EN IMAGES | Deux Kid, Noize et Toussaint, font la paire sous le masque du singe, sur les planches de BD

Un univers étendu

C'est ainsi que l'ex-moitié du groupe Joshua s'est concentrée sur l'aspect musical de son art, sous un masque devenu célèbre. «Je ne voulais pas créer un univers à la première personne, ça aurait été égocentrique. D'où la création de ce personnage, de son univers que la BD étend…» et de manière considérable, prolongeant et donnant un peu plus de sens aux sons et aux clips de l'homme-singe. Entre Nowera, sa planète, et Charleroi (une ville qui reste anonyme mais dont le décor est reconnaissable entre tous), Kid Noize serait donc livreur d'un nouveau genre.

Si certains transportent des pizzas, lui, ce sont des boîtes à rêves. Primordiales pour aider les enfants à trouver leur voie, au risque de se perdre. Et lorsque notre héros rencontre, de manière fracassante, un gamin au vélo (pas celui des Dardenne), tout va capoter. Et mettre au jour un univers rempli de personnages, de symboles et de magie. Avec, forcément, un grand méchant qui reste tapi dans l’ombre de ce premier tome.

Un premier album, qui semble en appeler beaucoup d'autres, et pour lequel le jeune Français Otocto a pris le crayon. Et le Namurois Kid Toussaint, baroudeur du Neuvième Art, la plume: «Des histoires avec plein de personnages, c'est mon péché mignon. Cet album est vraiment né dans une dynamique de partage, Kid Noize m'a invité dans sa bulle, m'a montré 10 000 photos. J'avais été en contact avec son univers. Je trouvais ses clips très intéressants pour entourer ce personnage qui n'était pas moins intrigant. Il y avait des références à Spielberg, l'esprit des années 80. Mais dans les clips, on ne parle que rarement, dans la musique aussi, il fallait donc aussi travailler sur les dialogues.»

« Entre le start et le final cut, j'étais ouvert à toutes les idées, embraye le musicien. Mon challenge n'était pas de devenir scénariste de bande dessinée mais d'adapter l'univers, de l'agrandir grâce à la BD. Pour cela, j'avais besoin de quelqu'un qui s'y connaisse. Kid Toussaint a mis de l'ordre dans mes idées. Il m'a permis d'éviter le piège. Ça peut vite devenir bateau, cliché, de parler du rêve…»

Jiminy Cricket aboie

… et d'un héros qui n'en est pas un, du moins dès le départ. Kid Noize possède une sorte de Jiminy Cricket, Ray, un chien qui ne manque jamais de remettre son maître à sa place. Une occasion en or pour Kid Toussaint: «Raymond, c'est une marionnette que Kid Noize souhaitait utiliser dans un clip. Ça ne s'est pas encore fait. On l'a utilisé pour donner du répondant, pour mettre le héros face à ses responsabilités, ses contradictions. »

Kid Noize renchérit: «C'est un antihéros. Cette dimension était importante. Il n'est pas possible d'être, d'emblée, un héros. On ne naît pas avec des super-pouvoirs, ce ne sont pas des dons du ciel. C'est un travail de tous les jours.»

Mais pourquoi un singe? Kid Noize explique: «Darwin! Un rappel direct de nos instincts primitifs. Là où un chien délimite son territoire, nous, nous faisons un crédit à trente ans. Nous avons réprimé l'instinct. C'est lui que je cherche dans ma musique, dans mon univers. Le singe, c'est un personnage qui nous ressemble et qui nous pose de vraies questions: d'où vient-on, où va-t-on, qui est-on?»

Une boum

Publié dans Spirou, Kid Noize a sans doute rajeuni son public. Le DJ a aussi organisé une boum pour enfants. «Je refuse toutes les autres dates, les anniversaires. Mais c'est important de faire un show rien que pour eux, sans grands devant les petits. Même si en l'état, le spectacle reste le même.» DJ tout public, Kid Noize s'offrira le (Spirou)Dôme, le 27 avril.

Webtoon et suite

Le 2e tome de la série, qui devrait rendre visite à Ibiza, arrivera très vite. Kid Toussaint y laissera sa place à Lapuss.’ En attendant, Kid Noize s’est également offert un webtoon, une BD numérique réalisée par Kid Toussaint, Lapuss’et le dessinateur Geoffo.

www.webtoonfactory.com

Il n'y a pas que les gorilles dans la vi (ll)e et le Namurois Kid Toussaint est habitué à varier les plaisirs. Après avoir tiré le Marsupilami par la queue, avoir visité le Bayou des meilleurs polars ou avoir revisité la mythologie grecque avec un Télémaque hyperkinétique, Kid Toussaint s'est intéressé à des éléphants! Au sens figuré plus qu'au sens propre.

«Dans cette série, avec la dessinatrice Virginie Augustin et le coloriste Hubert, nous allons à la rencontre du premier gang de femmes dans le Londres des années 20, à la sortie de la guerre, quand les femmes ont pris la place des hommes et que ceux-ci reviennent en entendant bien reprendre la vie comme avant. Adeptes de braquages et de vols, elles s'étaient donné le nom des Forty Elephants, en référence aux Quarante voleurs. C'est l'occasion d'aborder des thèmes comme les suffragettes, l'émancipation des femmes… » Le tout avec une bonne dose d'humour et de dynamisme. Du drame au polar en passant par le vaudeville, chaque album se concentrant sur le portrait d'une femme de cette sacrée bande. Trois tomes sont sortis. «On peut aller jusqu'à quarante, forcément», rigole le scénariste.

Aux éditions Grand Angle

Kid Toussaint a pris du poil de la bête et continue sur sa lancée. Pour les plus jeunes, il a écrit Animal Jack. «C'est parti d'une envie de la dessinatrice Miss Prickly. Elle voulait faire quelque chose de plus adulte. Pour le coup, on a fait l'inverse avec un héros attachant et… muet. Mais il n'a pas besoin de parler puisqu'il peut se transformer en tous les animaux qu'il veut. J'ai demandé à Miss Prickly quels animaux elle avait déjà dessinés… Tous ceux qui restaient, je les ai mis.»

Trois tomes sont prévus avec ce gamin aventurier du quotidien qui amène un côté documentaire et écologiste tout en ayant le meilleur des super-pouvoirs: en avoir plusieurs, chaque animal ayant ses talents.

T.1 chez Dupuis

T.1, 64p. chez Dupuis