Denis Ducarme: « Le PS nuit gravement à la santé de Charleroi »
C’est le couteau entre les dents que le chef de file du MR carolo fait sa rentrée politique locale. Interview.
Publié le 14-01-2023 à 05h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XX7ZK6LRXBDQJCTPL32WTU2QXA.jpg)
Un an après son inscription sur les registres de population, une semaine après les vœux de son parti sur le site du Bois du Cazier, Denis Ducarme persiste et signe. "Le mal carolo est socialiste, lance-t-il. Le PS nuit gravement à la santé de Charleroi."
Denis Ducarme, vous ne regrettez pas votre commune de Ham-sur-Heure/Nalinnes ?
C’est un choix responsable que j’ai posé en venant à Charleroi. Les politiques socialistes y échouent lamentablement depuis des décennies, il est temps de changer de recette.
Le lancement des vœux du MR au Bois du Cazier la semaine passée n’est donc pas anodin ?
À Charleroi, nous avons choisi un site symbolique, celui du charbonnage le plus meurtrier de l’histoire industrielle de la Belgique où 262 mineurs avaient trouvé la mort en 1956. Pour notre première cérémonie de vœux de 2023, nous ne nous attendions pas à une telle affluence: nous avons en effet accueilli plus de 800 participants, preuve du potentiel qui existe à Charleroi. Au sein de notre fédération MR, la dynamique est positive: le nombre de membres est en augmentation, un nouveau comité s’est mis en place, ma collaboration avec le chef du groupe communal Nicolas Tzanetatos est excellente… Nous fixons ensemble les positions que le MR défend au Conseil. Cela dit, je suis très inquiet pour la santé de Charleroi.
La santé ?
En début d’année, la tradition veut que l’on souhaite une bonne santé à ceux qui nous sont chers. Or, je constate dans les statistiques 2019 de l’Observatoire de la Santé du Hainaut, sous la tutelle de notre députée provinciale MR Fabienne Devilers, que l’espérance de vie des hommes est ici inférieure de plus de 6 ans à celle de notre pays, 73,7 ans contre 80. Notre ville est aussi à la traîne de la Wallonie, elle est également derrière la moyenne de la province. Comparé au niveau de pays étrangers, nous sommes à Charleroi quasiment ex aequo avec la République slovaque, la Pologne ou la Hongrie qui ont connu un demi-siècle de dictature communiste. Le projet libéral est avant tout social. Notre parti s’engage à rehausser la qualité de vie des gens. Parce que la santé, c’est notre capital le plus précieux.
Ce sera le fil conducteur de la campagne du MR carolo ?
Tout à fait, avec la sécurité ! Pour continuer sur le thème de la santé, parlons de celle de l’économie. À Charleroi, le taux d’emploi est au plus bas: il est de 53,1% en décrochage de 30% par rapport à celui de la Belgique. Vous vous rendez compte ? Cela signifie qu’une personne sur deux en âge de travailler n’a pas d’activité ! C’est un désastre. Parce qu’on ne construit pas de paradis sur un désert socio-économique, nous avons le devoir de modifier la donne. C’est le défi que j’entends contribuer à relever.
La majorité communale PS-C +-Écolo ne le fait pas ?
Elle voudrait nous le faire croire ! La lecture dans vos colonnes de la récente interview de l’échevine Babette Jandrain sur le Commercerévolte l’ancien ministre fédéral des Indépendants que je suis. Elle prétend que les choses ne vont pas si mal. Si ça, ce n’est pas de la mauvaise foi, c’est une déconnexion totale des réalités. La flambée des coûts de l’énergie, l’indexation des salaires, l’inflation se combinent à une baisse généralisée du pouvoir d’achat qui sanctionne directement les commerçants. Je ne peux pas laisser raconter de telles inepties. J’appelle Mme Jandrain à un peu plus de respect et un peu moins de déni ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes: selon le bureau Graydon, 10 indépendants sur 10 se disent en danger dans le secteur de l’alimentation. En 2022, le nombre de faillites a augmenté de 42% par rapport à l’année précédente et quelque 100 000 entreprises ont dû cesser leurs activités !
Vous n’êtes pas un peu excessif ?
Sortez de l’intra-ring voir ce qui se passe dans les quartiers, au marché vespéral de Marcinelle par exemple. Une halle y est à l’abandon depuis plus de 10 ans, il y a des dépotoirs à ciel ouvert: une centaine d’emplois sont concentrés là-bas. Qu’attend-on pour valoriser ce site et mettre ces emplois à l’abri ? Et si vous voulez que l’on parle du centre-ville, on peut le faire ! Les chantiers de la ville-haute n’en finissent pas, les commerçants sont en train de crever. Le bourgmestre pense déjà aux inaugurations qu’il va effectuer avant les élections. Moi je pense à celles et ceux qui sont piégés par les travaux. Pour en parler, le MR va bientôt organiser une réunion dans le quartier ! A Charleroi, les gens ont besoin d’un mayeur à temps plein… Si les électeurs me confient ce mandat, je l’honorerai en abandonnant tous les autres !