Charleroi: Jean-Claude Van Cauwenberghe s'attaque à l'âgisme
Jean-Claude Van Cauwernberghe s’attaque à l’âgisme, dans un nouvel ouvrage qu’il vient de publier.
- Publié le 07-12-2022 à 22h00
:focal(545x417.5:555x407.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/FIFRU3SKCVFYFFIWXZ3QDFGWKY.jpg)
Les préjugés et discriminations font du mal aux seniors. Van Cau père s’est emparé de la question et en a fait un livre qui vient d’être publié. Rencontre. Avec le régionalisme wallon, l’âgisme représente l’un des derniers combats de l’ancien bourgmestre de Charleroi et ancien ministre-président wallon Jean-Claude Van Cauwenberghe. L’âgisme, c’est ce comportement discriminant à l’égard des seniors. Un ouvrage de 85 pages A4 publié avec l’aide des mutualités socialistes est disponible gratuitement sur demande auprès de l’ASBL Liages (ex Espace seniors), dans le giron de Solidaris.
Jean Claude Van Cauwenberghe, qu’est-ce qui vous a conduit à mener ce nouveau combat ?
La crise du Covid 19 a été pour moi le puissant révélateur des préjugés et discriminations vis-à-vis des aînés. Des horreurs ont été exprimées pendant cette période: un médecin chef de service à l’hôpital parisien Bichat a ainsi déclaré que la vie après 80 ans était du bonus, et que face aux ravages de la pandémie, on ne pouvait plus s’autoriser ces bonus. Un épidémiologiste a parlé de ces précieuses doses de vaccins administrées à des gens qui attendent la mort en maisons de repos ; l’essayiste François De Closets a lui-même évoqué les jeunes en galère et les vieux en croisière, qui vivent à crédit sur le dos de leurs héritiers… J’ai alors dû me rendre à l’évidence qu’on vit dans une société âgiste, méprisante pour ses vieux. Face au jeunisme ambiant, j’ai décidé de lutter contre cet apartheid générationnel.
Pensez-vous qu’il s’agisse d’une généralité ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, une personne sur deux aurait à l’occasion, des attitudes âgistes. Spécialiste mondiale du phénomène, Martine Lagacé décrit ce phénomène comme un processus d’exclusion complexe, sournois et ambigu, implicite et souvent banalisé. Il touche les institutions, les entreprises et n’épargne pas, loin s’en faut, les familles. Au travail, les vieux sont présentés comme les obstacles à l’emploi des jeunes, ils sont poussés vers la sortie. Mais quand ils bénéficient de leur pension, ils deviennent des poids financiers. Ce sont aussi des boulets pour la sécurité sociale, leur prise en charge coûte cher. À la caisse du supermarché, ils n’emballent pas assez vite, prennent trop de temps pour payer. Ils sont conservateurs, nostalgiques du passé, bref, dépassés dans tous les domaines…
D’où viennent ces différents jugements, selon vous ?
J’ai lu plus de cinquante ouvrages, études et essais sur le sujet, afin de me documenter. Deux facteurs d’explication sont avancés: d’abord, la crainte de notre propre finitude. Vieillir, c’est aller lentement vers la mort. Benoite Groult a écrit qu’on se voyait vieux dans le regard des autres avant de l’être dans le sien, même s’il y a un écart entre l’âge réel et l’âge ressenti. La psychothérapeute Elfi Reboulleau constate que dans une société où l’image a pris le pas sur l’être, vieillir est devenu une abomination. Ensuite, je pense que les vieux symbolisent le péril gris, une société dont l’espérance de vie augmente et où les aînés représentent une part croissante de la population. Statistiquement, cela va continuer à grimper.
C’est quoi être vieux aujourd’hui ?
Très clairement, la notion évolue avec la durée de la vie. Lors de sondages, nos concitoyens considèrent les 70 ans comme la ligne de démarcation, les statistiques officielles retiennent l’âge légal de la pension.
Que proposez-vous concrètement pour combattre l’âgisme ?
De l’éducation et des lois. Il faut se préparer dès la jeunesse à vieillir. Sauf accident ou maladie, on est tous promis à prendre de l’âge, c’est incontournable. Il faut donc intensifier les relations intergénérationnelles dès l’école et en familles. Nous avons aussi besoin de réglementations antidiscriminatoires. Quand une publicité se moque des aînés comme c’est arrivé récemment avec une marque de chips, il faut pouvoir l’interdire et la faire disparaître. Il faut enfin ne plus tolérer certains propos.
C’est un combat que vous allez aussi mener au sein de votre parti ?
J’aime à rappeler qu’à 17 ans, je militais au sein du PS pour faire plus de place aux jeunes. Un quota « jeunes » a été instauré. S’il n’en existe pas pour les aînés, je n’en demande pas forcément un. Écrire sur le sujet, en débattre, imposer ce thème de réflexion au sein du PS, c’est important. Mais cette question n’est pas que l’affaire d’un parti politique, elle doit être intégrée dans l’ensemble des structures de notre société, à tous les niveaux de pouvoir et de fonctionnement.
Où peut-on trouver votre livre ?
Il peut être obtenu gratuitement à la demande auprès de l’ASBL Liages que je préside, l’ancien espace seniors de Solidaris. Pour notre fédération de Charleroi et du Centre, le numéro d’appel est le 071/50 78 12.