Airbus et Safran, clients d’une discrète fonderie
La Wallonie entre dans le capital de Castingpar. Le site jumétois de cette entreprise, spécialisée dans la fonderie de précision, séduit le secteur aéronautique.
- Publié le 14-12-2022 à 06h00
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Settas est établie sur le zoning de Jumet depuis les années 80. Son activité, c’est la fonderie de précision. Une activité qu’elle mène avec un savoir-faire qui l’a hissée au niveau mondial, mais avec discrétion… Pourtant, l’entreprise jumétoise qui, depuis 2020, a fusionné avec Precimetal, son concurrent établi à Seneffe, pour former Castingpar, est en plein développement. Elle a réussi à décrocher plusieurs contrats à long terme pour la livraison en série de pièces complexes en titane destinées aux avions Airbus et à des moteurs d’avion assemblés par la coentreprise CFM (General Electric et Safran).
La montée en puissance de la fonderie dans le secteur aéronautique est assez récente. De 15 à 20% de son chiffre d’affaires, elle atteint aujourd’hui le double. "On peut ainsi compter sur un volume de production plus stable sur le long terme", justifie Philippe Hoste, CEO de Castingpar, sans pour autant nier la pression exercée par les avionneurs sur les prix. Des négociations sont aussi en cours avec Pratt & Whitney. Quant au reste de la clientèle, il est constitué d’acteurs industriels divers.
Pour financer sa croissance, Castingpar a procédé à une augmentation de capital. Elle a pu compter sur ses partenaires historiques, Ciclad, Adaxtra, Profinpar, et son management, mais aussi, et c’est une première: la Wallonie. "La Société régionale d’investissement de Wallonie (SRIW) entre dans le capital à concurrence de 8,5%", annonce Willy Borsus, ministre wallon de l’Économie, en visite ce mardi à Jumet. Un investissement de l’ordre de 5 millions€. "De quoi procurer des moyens supplémentaires pour les besoins du fonds de roulement, mais aussi pour des investissements, des équipements et l’agrandissement de certaines unités", précise l’administrateur délégué.
Cette croissance aura en principe des répercussions positives sur l’emploi. "Nous sommes revenus au niveau d’emploi d’avant-Covid, soit 220 personnes pour les trois sites, à Seneffe, Jumet et Orléans", indique Philippe Hoste. À Jumet, 80 personnes sont occupées. "Cette année, on en a engagé 10. Pour 2023, on en prévoit 15 de plus, idem pour 2024 et 2025. Entre 50 et 60 au total sur le site." Un défi. Car si le patron se félicite de la qualité de la main-d’œuvre, essentiellement locale, il observe aussi que les candidats sont 10 fois moins nombreux qu’avant la pandémie…
Les perspectives restent plutôt optimistes pour Castingpar. Ce qui ne relègue pas les défis à relever, à court et moyen terme… "Jusqu’à présent, on a été épargné par les coûts de l’énergie, confie le CEO. Mais nos contrats favorables se terminent et on va devoir à un coût triplé dès 2023." Sa réponse: productivité en hausse, efficacité accrue, y compris au niveau énergétique. La disponibilité du titane est aussi un défi. Car la pénurie de ce métal léger se profile, la Russie et l’Ukraine étant deux acteurs majeurs pour l’approvisionnement. "Ce sera un challenge supplémentaire", ne cache pas Philippe Hoste.