Charleroi: le premier vin du Martinet va être mis en bouteille
Aux confins de Monceau et Roux, le vignoble didactique du Martinet a soufflé ses trois bougies. Premières bouteilles attendues pour l’été 2023.
Publié le 10-06-2022 à 19h53 - Mis à jour le 10-06-2022 à 19h55
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C’est l’un des rares vignobles dignes de ce nom dans la région carolo et le seul répertorié sur le territoire de Charleroi.À Monceau-sur-Sambre, trois passionnés ont implanté un petit vignoble, qu’ils veulent didactique (lire l’encadré), sur le site de l’ancien charbonnage du Martinet. Les pieds de vigne ont été plantés en avril 2019.Trois ans plus tard, ils se portent à merveille, formant un charmant vignoble de 400 pieds parfaitement entretenu, au cœur d’un havre de biodiversité qui ne cesse de gagner du terrain. Avec, cet automne, la perspective d’une première vendange qu’on a su attendre…
"Depuis la plantation, on s’est fait pénitence , sourit Michel Fivez, qui, avec Henri Larsille et Patrice Gobbens, a donné vie au projet. C’est-à-dire qu’on a sacrifié les grappes naissantes pendant deux ans pour fortifier les pieds. On ne voulait pas “faire pisser la vigne”, comme on dit, c’est-à-dire vouloir en tirer le maximum au détriment de la qualité. Mais cette année, en septembre ou octobre, on devrait vendanger."
La saison a débuté sous les meilleurs auspices "La vigne se porte très très bien , poursuit Michel Fivez. On est en pleine floraison, il n’y a eu aucun dégât lié aux intempéries, et aucune maladie ne se pointe.On a juste pulvérisé préventivement, très légèrement, à la bouillie bordelaise, comme c’est autorisé en bio." La suite, la nature en décidera.L’an passé, le mildiou n’aurait pas permis de récolter la moindre grappe…
Si tout se passe bien, les 150 pieds de souvignier gris, autant de muscaris et les 100 pieds de johanniter – sélectionnés pour leur résistance aux maladies avec des porte-greffe adaptés au terrain – devraient produire le jus pour remplir 400 bouteilles à l’été 2023.
"Ce sera un vin blanc tranquille, donc avec une certaine acidité , confie Michel Fivez. On vendangera les trois cépages séparément, et on les vinifiera aussi séparément. On décidera de les assembler – ou d’en faire des vins monocépages – par la suite, après consultation de la dizaine de bénévoles de l’ASBL Vins et gourmandises de Wallonie qui gère le vignoble.Peut-être aussi recourrons-nous à un œnologue."
Pour cultiver la vigne, comme pour vinifier son fruit, l’ASBL travaille en autodidacte, sur base de l’expérience de ses membres, mais aussi grâce aux conseils extérieurs, en particulier le vignoble de Villers-la-Ville, l’Association des vignerons wallons ou le Carah, à Ath. Les néovignerons ne se lanceront pas pour autant dans l’inconnu, une fois l’heure des vendanges venue: "En 2020 et 2021, on a acheté du raisin des mêmes cépages à un vigneron de Huy pour faire des essais de vinification. Avec succès: le vin a été bien coté par la Commission d’agrément des vins wallons."
Cerise sur un gâteau prometteur, le vin verra le jour en un lieu traditionnellement adéquat… "Faute de place dans les bâtiments de l’ancien charbonnage du Martinet, notre chai se trouvera dans les caves du château de Monceau, précisément dans sa partie la plus ancienne qui date du XIIIe siècle."
« Toute personne est la bienvenue »
Le vignoble du Martinet est né de la passion de trois hommes pour la vigne et le vin. « Henri Larsille, Patrice Gobbens et moi-même rêvions de planter un petit vignoble , explique Michel Fivez. Mais il fallait trouver un terrain. C’est Paul Magnette qui nous a proposé une partie du site du Martinet. » Pas le terrain parfait (le sol est argilo-limoneux), mais après les amendements naturels préconisés par la fac agronomique de Gembloux, il fera l’affaire. Les gestionnaires le voudront didactique: toute personne intéressée par la culture de la vigne et la vinification est la bienvenue. D’autant que le travail ne manque pas sur le vignoble… « Chaque samedi, nous sommes une dizaine à y travailler. »
L’association a pris la forme d’une ASBL: Vins et gourmandises de Wallonie, notamment pour un accès plus aisé aux subsides. Pas forcément suffisants… C’est pourquoi l’ASBL a répondu à un appel à projets de l’échevine de la Participation citoyenne, Julie Patte, pour tenter de décrocher les 5000 € nécessaires à l’achat d’un tracteur pour tondre les 20 ares de prairie du site. Tout dépendra des votes des citoyens avant le 16 juin, sur le site charleroi.monopinion.belgium.be