La longue lutte pour l’alphabétisation
Des stagiaires de Lire et écrire et de la Funoc se sont rassemblés, hier, face à la gare du Sud, à l’occasion de la Journée de l’alphabétisation.
Publié le 09-09-2014 à 06h00
:focal(507x333.5:517x323.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DWIQS22RMZGLPKMHESYHFMU2IM.jpg)
La rentrée a été bonne, très bonne même, dans les classes d'alphabétisation de la Funoc et de Lire et écrire. Il n'y a pourtant pas de raison de s'en réjouir: «A Charleroi, comme ailleurs dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, le public analphabète (NDLR: 10% de la population) croît et a de moins en moins accès aux formations», constate Joëlle Vangasse, directrice de la Funoc.
Ainsi, l’établissement de Formation pour l’université ouverte de Charleroi a enregistré 200 inscrits, une cinquantaine figurant sur une liste d’attente… Active sur l’ensemble de l’agglomération, l’ASBL Lire et écrire accueille, quant à elle, 120 personnes pour cette rentrée, et a aussi ouvert une liste d’attente.
Des chiffres qui trahissent bien les besoins. Le problème, expliquent les responsables des organismes de formation, c’est que les pouvoirs publics ont tendance à réduire les conditions d’éligibilité à ces formations et que les moyens vont décroissant.
Les organismes sont aussi soumis à une productivité telle que la tendance est d'écourter la formation. «Cela donne l'impression qu'une formation de 6 à 12 mois suffit, poursuit Joëlle Vangasse. Mais cela dépend beaucoup de la situation des gens, de quelques mois à 3 ou 4 ans. Et encore: un projet veut réduire les formations à 900 heures: On va se rendre chez la ministre Tillieu pour la sensibiliser à la question.»
Une éventuelle réduction d'autant plus malvenue que, pour les formateurs, l'alphabétisation ne se résume pas à une approche purement linguistique: «Elle répond à un souci d'éducation populaire et permanente, un moyen efficace d'insertion, précise Thierry Verhoeven, formateur en alphabétisation. En revanche, les moyens de contrôle vont être renforcés…»
Ceux qui sortent de leur formation ne sont pas au bout de leurs peines pour autant. Car de l’avis des organismes d’alphabétisation, les portes de sortie sont de plus en plus réduites. Ainsi, une institution de formation telle que la Mirec, à Charleroi, doit répondre à des critères décrétaux qui ne lui permettent pas d’accueillir de tels publics. Pas évident non plus dans le monde des entreprises d’activer une politique d’alphabétisation. Faut-il prévoir un taux d’occupation comme pour les personnes handicapées?
Hier matin, une centaine de stagiaires de Lire et écrire et de la Funoc ont pris le train pour Bruxelles où un rassemblement était prévu pour la Journée mondiale de l’alphabétisation. L’occasion de rappeler que le combat est loin d’être terminé.J