Charleroi : la participation citoyenne, état des lieux et mode d'emploi
La première échevine Julie Patte vient de dresser l’état des lieux de la participation citoyenne à Charleroi. Interview.
- Publié le 11-12-2022 à 19h13
- Mis à jour le 11-12-2022 à 19h14
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En début de mandature, tout ou presque était à (co)construire dans le domaine de la participation citoyenne: organes et outils, procédures, appel à projets, accompagnement. Lors d’un collège spécial, la première échevine Julie Patte a présenté l’état des lieux de ce vaste chantier.
Julie Patte, pouvez-vous rappeler les objectifs de votre majorité communale en matière de participation ?
Ils s’articulent sur trois axes: soutenir et favoriser les initiatives citoyennes, nourrir les actions de la Ville de l’expertise collective de ses habitants, et enfin créer un écosystème en renforçant les liens entre tous les acteurs de la participation.
Par quoi avez-vous commencé ?
Nous avons transformé et adapté la Maison de la participation et des associations (MPA) pour en faire la porte d’entrée unique en matière d’initiatives citoyennes: une agence au service de la participation, avec des experts en gestion de projets, assistance juridique, comptabilité, location d’espaces. Toutes ces ressources sont à la disposition des Carolos désireux d’apporter leur contribution au vivre-ensemble, à l’aménagement urbain, à la qualité de vie de leur quartier… La nouvelle MPA est en place depuis un an. Sous la direction de Caroline Davini, ses équipes font un travail d’accompagnement extraordinaire.
Qui sont les usagers ?
Ça peut être vous si vous avez une idée, l’envie ou du temps à donner ! En pratique, ce sont les comités de quartier qui s’impliquent dans des projets locaux (fêtes, événements, petits aménagements), les relais de quartier qui nous remontent les préoccupations, les conseils consultatifs (personne handicapée, égalité hommes-femmes, tourisme et commerce, etc.) et de participation, actifs dans chacun des cinq districts.
Les problèmes sont parfois à l’origine de la création de comités de quartier…
Bien sûr, la contestation doit pouvoir se faire entendre, c’est la base de la liberté d’expression. Mais après les problèmes, des projets peuvent se faire jour, les habitants s’associent et sont heureux d’agir ensemble. Nous avons plein d’exemples très positifs à Charleroi: le comité du Martinet à Roux, celui de Dampremy… Sur le territoire communal, nous avons identifié 35 comités de quartier mais nous savons qu’il en existe plein d’autres, plus modestes, plus discrets. Ils ne doivent pas hésiter à aller frapper à la porte de la MPA qui peut les informer, les conseillers, les encadrer.
Quels dispositifs avez-vous mis en place pour stimuler la participation ?
Il y a d’abord les jardins partagés: nous en comptons actuellement 21 et trois nouveaux vont voir le jour. Cela implique de nombreux habitants, des écoles, des associations. Nous avons également codifié la maîtrise d’usage, un processus de consultation des citoyens dans le cadre de projet de rénovation d’espaces publics. En deux ans, neuf procédures ont été activées, elles ont mobilisé plus de 400 personnes. Pendant la pandémie, nous avons créé la plateforme Charleroi solidaire et un groupe "Give a day" où les opérateurs qui recherchent des bénévoles peuvent entrer en contact avec des volontaires potentiels. Cela fonctionne un peu comme l’application Tinder: si l’offre et le profil collent, des matchings sont proposés. Enfin, nous avons lancé l’an dernier un outil de consultation citoyenne, la plateforme monopinion. Tous les Carolos peuvent y participer à des sondages, à des choix de financement de projets. C’est gratuit, en open source, facile à utiliser…
Il y a aussi les appels à projets de la ville et du CPAS…
Oui, les citoyens sont appelés à voter chaque année. C’est eux qui sélectionnent les projets déposés par les candidats. Le budget global alloué à ce dispositif dépasse les 250 000 €, il concerne plusieurs champs d’action: le développement durable, la cohésion sociale, l’égalité des chances, l’inclusion des personnes porteuses de handicap. Pour ne pas pénaliser les lauréats, un système d’avance de trésorerie a été imaginé par la MPA qui met les moyens à disposition au plus vite.
Les membres du collège communal sont-ils tous engagés et ouverts aux démarches participatives ?
Ils ont le devoir de répondre aux questions que leur soumettent les conseils de participation des districts. En 2022, le bourgmestre et les échevins ont ainsi traité 21 questions. Mais on attend de nous de la proactivité. Dans ce cadre, j’ai avec mon cabinet et la MPA élaboré un guide pratique leur rappelant les prérequis d’une démarche consultative, et les éléments concrets de mise en œuvre. La doctrine est la suivante: on ne s’engage dans une telle procédure qu’avec la garantie de pouvoir réaliser le projet, en clarifiant les objectifs et en prenant le temps de bien faire les choses. Il faut ensuite fixer le calendrier, inviter les participants, les rencontrer si nécessaire, organiser la campagne, les tenir au courant de l’évolution de la procédure et leur en communiquer les résultats. Ce guide pratique a été également remis à l’administration.