Expo à Charleroi: art et labeur au Centre d’action laïque
Le Centre d’action laïque abrite l’expo « Labor » jusqu’au 2 juillet. Les œuvres ouvrent la réflexion autour du travail.
Publié le 10-06-2022 à 16h16 - Mis à jour le 10-06-2022 à 16h17
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L’installation en façade de la Maison de la Laïcité, rue de France, ne peut pas passer inaperçue: un ensemble de bouts d’échafaudage encadre une hélice, qui évoque à la fois l’éolienne et le moulin à vent. Le titre de l’œuvre, signée Willem Boel, lève un petit coin du voile: "Sancho Don’t Care" (Sancho s’en fiche). "C’est une œuvre inédite, que l’artiste a créée pour cette exposition" , entame Hervé Charles, co-curateur de Labor et créateur de la plateforme OpenArt. Today, qui accompagne les lieux publics et privés dans la mise en place de projets artistiques. "Les échafaudages recyclés, alors que Charleroi est toujours en travaux, le clin d’œil nous a plu. Le moulin, lui, peut tourner avec le vent mais il n’est raccordé à rien, on ressent aussi d’emblée la futilité du travail" .
Au-delà du premier ressenti propre à chaque geste de création contemporaine, les thématiques abordées à travers les œuvres sont multiples: obsolescence programmée des outils technologiques, automatisation et robotisation des processus, estompement des limites entre vie personnelle et espace professionnel, permanence des statuts de servitude, leçons, ou non, de ces deux années de pandémie et de lockdown. "Comme toujours, notre démarche première est réflexive , explique Philippe Luckx, directeur du CAL. Nous voulons proposer du contenu pour amener les citoyens à déconstruire les idées préconçues. Et après la période que nous avons vécue, réfléchir au travail et au rapport que l’être humain y entretient, ça semblait s’imposer. Nous avons pris le pari de l’art plastique contemporain pour susciter ces réflexions" .
Haches sculptées dans du bois
Dans la grande salle d’expo, à l’étage, les visiteurs pourront donc se confronter à des pièces conçues par une quinzaine d’artistes belges et internationaux dont quelques grands noms tels que Tyler Coburn, Andreas Gursky ou Jacques Lizène. Mais aussi le local de l’étape Lucien Stoppele ou le jeune Romain Zacchi, Français adopté par Bruxelles, qui récupère des matériaux abandonnés et y sculpte des outils-totems: "J’aime le dialogue entre l’objet et la matière, comme ces haches sculptées dans du bois; j’y vois aussi l’évocation des outils préhistoriques. Pour cette clé taillée dans une pierre bleue, c’est une pierre ramassée sur les lieux d’un accident de voiture à l’avenue Louise. J’adore explorer les villes seul, sac à dos et lampe de poche, pousser les portes, soulever les plaques d’égout, découvrir l’envers du décor" .
Emmanuelle Indekeu, co-curatrice de l’exposition, conclut: "Il y a évidemment une narration possible autour des œuvres exposées, c’est aussi pour cela que nous avons mélangé les médias, peintures, sculptures, photos, vidéos. Avec l’espoir avoué de toucher toutes les générations" . L’exposition LABOR est entièrement gratuite et libre d’accès, aux heures d’ouverture du CAL, au 31 de la rue de France.