Charleroi: 10 ans de Ville pour Philippe Van Cau
Échevin à Charleroi puis président du CPAS, Philippe Van Cauwenberghe revient sur dix années de présence au collège.
- Publié le 26-11-2022 à 06h00
:focal(2011x1517:2021x1507)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O4ABTG2465FUPMOFI3ROA46VLM.jpg)
Philippe Van Cauwenberghe, vous êtes le seul membre du collège à avoir participé au pouvoir à Charleroi avant l’arrivée de Paul Magnette. Qu’est-ce qui a changé ?
Nouvelle équipe, nouveaux défis, nouvelle manière de fonctionner, on n’est plus du tout dans le même modèle ! La ville elle-même a changé. Je me souviens de ce premier marché de Noël en 2012 à Charleroi alors que je me préparais à prendre le commerce et les sports dans mes compétences. Nous nous sommes retrouvés à une poignée autour d’un brasero, il y avait quatre ou cinq chalets place Saint-Fiacre au fond du boulevard Tirou. Ce soir-là, je me suis demandé avec Paul Magnette si nous étions bien dans la première ville de Wallonie (rires). Nous avons retroussé nos manches pour commencer à tout reconstruire. Le chantier a été amorcé. Dix ans plus tard, nous devons continuer à faire aussi bien qu’hier avec autant, voire moins d’argent: c’est une nouvelle donnée de l’équation !
La présidence du CPAS, c’était le choix du bourgmestre pour vous sous cette mandature. Comment l’avez-vous vécu ?
Sur le moment, je n’ai pas accueilli la nouvelle avec joie. Mais le temps m’a permis de me familiariser à la fonction, de l’apprécier : je pense qu’il n’y a pas de compétence politique plus en phase avec la vie des gens. Notre devoir, c’est d’œuvrer à l’amélioration du bien-être des plus fragiles, à leur protection. Dans ce cadre, j’ai par exemple imaginé avec mon équipe la création d’une plateforme alimentaire pour faciliter le partage des dons, renforcer l’efficacité de la distribution des colis. Mutualiser les efforts, agir ensemble pour agir mieux: voilà le nouveau paradigme…
Pourquoi avoir demandé à reprendre la politique des aînés ?
Les 60 ans et plus représentent près d’un quart de notre population. Et avec l’allongement de la durée de la vie, leur nombre va continuer à s’accroître. C’est un domaine d’action passionnant !
Quel est votre pire souvenir en dix ans ?
La solitude des aînés et la détresse des jeunes pendant la crise sanitaire. Et de manière plus générale, l’avancée de la grande précarité. Nous ne sommes plus seulement confrontés à des personnes sans domicile ou sans ressource mais à de véritables polytraumatisés: problèmes de logement, de santé, d’addiction, de famille. Ils dégustent. Toutes les semaines, un comité spécial examine les dossiers urgents: c’est là que nous sommes amenés à découvrir des situations épouvantables, et à prendre des décisions immédiates comme une aide financière ponctuelle, l’accès aux colis alimentaires, etc.
Si vous deviez retenir un projet dont vous êtes particulièrement fier, ce serait quoi ?
Le maintien de la proximité. Ce n’était pas gagné d’avance en début de mandature : il y avait en effet une volonté de recentraliser les antennes, de regrouper les équipes. Je me suis battu pour garder les points d’accueil existants. Mieux: j’ai obtenu l’acquisition et l’équipement d’un minibus qui ira à la rencontre des usagers dans les quartiers les plus éloignés des antennes, et là où l’évolution des besoins l’imposera. Dans le même esprit, j’ai veillé à conserver un maximum de points de contact de proximité pour nos seniors. La proximité, c’est le premier pilier de l’action sociale.
Quel est le grand défi politique pour l’avenir ?
Faire remonter le taux d’emploi. À Charleroi, nous restons à la traîne, il faut activer les leviers qui vont nous permettre de revenir dans la moyenne wallonne. Au CPAS, nous accompagnons chaque année des centaines de nos bénéficiaires dans des contrats article 60 grâce auxquels ils peuvent retrouver leurs droits au chômage et se remettre dans les conditions d’un retour au travail. Je pense aussi que nous devons œuvrer à ce que le potentiel de création d’emplois revienne aux Carolos. Un bon exemple, c’est le futur parc Legoland de Gosselies. Nous devons mettre en place les outils pour capter ces emplois. Qu’ils profitent avant tout à nos habitants.
Parlons de 2024. Où vous voyez-vous dans deux ans ?
Mon sort est lié à celui de Paul Magnette et au choix des électeurs. Une séquence électorale précédera celle des communales en octobre 2024: nous serons en effet appelés à composer les Parlements au fédéral, au régional et à l’Europe. Pour ma part, je ne suis pas attiré par un autre niveau de pouvoir, c’est à Charleroi que je veux poursuivre ma carrière politique si les électeurs me renouvellent leur confiance. Au sein du collège, nous avons appris à nous connaître, nous travaillons ensemble et plus l’un à côté de l’autre, nous faisons confiance…