Paralysé après une querelle de voisinage
L’affaire aurait pu n’être qu’une querelle de voisinage, banale entre toutes, et en rester là après quelques injures sans doute, quelques coups, peut-être.
Publié le 26-03-2013 à 06h00
Ici, elle a eu des conséquences autrement dramatiques, en avril 2010 à Montignies-sur-Sambre.
Abdelila était en mauvais termes avec son voisin Fabrice, la trentaine, qui vivait à l’étage en dessous du sien. À l’origine, notamment, la caméra que Fabrice avait fait installer dans le hall d’entrée, et qui filmait les allées et venues, probablement pour des raisons de sécurité. Mais Abdelila, lui, y voyait autre chose, un peu comme une intrusion dans sa vie, une forme d’espionnage, sinon de voyeurisme.
Ce jour d’avril, les choses ont dégénéré et la caméra, qui a filmé une partie de la scène, a pu en attester puisque le tribunal en a visionné les images pendant son audience d’hier. On y voit les deux voisins se prendre le bec, des mouvements de mauvaise humeur, puis Abdelila qui prend l’escalier pour remonter chez lui, non sans avoir fait pivoter la caméra. Pendant quelques instants, elle ne filme plus que le mur, puis, remise en place, elle filme à nouveau, mais le désordre est évident, la caméra est mal orientée.
Arme
À l’audience, on rectifie, et on voit plus clairement Abdelila qui poursuit son voisin, qui frappe à la porte, l’empoignade qui s’ensuit, puis Fabrice qui s’écroule, frappé dans le dos.
C’est qu’entre-temps, Abdelila, en passant chez lui, y a pris une arme, un pied de table destiné, dit-il à riposter parce que Fabrice l’a menacé et qu’il a même reçu un coup d’un bout de mobylette.
Tout cela, Abdelila l’a expliqué à l’audience d’hier. Longuement, nerveusement, pendant que Fabrice, lui, restait muet. Sans un geste. Inerte. C’est qu’après l’agression, Fabrice a été victime d’une hémorragie cérébrale, qui a occasionné une paralysie. Aujourd’hui, Fabrice est hémiplégique et les seuls mouvements qui lui sont permis, c’est de faire avancer ou reculer son fauteuil roulant.
Voilà. L’affaire aurait pu n’être qu’une querelle de voisinage, banale entre toutes. Abdelila est poursuivi pour coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité permanente. Fabrice est cloué dans son fauteuil.
Prochaine audience le 19février 2014, pour réquisitoire et plaidoiries.
P. MK.