Buvrinnes: avec l’école Sorène, Sophie ne veut plus «offenser» le rythme des enfants
Une nouvelle école ouvre ses portes à la rentrée dans la commune de Binche. On la doit à Sophie Vandersteen, jeune prof qui rêve d’une pédagogie sans sanction et à l’écoute des enfants.
Publié le 06-08-2019 à 19h35
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Le 2 septembre sera un jour particulier pour Sophie Vandersteen. Deux de ses enfants effectueront leur première rentrée des classes. Mais pas n’importe laquelle: Sorène, l’école qu’elle termine de créer.
Son maître mot sera la bienveillance et son projet pédagogique s'inspire de Maria Montessori, guide de ceux qui rêvent d'un autre système scolaire, qui a inspiré la pédagogie de projet.
«C'est partir d'un thème à partir duquel on explore toutes les matières: maths, français, sciences, éveil», explique Sophie Vandersteen. Imaginons que le projet scolaire soit la construction d'un poulailler.
«Les enfants iront sur le terrain avec le professeur (éveil), ils devront prendre des mesures et calculer le périmètre idéal (maths), puis ils écriront ce qu'ils ont fait dans la journée (français)…Tout est lié» Fini le cloisonnement des matières.
Et des âges. A Sorène, il y aura deux classes: les petits (3 à 6 ans) et les grands (6 à 12 ans). Dans chacune, un professeur s’adaptera au rythme d’apprentissage de chacun.
Conflit existentiel
Ce projet se développe depuis des années dans la tête de la jeune Nivelloise d'origine. «Je l'imaginais dès le début de mes secondaires, lorsque je sentais que je perdais mon temps», explique-t-elle.
Le système scolaire classique, elle le connaît bien puisqu'elle enseigne les mathématiques depuis neuf ans, dans le secondaire inférieur. Mais quelque chose ne colle pas: «j'ai toujours été en conflit intérieur entre ce que l'école impose et mes convictions intérieures.»
Et ses convictions, c’est qu’il faut respecter le rythme d’apprentissage de l’enfant, surfer sur ses envies, éveiller sa curiosité, l’initier aux arts, faire fi de l’autorité au profit du dialogue… Chez elle à Anderlues, elle remodèle l’enseignement sous l’oreille attentive de son compagnon qui la verrait bien créer son école.
Une école pour ses enfants
Et puis naissent ses enfants. «Devenir maman a agi comme un déclic. J'étais face à leur propre rythme, leurs premiers mots, leurs premiers pas… On respecte leur rythme, puis on leur fait une offense quand ils vont à l'école et où on casse ce rythme. Là, il faut savoir lire, compter, au même moment.»
Marche ou crève en somme. Mais pour Sophie, l'évidence est que «tout doit se passer quand ils sont prêts.» Et elle ne veut pas faire subir à ses enfants un système qu'elle considère comme contre-nature, sanctionné par une évaluation chiffrée «à bannir. La lecture, le calcul… ça finit par venir, même si c'est à reculons par rapport à un autre enfant. Il faut casser ces normes qui n'ont plus lieu d'être.»
Et comme le milieu scolaire ne changera pas demain, voire jamais, Sophie décide de s'asseoir et de matérialiser son école idéalisée. «Dès que j'ai commencé à écrire mon projet, tout s'est parfaitement emboîté.» Elle trouve un enseignant qui partage sa vision de la pédagogie pour prendre en charge les cours.
Puis, à quatre kilomètres de son domicile, à Buvrinnes, un couple lui propose une maison à louer dans un milieu verdoyant.
«Il y a l'enseignement, mais le cadre également. Plus il est enrichissant, mieux c'est.» Chaque mercredi matin, les enfants seront en excursion à Jamioulx, dans une ferme pédagogique pour goûter un peu plus à la nature.
École écologique
« Je m’intéresse beaucoup à l’écologie et je suis convaincue que c’est avec les générations futures qu’on arrivera à sauver la planète. Du coup, être un maximum dehors avec les enfants permet de les rapprocher de la nature et de les conscientiser sur son respect.»

Le mot d'ordre sera d'être un maximum dehors, dans le grand jardin attenant à la future école ou dans le bois voisin. La liste des fournitures est éloquente: bottes et k-way sont requis, plus que les crayons, ciseaux ou lattes, qui seront fournis par l'école. Du matériel de seconde main: «la récupération est une autre manière de sensibiliser sur l'écologie. Tout sera fait pour que l'achat soit le dernier recours.»
Une petite économie bienvenue. Car s’affranchir du système scolaire classique a un coût: 3 500€ à charge des parents. Sorène est une école privée, non reconnue par un pouvoir organisateur et non subsidiée. Mais qui a ses charges et ses salaires à payer.
Malgré l’obstacle financier, la demande est là: la section des 6-12 ans est complète, alors que Sorène a encore tout à prouver. La preuve que certains aspirent à une nouvelle forme d’enseignement…
Infos: sorene-ecolealternative.be