Un budget technique pour patienter
Pour éviter le carcan des douzièmes provisoires, la majorité a concocté un budget «technique» en attendant le politique. L’opposition l’a rejeté.
Publié le 15-01-2013 à 07h00
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La majorité PS-MR-cdH a adopté, hier soir, son budget 2013. Un budget transitoire, purement technique cependant. Donc sans réelle visée politique, si ce n’est le respect des engagements qu’impose le plan de gestion auquel est soumise la Ville afin de retrouver l’équilibre en 2015. Les véritables arbitrages politiques, ce sera pour le printemps, a promis la bourgmestre faisant fonction, Françoise Daspremont.
En attendant Magnette
Mais pourquoi, donc, adopter un tel budget qui laisse plus d’un conseiller sur sa faim? Les élections communales sont un premier élément d’explication. En principe, le budget doit être adopté en septembre de l’année précédant l’exercice. Alors que le scrutin avait lieu en octobre, il n’était pas concevable d’engager ainsi la future majorité qui, de plus, n’a été installée qu’en décembre. Et comme le futur bougmestre de Charleroi, Paul Magnette, toujours ministre fédéral, a dû différer son arrivée à la tête de la métropole, le temps de boucler la réforme du groupe SNCB, cela n’a pas arrangé les choses.
D’autre part, lors de la précédente législature, la tripartite avait recour aux «douzièmes provisoires», ce qui la handicapait lourdement dans la mise en œuvre de sa politique.
Aussi, cette fois, la nouvelle tripartite a-t-elle confié au directeur du budget, Éric Rudolfo, et au secrétaire communal, Olivier Jusniaux, de concocter un budget purement administratitf, qui lui permet de fonctionner normalement tout en n’engageant pas politiquement la majorité qui sera très bientôt emmenée par Paul Magnette. Sans mesure structurelle, donc.
Pour cela, les fonctionnaires se sont basés sur le taux d’exécution du compte 2011 et, pour les recettes, sur les derniers éléments d’information en leur possession. À l’extraordinaire, les inscriptions se sont limitées surtout aux projets annulés et réinscrits en 2013 et aux projets subsidiés. À l’arrivée, le budget ordinaire se solde par un mali de 4,3 millions€, en deçà du déficit accepté par le plan de gestion. A l’extraordinaire, 24 millions€ ont été inscrits, pour 120 millions€ qui seront en principe prévus. Le tout avec l’approbation de la tutelle.
« Un budget Canada Dry »
Écolo n'a pas apprécié que le collège communal ne soit pas intervenu du tout dans ce budget, fût-il transitoire. Ce qui, dit Luc Parmentier, traduit un manque de «passage de témoins entre le collège sortant et le collège entrant». D'autant, pointe-t-il, que des mesures décidées en février 2012 ne sont toujours pas mises en œuvre. Pour Écolo, il s'agit d'un «budget Canada Dry, on dirait un budget mais ce n'est pas un budget». Et la correction politique promise ne convainc pas les Verts pour qui ce budget déforce déjà des politiques importantes pour les Carolos, par exemple en matière de frais de fonctionnement, d'entretien des bâtiments ou dans le domaine culturel.
Pour le PTB +, Sofie Merckx n’était, elle non plus, pas convaincue par ce budget transitoire et a fustigé la réduction de services aux citoyens dont la contribution financière s’accroît, qui plus est dans un contexte de crise.
Les chefs de groupe, Gérard Monseux (PS), Olivier Chastel (MR) et Mohamed Fekrioui (cdH) ont évidemment défendu, tous les trois, le budget provisoire. Les deux derniers insistant pour que la modification budgétaire, avec son poids politique, soit adoptée rapidement.