Paul Magnette: « Il est nécessaire d’augmenter les réserves de Charleroi en eau »
En attendant de fêter ses 10 ans de mayorat le trimestre prochain, le bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette, fait sa rentrée politique communale.
- Publié le 12-09-2022 à 19h23
- Mis à jour le 12-09-2022 à 19h24
À Charleroi, l’année 2023 sera celle de l’aboutissement d’une série de chantiers de grande ampleur. À commencer par la rénovation urbaine de la Ville Haute, couplée à celles du palais des expos, du palais des beaux-arts et à l’ouverture du centre universitaire Zénobe Gramme. À la Ville Basse, le réaménagement de l’esplanade de la gare du Sud et la mise en service de la nouvelle station de métro sont attendus pour dans un an. 2023 sera enfin l’année du dépôt des projets Feder pour la prochaine programmation européenne.
Paul Magnette, les crises se multiplient. Après le Covid-19, voici l’explosion des coûts de l’énergie et la hausse des prix des matériaux. Quel impact sur la feuille de route de votre majorité?
Nous avons fait l’exercice de relire notre programme stratégique transversal (PST) de la mandature à la lumière des crises traversées. Il apparaît que nous avons relativement bien anticipé ces défis. Rénovations énergétiques de bâtiments communaux pour rencontrer les objectifs climatiques, création d’un réseau de récupération de chaleur en centre-ville et projet d’extension vers la porte Ouest, plantation massive d’arbres pour faire baisser les températures ressenties…
Que pouvez-vous encore améliorer?
Les sécheresses de l’été m’ont éveillé à la nécessité d’augmenter nos réserves en eau. C’est une ressource précieuse et d’importants volumes sont requis pour affronter le réchauffement. Nous avons beau avoir un stock de 144000 m3à Ransart pour arroser nos arbres et nos espaces verts, il faut davantage de bassins d’orage, de mares agricoles et d’étangs sur le territoire. Il n’en existe aucun dans l’intra-ring: on pourrait par exemple imaginer d’aménager un plan d’eau dans le quartier de l’ancien hôpital civil et du stade du Sporting.
La hausse des prix des matériaux ne met-elle pas en péril une partie des projets?
On l’a intégrée dans nos estimations. Pour la création du parc Legoland sur le site de Caterpillar notamment. Cela dit, tenir nos budgets impose de continuer à chercher de nouvelles sources d’économies.
Quelle est la priorité essentielle pour le redressement de la ville?
Je pense que c’est celle de la formation. Nous nous mettons en capacité de relever le défi en boostant le secteur et en attirant de nouveaux opérateurs.
Ce n’est pas la sécurité?
Aussi, bien entendu. C’est une condition du bien-être et de l’attractivité carolo. Notre police fait un excellent travail, mais certaines problématiques dépassent l’échelle communale. À ce propos, je tiens à souligner la qualité de notre relation avec le parquet de Charleroi. Le principal souci, c’est la drogue. Nous sommes l’une des dernières grandes villes belges à ne pas disposer de salle de shoot. Nous portons le projet d’un dispositif mobile, un bus qui irait à la rencontre des usagers dans les lieux de consommation…
Oui à la marina de la Sambre
Sacrifier la future marina de la Sambre pour en investir le coût dans d’autres projets de redéploiement urbain? Pas question, pour Paul Magnette qui persiste et signe.
"Ce projet repris dans le plan infrastructures fluviales de la Wallonie est une extension de la rivière à l’instar de la darse de Marchienne et pas du tout un projet bling-bling comme d’aucuns s’efforcent de le faire croire", insiste le bourgmestre de Charleroi.
Le projet de marina se chiffre à 5 ou 6 millions d’euros. Selon le bourgmestre, sa mise en œuvre n’exige pas la démolition préalable de la Cité des finances.
Il y a néanmoins un gros bémol au projet: le chantier risque en effet de compliquer fortement la mobilité à cette entrée de la ville.
Un livre en octobre
La Vie large: c’est le titre du nouveau bouquin du bourgmestre de Charleroi et président du Parti socialiste, Paul Magnette. La sortie officielle est prévue le 13 octobre prochain.
Ce "manifeste écosocialiste" trace les lignes directrices du combat en faveur de la justice climatique. Il sera présenté dans le cadre d’un nouveau festival des idées, sinon des utopies, qui se tiendra au centre culturel l’Éden. Son nom: le festival Outre mondes.
Centré sur les enjeux de la transition climatique et sociale, la première édition de ce festival accueillera un autre auteur carolorégien, Daniel Tanuro.
Ingénieur agronome et environnementaliste, ce militant trotskiste a signé de nombreux articles et ouvrages sur l’anticapitalisme.
Candidat en 2024
Un an après l’annonce d’un départ anticipé du mayorat sous la prochaine mandature, Paul Magnette se montre plus circonspect. « Je ne veux pas faire le mandat de trop », affirme-t-il d’emblée. Mais si passer la main est une décision qu’il ne prendra pas seul, il veut organiser sa succession dans les meilleures conditions. On le sait: la première échevine, Julie Patte, est pressentie pour la fonction. « De gros projets vont aboutir dans les années à venir: 2024, 2025, 2026, 2027. Ils représentent plus d’un milliard d’investissements publics et privés. La Cité des métiers, le parc d’attractions Legoland, le quartier du futur de la Défense nationale, le hub technologique et digital de l’A6K/E6K, l’extension de la ligne de métro vers le nouveau Grand hôpital de Charleroi sur le site des Viviers à Gilly, le BHNS: j’ai envie de voir tout ça se concrétiser. »
Il confirme: la combinaison du mayorat et de la présidence du PS lui convient parfaitement. Il sera d’ailleurs candidat à sa succession à la tête du parti au printemps 2024, cela jusqu’en 2027. « Pour le mandat de bourgmestre, la question n’est pas tranchée. Nous verrons le temps venu. »