralia. Peu d’infrastructures sont en effet adaptées: places de transport en commun, fauteuils de cinéma ou de théâtre étriqués, tourniquets de magasins pas assez larges, chaises de restaurant serrées, et même dispositifs médicaux. Mais ça ne s’arrête pas là", selon la jeune femme qui en a fait elle-même l’expérience: "Une personne grosse connaîtra dans sa vie une multitude de discriminations, et les femmes en sont les principales victimes: accès à l’emploi, ou même à la santé. Les conséquences peuvent être dramatiques."
À Charleroi, Sarah a décidé de porter ce combat. Elle témoigne de comportements maltraitants dont les auteurs n’ont pas toujours conscience, notamment dans le milieu médical. "Il arrive que des médecins s’autorisent des réflexions déplacées sur le poids ou l’apparence de patientes ou patients qu’ils reçoivent en consultation. Loin d’aider, ces propos et attitudes qui stigmatisent amènent des personnes à retarder, voire annuler des rendez-vous ou des actes médicaux essentiels à leur maintien en bonne santé. C’est une réalité que nous avons le devoir de mieux faire connaître afin de la combattre."