Lodelinsart: avec le labo mobile du CHU, les chirurgiens ont la chance de se faire la main sur un (vrai) pied
Première au CHU Marie Curie. Des chirurgiens en formation ont bénéficié d’un labo mobile pour pratiquer des interventions sur des membres de défunts.
Publié le 10-01-2023 à 06h00
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Huit post-gradués en médecine, tous en 3e année de chirurgie, ont eu la chance de bénéficier d’un laboratoire mobile de chirurgie orthopédique, hier, sur le site du CHU Marie Curie (ISPPC) à Lodelinsart. Ils ont pu pratiquer des interventions sur du matériel humain provenant de défunts ayant légué leur corps à la science. Une situation d’apprentissage qui procure plus d’un avantage, mais qui, à ce stade de la formation, est trop peu courante.
Habituellement, les chirurgiens en situation d’apprentissage sont formés pratiquement lors d’interventions sur des patients. "Ils sont à côté de nous en salle d’opération et nous leur confions progressivement certains actes médicaux", explique en substance le Dr Florence Goldberg, chef de la clinique du pied et de la cheville du CHU, à l’initiative de cette expérience, inédite pour son hôpital. "Avec le labo mobile, les médecins en formation peuvent pratiquer les actes complètement plutôt que d’assister."
Encadrés par leurs maîtres de formation, les jeunes chirurgiens ont pris place dans le camion de la firme allemande Arthrex qui met gracieusement à disposition le labo qui y est aménagé. Au programme: "Une arthroscopie interventionnelle", indique le Dr Olivier Delahaut, chef du service de chirurgie orthopédique de l’hôpital. Les uns devant une épaule, les autres face à un pied, ils peuvent tester le matériel chirurgical et accomplir les gestes très précis visant à visualiser par vidéoscopie l’intérieur du membre touché par la pathologie.
Les étudiants apprécient: la situation est au plus proche de la réalité, ils bénéficient de l’expérience de leurs formateurs à leurs côtés, le tout dans une certaine décontraction. "On travaille presque sans stress, ce qui est très important pour l’apprentissage. Cela permet d’apprendre plus rapidement, de s’entraîner, souligne Ephélie Algrain. Ici, ce n’est pas trop grave si l’on fait une erreur." "Au cours de leur formation, complète le Dr Delahaut, ils peuvent généralement apprendre sur des pièces synthétiques, grâce à la réalité virtuelle et bien sûr avec les patients. Ici, ils sont en quelque sorte à une étape intermédiaire entre ces deux dernières situations."
Pour les étudiants chirurgiens, un tel labo mobile est une chance. "Ce n’est pas évident d’y avoir accès, explique encore le Dr Goldberg. D’abord parce que ce genre de structure n’est pas courant, mais aussi parce que le matériel humain ne l’est pas beaucoup non plus." L’utilisation de parties anatomiques humaines est en outre strictement réglementée. "Cela se fait en faculté de médecine, soit dans moins d’une demi-douzaine de lieux en Wallonie, précise le chef du service d’orthopédie. Dans un hôpital, il n’y a pas le cadre légal. Le labo mobile y répond, mais en dehors de l’hôpital. C’est pourquoi le camion était stationné sur le parking des urgences."