Viol et séquestration d'une étudiante à Charleroi: le doute profite aux prévenus

Le tribunal correctionnel de Charleroi a relevé plusieurs éléments qui rendent "vraisemblable" les versions données par les trois prévenus.

L.C.
 Les garçons ont embarqué Laura. Mais pas du tout pour la reconduire chez elle, à Liège.
Les garçons ont embarqué Laura. Mais pas du tout pour la reconduire chez elle, à Liège. ©Photo News 

Quand le doute existe, il doit profiter au prévenu. Cette notion judiciaire s’est appliquée, ce mercredi matin, en faveur d’Elias, d’Angy et de Hamdi. Le trio était poursuivi pour plusieurs viols et la séquestration de Laura (prénom d’emprunt).

L’étudiante s’est rendue, le samedi 13 janvier 2018, dans une boîte de nuit bruxelloise. Elle s’est sentie mal après avoir consommé un verre et a décidé de sortir du club. À 6h47, les images de caméra de surveillance la montrent en effet titubante: elle déambule dans la rue accompagnée d’un individu. Pour le parquet, cet homme non identifié était l’un des prévenus.

La plaignante confie que trois individus, l’ont alors embarquée en voiture, en prétendant la ramener du côté de Liège. À 7h18, le GSM de Laura borne du côté de Charleroi, dans un studio. C’est l’heure d’arrivée de la victime. Un premier acte sexuel non consenti a lieu, selon la plaignante. À 9h10, le téléphone s’éteint.

Dans la journée un dossier est ouvert à la suite du signalement aux autorités de la disparition de Laura par sa mère.

Le lundi 15 janvier, le quatrième et dernier fait de viol, toujours selon la victime, prend fin. Cinq hommes, dont Elias, Angy et Hamdi, auraient violé la jeune femme.

Retrouvée grâce à la géolocalisation

La jeune femme est finalement retrouvée durant la nuit suivante, grâce à des messages envoyés à son frère sur Messenger et à un partage de géolocalisation via Google Maps. "Elle a notamment envoyé ‘je suis à Charleroi, faut que vous me retrouviez’. Ce ne sont pas les mots d’une jeune fille qui semble tranquille", insistera Me Mallants, partie civile pour la victime. L’intervention policière dans le studio de Hamdi, rue des Trois Pistolets à Charleroi, permet aux agents d’interpeller Elias et Hamdi, en slip. Laura, elle, est recroquevillée dans un fauteuil.

"Elle a dansé, mis de la musique. Elle pouvait quitter l’appartement quand elle voulait."

Cinq ans plus tard, Elias, Angy et Hamdi nient avoir violé et séquestré Laura. Pour les trois hommes, c’étaient eux les victimes dans l’histoire. L’un y a vu là l’occasion de faire la fête et de faire l’amour avec une "fille facile", tandis que Hamdi jure que Laura était "100% consentante". "Elle nous a même fait à manger, elle a dansé, mis de la musique. Elle pouvait quitter l’appartement quand elle le voulait."

Angy, lui, affirme ne pas s’être éternisé dans le studio de son ami. Pour le trio, la jeune femme se trouvait "dans un état normal."

Pour le parquet, Laura n’était pas en état de consentir quoi que ce soit. Le changement de version opéré dans le dossier par la plaignante (affirmant avoir donné son consentement à la vue d’une vidéo d’un des actes sexuels) était un "mécanisme de défense d’une victime", selon la substitute Garcez. Me Mallants, lui, parle d’une solution "pour prendre la fuite et tourner la page " après une publicité des faits dans la presse.

Changement de version de la plaignante

Compte tenu de l’état de santé mental des trois prévenus (atteints d’un trouble mental au moment des faits et qui persiste aujourd’hui), une mesure d’internement a été requise.

Mais ce mercredi matin, les trois avocats à la défense ont obtenu gain de cause: Elias, Angy et Hamdi ont été acquittés des faits reprochés. Le tribunal correctionnel de Charleroi a estimé ne pas avoir suffisamment d’éléments pour confirmer la culpabilité des prévenus. "Il n’est pas démontré que les relations sexuelles ont été forcées et il n’est pas certain que les portes et fenêtres étaient fermées."

Le tribunal est également revenu sur le changement de version opéré par la jeune femme dans le dossier, ainsi que sur l’absence d’inquiétude des amis de Laura, au moment où cette dernière a quitté la boîte de nuit bruxelloise.

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