Charleroi: la répression s'intensifie en matière de propreté publique
La Ville est entrée dans une nouvelle phase de lutte contre les incivilités environnementales. Cette fois, les punitions tombent.
Publié le 01-03-2023 à 10h42 - Mis à jour le 01-03-2023 à 15h40
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À défaut d’affirmer qu’il fait désormais propre, on peut au moins reconnaître qu’il fait moins sale en ville depuis le transfert des activités de nettoiement de l’espace public à l’intercommunale Tibi. Dans le dernier bulletin des questions écrites, l’échevin en charge de la Propreté Mahmut Dogru détaille la stratégie mise en œuvre par son exécutif.
Le premier axe, c’est l’action sur le terrain. Le ramassage des déchets a été intensifié dans les lieux identifiés comme problématiques, c’est ainsi que les équipes de Tibi effectuent jusqu’à deux passages quotidiens dans le passage de la Bourse pour en préserver la propreté, un passage par jour sur l’axe de l’avenue Pastur en dehors des zones TEC qui sont sous le contrôle de la société de transport, deux passages par semaine dans le quartier du Calvaire à Gosselies. L’échevin de tutelle estime qu’il ne faut pas continuer à augmenter les cadences. Il faut désormais booster la répression.
Augmenter les cadences peut créer un appel d’air: dès le passage de Tibi, de nouvelles incivilités sont commises. C’est pourquoi un comité de pilotage incivilités a été constitué: son rôle consiste à coordonner la répression pour en renforcer l’efficience. Une cartographie des points noirs a été établie, les moyens peuvent ainsi se concentrer sur les zones les plus exposées aux incivilités. La volonté est d’impliquer davantage le citoyen dans le maintien en état de l’espace public. Le portail Internet de la Ville permet déjà aux habitants d’interagir avec son administration pour demander une intervention. Idem sur le site de Tibi. En 2022, près de 1400 sollicitations pertinentes ont été prises en compte: 70% d’entre elles ont été traitées dans les 24h.
L’étape suivante, c’est de mieux exploiter le réseau de télésurveillance mis en place sur le territoire, à partir notamment des caméras de la Police. Une expérience a débuté le 24 janvier dernier. Elle a permis d’envoyer des images à sept reprises à la Ville, afin de rédiger des sanctions administratives communales. La délinquance environnementale est l’un des phénomènes ciblés par cette mesure: en amont des dépôts clandestins, il s’agit en effet d’en retracer l’origine, ce que permettent les caméras. Pour Mahmut Dogru, "il est encore trop tôt pour parler d’impact sur la propreté publique, mais le système apporte de bons résultats.".
Les caméras de la police utilisées pour sanctionner les incivilités
Chaque semaine, les équipes de propreté publique collectent à Charleroi une cinquantaine de tonnes de déchets en voirie et dans l’espace public. En 2020, le volume avait atteint 2665 tonnes, avec un coût exorbitant pour les finances locales. Pour combattre ce fléau, la ville a décidé de consacrer 400000 euros à l’acquisition, au placement et à l’entretien d’un réseau de caméras de surveillance, un investissement initialement étalé sur quatre ans. «Notre choix ne s’est volontairement pas porté sur un seul modèle, mais sur plusieurs technologies qui permettent de mettre sous protection des environnements très différents», avait expliqué en son temps l’échevin Mahmut Dogru en charge de la Propreté. En effet, certaines caméras sont adaptées au milieu forestier, d’autres aux quartiers urbains et d’autres encore aux bords de route ou aux terrains vagues. Embarquées dans des voitures, mobiles à haute résolution, elles se complètent pour une répression efficace. Des marchés ont été lancés en 2021 pour en faire l’acquisition. S’ils ont été annulés par manque d’offres, un nouveau cahier spécial de charges a été établi l’an dernier, et a pu aboutir. On en est aujourd’hui à la finalisation de la procédure d’attribution, indique l’échevin dans une réponse à une question écrite du chef de groupe MR Nicolas Tzanetatos. À ce jour, la Ville s’est dotée d’une dizaine de caméras de chasse, adaptées au milieu forestier et aux sentiers de traverse. Elles seront installées prochainement dans des lieux tenus secrets, afin de prendre les auteurs par surprise. Vu la difficulté pour les communes de se doter rapidement d’équipements de vidéosurveillance, le SPW a décidé de reporter la date butoir de son subside de 25000 €. L’un n’empêchant pas l’autre, le Conseil communal a mis en place les conditions d’une collaboration avec la zone de police, pour exploiter son réseau de 177 caméras. Un projet pilote a démarré à la fin janvier. Des transferts d’images ont déjà été organisés, afin de sanctionner les auteurs. L’expérience doit se poursuivre.D.A.