La technologie pour détecter les chutes
Détecter les chutes des personnes âgées en temps réel, c’est possible. MintT, une start-up carolo, le propose. La Wallonie l’a récompensée lundi.
Publié le 10-03-2021 à 06h00
Les chutes sont fréquentes chez les personnes âgées. Dans une maison de repos de taille moyenne, on en dénombre 400 par an. Heureusement sans trop de gravité dans deux tiers des cas. Pour les seniors qui ont la chance de rester chez eux, ces chutes peuvent aussi être la cause de leur entrée en maison de repos. Depuis 2019, au quai Paul Verlaine à Charleroi, mais aussi à Bruxelles, une start-up originaire du Brabant wallon s’est attaquée au problème: MintT. Elle a été récompensée, lundi, par Digital Wallonia, la stratégie numérique de la Wallonie (lire l’encadré).
Éric Krzeslo, le CEO de MintT, le reconnaît: le système de télévigilance a fait ses preuves. Il permet à une personne en détresse d'appeler un proche ou les secours en pressant un bouton placé sur un bracelet ou un collier. «Mais on l'enlève, et on oublie de le remettre…» MintT a voulu faire mieux, en tout cas en cas de chute: un capteur 3D placé dans une zone à risques qui décèle une chute ou une suspicion. Et, donc, qui permet une intervention rapide.
Intelligence artificielle
ISA, le nom du système, repose sur une technologie dont des membres fondateurs de MintT se sont fait une spécialité précédemment dans le domaine des jeux. «Le capteur "voit" la scène en trois dimensions, il l'analyse. Il ne s'agit pas d'images, comme avec une caméra: la vie privée est donc préservée, poursuit Éric Krzeslo. Le cœur d'ISA, c'est un algorithme d'analyse basé sur 100 000 heures de données récoltées. Qui, à l'aide de l'intelligence artificielle, permet de détecter les situations de chute.» Une connexion téléphonique fait le reste: un message vocal est envoyé au personnel soignant.
Fiabilité du dispositif? «100%, assure le patron de MintT. On ne rate aucune chute.» Les fausses alertes? «Une par mois par installation, soit 0,01%», répond-il, tout aussi affirmatif. Et si une concurrence est aussi active sur ce terrain, il estime que MintT a l'avantage d'une base scientifique et médicale solide, de même que la maîtrise technologique 3D. «De plus, notre positionnement est centré sur le personnel soignant et les aidants proches qui peuvent disposer d'un outil performant et très simple qui leur facilite la vie.» Y compris pour documenter les chutes, tâche administrative obligatoire et lourde, mais aussi précieuse pour orienter l'intervention des secours.
Le produit a été lancé sur le marché voici deux ans. Il a déjà convaincu plus de 200 fois dans les hôpitaux, les maisons de repos, les résidences-service. «Et ça s'accélère», confie le patron de la start-up qui emploie 12 personnes. Coût du dispositif? De 0,70 à 1,80€ par jour suivant les options. Raisonnable, «en regard avec l'enjeu humain – la qualité de vie – mais aussi économique des chutes. Car la rapidité de l'intervention conditionne le coût des interventions, mais le système permet dans certains cas de prévenir les chutes, en détectant l'agitation de la personne ou les sorties de lit.»
Le genre d’argument qui n’est pas anodin, ni pour les institutions de soins, ni pour les pouvoirs publics.