Charleroi: Chez Sabir, le bonheur est dans le thé
Sabir a ouvert la plus grande cave à thés bio du pays, avec un espace restaurant indien, du mardi au dimanche.
Publié le 05-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 05-01-2023 à 16h21
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Il aime à plaisanter sur le sujet: "Je suis un authentique carolindien". De fait. Né en Inde dans l’état du Gujarat, Sabir Sheikh qui a émigré en Belgique avec sa famille à l’âge de 5 ans a fait de Charleroi sa ville d’adoption et de cœur. "Je me sens autant carolo qu’indien", ajoute-t-il dans un large sourire. C’est en effet en bord de Sambre qu’il a appris à parler le français, qu’il a fait ses études, rencontré son épouse Shamim, fondé son foyer, travaillé comme agent de sécurité, prof d’anglais puis formateur en vente avant de réaliser son rêve de jeunesse: vivre de sa passion. Il a ouvert un magasin-restaurant à Couillet à proximité du rond-point sous le viaduc du R3, dans la descente de Loverval: Le sommelier du thé (c’est son nom) se targue de proposer la plus grande sélection de thés bio du pays. Un peu plus de 400 variétés s’offrent au regard, dont plusieurs créations de l’intarissable Sabir. "Ce coup de cœur remonte à mon enfance", raconte-t-il, avant d’enchaîner: "À la maison, je voyais mes parents boire du thé chaque matin, ils se plaignaient de la piètre qualité des mélanges disponibles dans le commerce. C’est quand j’ai saisi l’émotion de bonheur sur leurs visages lors d’un séjour en Inde où on venait de leur servir une tasse que j’ai compris que c’était ma vocation."
Depuis, l’homme n’a cessé de se documenter, d’éduquer son nez et son palais à la dégustation. Jusqu’à la naissance de son projet, d’abord dans le Brabant wallon avec des associés, puis à Beaumont où il s’est établi pendant près de deux ans avant de revenir à Charleroi, où il a acquis et transformé un immeuble pour en faire une boutique de thés, cafés et accessoires, avec une partie restaurant indien -The Curry House. Dès l’accueil, on prend la mesure de sa passion. Le maître des lieux a aménagé une cave à thés où il emmène des clients. Là, il virevolte entre les boîtes métalliques contenant les précieux mélanges. Thé vert, thé noir, thé blanc ou rouge, thé bleu, en feuilles et en boutons, en poudre parfois comme le très rare Matcha, le "caviar" de la collection avec un prix record de près de 1 500 euros le kilo, tisanes à base de plantes et de morceaux de fruits.
La grande majorité des variétés se vendent (par sachets de 50 ou 100 grammes) entre 40 et 130 euros le kilo, quelques-unes au-delà. Plonger son nez dedans pour en capter les parfums gourmands ou poivrés, délicatement épicés ou floraux: le bonheur est dans le thé. Et l’exercice n’est pas très éloigné de celui du sommelier: après avoir respecté les températures et les temps d’infusion commence la dégustation. Analyse visuelle, olfactive, mise en bouche. Les papilles s’imprègnent du breuvage ; fusent alors les commentaires ! "Goûtez-moi ce Darjeeling, c’est le champagne des thés…" Sabir se flatte d’avoir quelques raretés: une galette de Puerh indien qui ravira les amateurs, un tamaryokucha impérial d’une grande subtilité, des ayurvedas apaisants ou énergisants, des sencha distillateurs de bien-être…
Laissez-vous embarquer et voyagez à coup d’anecdotes délicieuses. Sans parler des cafés. Pas moins de 40 origines (Asie, Amérique du Sud, Afrique) s’offrent à la vue et au nez. On peut les emporter en grains ou les faire moudre sur place. Attention: c’est addictif !