Un médecin pour les arbres en milieu urbain
Murielle Eyletters s’est spécialisée dans le diagnostic phytosanitaire et la gestion du patrimoine arboré. Rencontre.
Publié le 19-01-2019 à 06h00
Protéger et gérer le patrimoine arboré: c’est le métier de Murielle Eyletters, créatrice d’Aliwen, une spin-off de l’ULB qu’elle a rachetée en 2012. Depuis l’enfance, elle a toujours été fascinée par la force de la nature, et sa capacité à se développer en milieu hostile. C’est ce qui l’amène à entamer des études scientifiques: ingénieure agronome, puis docteure en sciences agronomiques, elle a développé un modèle unique d’expertise et de diagnostic phytosanitaire des arbres en ville.
Mais le terme qui permet de cerner le mieux son activité, c’est celui de médecin des arbres: elle les examine comme un généraliste le fait avec ses patients, elle propose des solutions et des outils de gestion; tels qu’un inventaire complet avec identification, géolocalisation, numérotation, mesures dendrologiques mais aussi et surtout examen de stabilité et de vitalité pour établir une carte d’identité sanitaire.
Ville, source de stress
«En ville, les arbres sont soumis à des stress, explique-t-elle. Ils ne sont parfois vus que comme des éléments de décoration urbaine, de vulgaires accessoires». Mal entretenus, mutilés, blessés, l'experte les «répare». Ils n'ont aucun secret pour elle: âge qu'elle détermine en mesurant la circonférence de leur tronc, maladies qu'elle détecte à l'aide de ses instruments de mesure comme le fluorimètre -stéthoscope de l'agronome – ou du tomographe qui scanne l'intérieur du bois comme une radiographie, elle pose son diagnostic.
En cas de doute, le «médecin» peut procéder à des prélèvements envoyés à l'analyse. Pour identifier l'ADN des pathogènes, par exemple, Murielle Eyletters travaille avec des labos renommés. «J'interviens aussi bien pour l'arbre du particulier, dans un jardin, qu'à l'échelle de l'alignement d'un boulevard, d'un parc, d'un quartier voire d'une ville». On distingue des centaines de pathogènes: ainsi, le cameraria -minuscule papillon – s'attaque aux feuilles, l'armilaire au système racinaire qu'il peut anéantir. Il y a aussi le redoutable «pseudomonas syringae», qui décime les marronniers. Quand ils en sont atteints, leur espérance de maintien dépasse rarement 3 ans. Il faut les abattre pour des raisons de sécurité.
«Mais comme ma PME n'opère pas dans le domaine de l'entretien des espaces verts, j'agis en toute indépendance.» Consultante de plusieurs municipalités en France, elle a travaillé pratiquement partout en Belgique.