Santé: dans le Borinage et le Centre, on ne fait toujours pas de vieux os
L'Observatoire de la Santé du Hainaut vient de publier son nouveau Tableau de bord de la santé. Constat: les inégalités sociales et territoriales se creusent. Tout comme l'espérance de vie entre communes pauvres et le reste du pays. L'axe Borinage-Charleroi est particulièrement mal loti.
Publié le 26-04-2017 à 19h08
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SSPPQ6GGZRFWLCCK6AZEYVMBYQ.jpg)
Naissez et vivez à Dour et vous dépasserez à peine les 70 ans, si vous êtes un homme. Naissez et vivez 30 kilomètres plus loin,à Jurbise, et vous tutoierez les 80 ans. C'est un des enseignements que nous fournit le nouveau Tableau de bord de la santé dans le Hainaut, que l'Observatoire de la Santé de la Province du Hainaut vient de dévoiler.
Ce qu'il ressort de cette énorme travail de plus de 200 pages? Que les inégalités sociales et territoriales vont croissant. Si l'espérance de vie continue de s'accroître depuis 20 ans, l'écart ne cesse de se creuser entre le Hainaut et le reste du pays. Mais tous les Hennuyers ne sont pas logés à la même enseigne, loin de là. Les auteurs de l'étude mettent clairement en corrélationla situation socio-économique avec l'espérance de vie.
Plus on est pauvre, plus on meurt vite
Là où le revenu médian est à un niveau plancher, l'espérance de vie est la plus basse."Les communes mieux nanties des périphéries urbaines connaissent généralement une mortalité plus faible que celles aux revenus moindres de l'ancien axe industriel et urbain s'étendant du Borinage à Charleroi", énonce l'étude.
En 2012, dans la majorité des communes du Borinage et de la Région du Centre, le revenu médian étaitde 18 849 euros et de17 305 euros pour quatre communes boraines, à savoir Dour, Boussu, Colfontaine et Quaregnon.
Dans trois de ces quatre communes, l'espérance de vie ne dépasse pas75 ans. C'est à Dour et Quévrain que les chiffres sont les plus mauvais:l'espérance de vie masculine n'est que de 71,4 ans pour les hommes nés entre2010 et2014. Elle est de à 74,3 ans à Boussu, Colfontaine et Frameries. C'est légèrement mieux à Mons et Quaregnon où le chiffre atteint 75,5 ans.
Dans la région du Centre, c'est moins pire dans l'absolu, même si les chiffres ne sont pas bons pour autant:Anderlues et Morlanwelz sont les deux communes à l'espérance de vie la plus basse (74,3 ans), tandis qu'un Binchois vivraen moyenne autant qu'un Montois. C'est légèrement mieux à La Louvière, où l'espérance de vie atteint 76,4 ans. A Merbes-le-Château par contre, on est à la plus basse moyenne boraine.
Par contre à Jurbise, où le revenu médian était de 24 625 euros en 2012, l'espérance de vie d'un homme né entre 2010 et 2014 est de 78,1 ans."L'effet des inégalités sociales se marque très tôt et continue d'hypothéquer la santé des populations défavorisées tout au long de leur vie. Ces populations coexistent dans un environnement matériel et dans un contexte financier et socioculturel qui rendent plus difficile l'adoption de comportements favorables à la santé", note l'Observatoire de la Santé.
Une situation qui se dégrade
Pour les femmes, le lien entre l'espérance de vie à la naissance et le revenu médian est également significatif, même s'il est moins marqué. L'Observatoire de la santé émet l'hypothèse suivante: vivre dans une commune hennuyère au revenu 1000 euros plus élevé qu'une autre augmente l'espérance de vie de 5,7 mois pour un homme et de 3 mois pour une femme.
Globalement, la situation ne va pas en s'améliorant dans la province. Selon les auteurs de l'étude, la mortalité prématurée (avant 65 ans) est 11% plus élevée dans le Hainaut qu'en Wallonie et 38% plus élevée qu'en Belgique. A 65 ans, l'homme hennuyer a une espérance de vie 16 mois inférieure à la moyenne belge. Pour la femme hennuyère, c'est12 mois. Et la situation empire: il y a 15 ans, l'écart était de 14 mois pour l'homme et de 10 mois pour la femme...