Une manifestation antifasciste violemment réprimée par la police
La police a fait usage de la force contre une centaine de militants antifascistes, aux portes d’un congrès d’extrême-droite.
Publié le 27-01-2020 à 07h53
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Des militants antifascistes venus s’opposer à la tenue d’un congrès d’extrême droite à Gilly: l’affaire aurait pu ne donner lieu qu’à quelques bousculades, voire des échanges verbaux musclés. L’incident a dégénéré.
Vers 14h samedi, la police a fait usage de la force, gazé, matraqué et arrosé à l'autopompe la centaine de manifestants présents. «Les policiers ont agi de manière totalement disproportionnée», selon Adeline Baudson, secrétaire régionale du MOC Charleroi-Thuin. «Nous avions formé une chaîne humaine pour entraver le passage des fascistes, nous étions pacifiques quand la police nous a entourés et chargés.»
Même son de cloche des organisateurs de la manif, Vincent Pestieau et Antonio Cocciolo de la FGTB, mais aussi du député fédéral PTB Roberto D’Amico, aux côtés de Thierry Baudson de l’interrégionale FGTB.
En tenue anti-émeute, «les policiers n'étaient pas confrontés à un groupe de casseurs», selon le secrétaire de Solidaris et ancien ministre PS Jean-Pascal Labille. «Il y avait des syndicalistes en vareuses rouges et vertes, des mandataires politiques, des militants, des personnes d'une soixantaine d'années et même quelques enfants. Rien de vraiment menaçant. Après une sommation, nous avons eu droit à l'arrosage de gaz puis aux matraques, un jeune a d'ailleurs été blessé.»
De fait. « Un de nos jeunes frappé au visage a reçu des points de suture» indique Fabrice Eeklaer, secrétaire fédéral de la CSC Charleroi Entre Sambre et Meuse. Une plainte sera déposée. «Nous sommes terriblement déçus que ça se soit produit ici à Charleroi, et en plus à l'initiative de policiers communaux», lance Vincent Pestieau, à la tête de la FGTB de Charleroi-Thuin. «Jamais nous n'avions connu une telle rage policière, même au plus fort de nos mobilisations où nous étions plus de 10.000 en rue.»
Des éclaircissements s'imposent. Ils sont exigés par plusieurs participants, pour qui la police a agi sans ouvrir de dialogue, avec une violence qui ne se justifiait pas. Pour le porte-parole de la police David Quinaux, «les consignes connues des participants à la manifestation ont été appliquées à la lettre. Tout avait été cadré dans les jours précédents avec le cabinet du bourgmestre, pour éviter un dérapage. Dans ce cadre, nos équipes ont adressé quatre avertissements avant de faire usage de la force, nous devions intervenir pour une bagarre qui venait d'éclater.»
David Quinaux fait état de la présence (sic) «d'un groupuscule d'antifascistes cagoulés et portant des gants de frappe, venus pour chercher l'incident et en découdre.» Du côté des manifestants, on s'en tient à «la lecture des images filmées par un collaborateur de la députée PS Latifa Gahouchi.»
Le bourgmestre Paul Magnette a demandé un rapport sur cet incident. Mais vu l’émotion provoquée, l’affaire devrait s’inviter dès ce lundi dans les débats du conseil communal de Charleroi.