À Charleroi, le confinement isole encore plus les publics précaires
À Charleroi, le pôle de travail de rue s’est renforcé. Objectif: maintenir le contact avec des publics précaires éloignés et isolés par le confinement.
Publié le 04-05-2020 à 00h00
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Moins de présence en rue, moins d’argent liquide en circulation, des contrôles de police renforcés sur l’espace public: les conséquences du confinement n’ont pas épargné les personnes sans abri, et en particulier les consommateurs de drogue actifs. Ces derniers se sont d’une part retrouvés coupés de leurs canaux habituels de subsistance, d’autre part ont été éloignés des services d’aide sociosanitaire qui les accompagnent au jour le jour. Une situation qui a modifié le visage du travail de rue.
C'est sous la coordination du Relais social que cette réorganisation s'est opérée. «La priorité était de garder le contact dans une optique de réduction des risques sanitaires, explique Laurent Ciaccia, chargé de la communication pour le Relais social. Procéder à des échanges réguliers de seringues, c'est en effet prévenir la transmission de maladies chez les toxicomanes qui pratiquent des injections. Il nous est également revenu que les dealers avaient modifié la qualité de leurs produits, avec des risques accrus sur les usagers.»
Éviter dispersion et disparition
Le pôle de travail de rue a été renforcé, grâce à l’appui de volontaires issus d’associations ou services publics partenaires. Objectif: intensifier les zonages. Jusque-là, seuls les éducateurs de Carolo rue et de Solidarités nouvelles se rendaient dans les squats et les lieux de vie de SDF.
Ils bénéficient désormais de l'appui de collègues du Relais santé, de Sida IST Charleroi, du Comptoir, du CPAS, de l'ASBL Diapason… «L'effectif est ainsi passé à une quinzaine de travailleurs, contre dix dans la période de pré-Covid. Avec l'aide du Resto du cœur, ces équipes ont commencé la distribution de sandwiches garnis en rue» poursuit Laurent Ciaccia.
Héberger les toxicomanes
Ce dispositif a évité la dispersion et la disparition des usagers. «Certains ont commencé à revenir vers les services qui ont rouvert leurs portes, un phénomène qui va se poursuivre au fur et à mesure du déconfinement. D'autres enfin ont fait le choix de retourner en famille. L'étape suivante, ce doit être d'augmenter les capacités d'hébergement de publics consommateurs en adaptant l'encadrement. Un projet de ce type a vu le jour aux Pays-Bas, il doit nous inspirer.»
Dans le même souci de mieux coordonner l’action sociale urgente, le Relais social a contacté les particuliers et associations qui offrent des repas ou colis de nourriture aux précaires. La volonté est de booster l’efficacité de ces projets en améliorant leur complémentarité.