Mort de Ciena dans une crèche de Charleroi : deux ans de prison requis contre trois puéricultrices
Pour le parquet, la qualification initiale des faits doit être maintenue. Une peine de 2 ans de prison est requise contre les trois puéricultrices.
Publié le 18-05-2023 à 10h26 - Mis à jour le 19-05-2023 à 14h15
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Le 9 mai 2016, Enio et Larissa pensaient revoir leur petite Ciena en fin de journée après un passage à la crèche Dourlet. Hélas pour les jeunes parents, la petite fille âgée seulement de 3 mois est décédée au sein de la crèche. La plus jeune enfant présente au sein de l’établissement, qui effectuait son neuvième jour, ne semble pas avoir eu l’attention toute particulière que devrait obtenir un nouvel arrivant aussi jeune et fragile (Ciena était victime de problème de régurgitation) dans une crèche.
Les parents endeuillés ont rapidement émis des soupçons sur un possible manque d’attention de la part de certains membres du personnel pour expliquer la mort subite du bébé.
Qui a couché Ciena sur le ventre ?
Plus de six ans après ce drame, trois puéricultrices sont poursuivies pour non-assistance à personne en danger. Le 11 janvier dernier, à l’issue de l’instruction d’audience, Sandrine, Lintia et Delphine se sont contredites, ont fait preuve d’une forme de mémoire sélective ou d’un soudain changement de version par rapport aux déclarations fournies à la police. Les contradictions et déclarations fournies par les ex-puéricultrices étaient telles que le tribunal a sollicité le report du dossier pour laisser place à une possible requalification des faits en délaissement d’enfant mineur, privation de soins et homicide involontaire.
Les trois femmes étaient revenues sur le déroulement du neuvième et dernier jour de présence de l’enfant au sein de la crèche Dourlet. À 10h45, la petite Ciena a bu un biberon, n’excédant pas 80 ml alors qu’elle était censée boire 180 ml toutes les trois, quatre heures. À 13h, après des pleurs, la petite s’est endormie allongée sur le ventre pour ne plus jamais ouvrir les yeux, jusqu’à l’appel aux secours peu avant 16h.
Sandrine, considérée comme la puéricultrice la plus expérimentée des trois et donc “la supérieure”, niait être celle qui a posé Ciena sur son ventre dans son lit. Pourtant, Lintia et Delphine l’accablaient, affirmant même que Sandrine a ironiquement dit que c’était elle “pour que la petite dorme plus facilement”, contre les recommandations rejetant cette pratique. Pendant cinq heures, Ciena ne semble pas avoir été étroitement surveillée comme cela devait être le cas. La petite est restée sans boire et sans être réveillée pour manger alors qu’il faisait particulièrement chaud le 9 mai 2016. Le tout, avec un drap posé sur le dessus du lit “pour créer une certaine forme de pénombre”, comme l’avait reconnu Lintia dans son audition. Quand le tribunal correctionnel pose la question de savoir qui a posé la petite sur le ventre, aucune des prévenues ne bronche…
”Ciena doit obtenir justice”
Pour la substitute Broucke au ministère public, la culpabilité des trois prévenues ne fait aucun doute. Sandrine, Lintia et Delphine ont vu Ciena couchée sur le ventre ou entendu dire qu’elle était dans cette position. Elles ont aussi entendu un ronflement, ce qui est un facteur alarmant. Mais aucune des trois n’a agi, estime le parquet. “Elles ont failli et n’ont pas été à la hauteur de leur mission.” Concernant une possible requalification des faits, la position du ministère public ne change pas. “Pourquoi a-t-on mis de côté l’homicide involontaire ? Pour retenir cela, il faut une faute, le dommage qui est le décès et un lien de causalité ? Peut-on dire avec certitude que si les trois puéricultrices étaient intervenues, Ciena serait toujours en vie ? Un doute subsiste. La prévention de non-assistance à personne en danger me semble être la qualification qui ne cause aucun doute”, tranche la substitute Broucke. Étant donné l’attitude “inacceptable” des prévenues face à la justice, le parquet requiert le maximum de la peine possible pour la non-assistance à personne en danger : 2 ans. Un sursis peut tout de même être octroyé aux trois femmes, qui ne présentent aucun antécédent judiciaire. “Ciena doit obtenir justice”, lance la magistrate en guise de conclusion.
Du côté des avocats à la défense, tous se rejoignent sur un point. Ciena est décédée d’une mort subite, une mort accidentelle. Aucune des prévenues n’est dès lors responsable du décès de l’enfant. Un acquittement est donc plaidé. Jugement le 28 juin.