Mont-sur-Marchienne : mobilisation contre le projet de Colruyt des Haies
Au quartier des Haies, les riverains s’opposent à la construction d’un Colruyt avec du logement. Ce projet dénaturerait leur quartier selon eux.
- Publié le 27-10-2022 à 22h00
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C’est la troisième demande de permis pour la construction d’un supermarché Colruyt et de logements dans le quartier des Haies, à Mont-sur-Marchienne, à deux cents mètres de ce qui apparaît comme le dernier village du sud de Charleroi: le hameau du Longtry. Une enquête publique a démarré le 17 octobre dernier pour une durée d’un mois, jusqu’au 16 novembre.
Avec l’appui de l’association des commerçants que préside Elio Paolini, le comité de quartier mobilise les habitants. Comme le rappelle l’un de ses douze membres actifs Luc Nihoul, les pétitions lancées en 2018 pour barrer la route au projet ont récolté plusieurs centaines de signatures. Près de 800 pour la dernière. Selon lui, la détermination n’a pas changé.
Pour mémoire, le projet est porté par l’immobilière Colim (l’immobilière du groupe Colruyt) et à son partenaire Thomas & Piron sur un terrain d’environ 4 hectares que la création d’une entrée rendrait accessible depuis la chaussée de Thuin. À terme, le terrain serait également desservi par un double accès dans les rues Point du Jour et Pont Marion.
Ce que craignent les riverains, c’est qu’un troisième refus du collège communal ouvre la voie à un recours devant le ministre wallon de l’Urbanisme, Willy Borsus. "Ici, personne ne veut de cet investissement", insiste Luc Nihoul. L’intéressé a recensé pas moins de 24 grandes surfaces dans un rayon de 8 kilomètres. Une offre commerciale déjà excédentaire, selon lui.
« Aberration commerciale et urbanistique »
Des dizaines de refus s’affichent aux fenêtres et sur des calicots déployés dans les jardins. Daniel Migliore et Jenny Gilson habitent dans la rue Point du Jour, près de l’endroit où le promoteur entend créer l’un des trois accès au terrain qui doit accueillir le point de vente de 1 800 m2, un parking de 144 places, 45 maisons unifamiliales et trois buildings résidentiels comprenant des surfaces commerciales au rez-de-chaussée, et des appartements aux étages. Dans la rue Pont Marion située à l’opposé, Colim a fait l’acquisition d’une villa d’architecte promise à la démolition, pour laisser place à une voirie.
Le comité ne veut pas de cette "aberration commerciale et urbanistique", qui risque d’impacter fortement la mobilité locale et de transit. "Nous ne sommes pas loin de Ham-sur-Heure et de Jamioulx, ni de Bomerée et Montigny-le-Tilleul. Aux heures de pointe, de longues files de voitures se forment déjà, la circulation s’écoule au pas. L’afflux de trafic viendrait complètement engorger le quartier", selon les riverains.
Ils mettent aussi en avant la présence d’une grande biodiversité, d’une zone humide avec un risque d’inondation et d’un déficit d’emplacements de stationnement dans les rues adjacentes.
Pour obtenir le permis, Colim doit aussi faire modifier l’autorisation de 2008 portant sur la construction de villas dans le périmètre. C’est le deuxième élément du dossier déposé. Logiquement, le collège communal ne devrait pas changer de position. Mais dans la foulée, les choses pourraient se compliquer.
Actions de protestation en vue
Branle-bas de combat à Mont-sur-Marchienne Haies: les riverains du quartier du Point du jour, de la chaussée de Thuin et de la rue Pont Marion se préparent à remonter au créneau. "Un travail de sensibilisation des élus a été mené, singulièrement auprès du MR, confie Luc Nihoul. Olivier Chastel, Denis Ducarme, Nicolas Tzanetatos ont promis d’éveiller le vice-premier wallon Willy Borsus à la situation. Nous avons également prévenu le secrétaire d’État PS à la Relance, Thomas Dermine, qui habite près de la place du Longtry. Le seul avec lequel nous n’avons jamais pu nouer de contact, c’est notre bourgmestre Paul Magnette !"
Pour éveiller un maximum de monde aux périls de ce projet immobilier, le comité de quartier va étudier la faisabilité d’actions de protestation comme une opération escargot, afin de ralentir voire de bloquer momentanément le trafic. Dans ce cadre, des piétons emprunteraient les uns après les autres les traversées de la chaussée de Thuin. "Nous appelons aussi les habitants à une réunion d’information le dimanche 6 novembre à 11 h 15, à l’église du Longtry. Après la messe, ce sera l’occasion de leur rappeler les enjeux de cette mobilisation."
Les riverains se défendent de vouloir empêcher tout projet. "Au contraire, selon Luc Nihoul. Nous examinons la faisabilité de projets alternatifs: création d’un parc, d’un jardin partagé, d’un potager collectif, d’un centre de formation en maraîchage, voire même d’une résidence services dans le prolongement de la villa d’architecte rachetée par Colim qui pourrait être transformée en guest house pour les équipes sanitaires et d’accompagnement des seniors…"
Le comité rapporte aussi la volonté de l’enseigne Colruyt de remplacer son supermarché de Marchienne centre par un magasin géographiquement plus attractif dans le quartier des Haies. "Ce qui, au bout du compte, n’apporterait aucun emploi nouveau, mais juste un déplacement de personnel…"