Charleroi: gros plan sur le "dernier truand"
C’est l’un des polars carolos de l’été : très noir, « Le dernier truand » vient de sortir aux éditions Kennes sous la plume de l’auteur Ben Choquet.
- Publié le 07-06-2022 à 06h00
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Il écrit comme on filme, Ben Choquet. Sa narration enchaîne les plans en travelling et les scènes haletantes caméra à l’épaule, page par page – entre Hitchcock et les frères Dardenne. Après Vengeance et Mat , l’auteur vient de signer Le dernier truand aux éditions Kennes, un thriller particulièrement sombre qui plonge le lecteur dans l’ambiance lourde et anxiogène de la fin des années nonante sur fond d’affaires de pédophilie. "Lors de l’arrestation de Dutroux, j’avais entendu dire que s’il devait être libéré un jour, des gens iraient l’attendre à sa sortie de prison" , confie Ben Choquet qui était, à l’époque, un enfant. C’est ce qui lui a inspiré la trame de ce roman. "Un polar à la française" , aime-t-il à souligner, même si la littérature américaine a donné le jour à des thrillers d’une noirceur absolue, comme Le diable tout le temps de Donald Ray Pollock.
Si vous vous sentez à l’aise avec ça, embarquez dans cette aventure qui met en scène deux personnages finement travaillés: une femme, Claire, commissaire de police et écorchée vive, qui vient d’être maman. Elle enquête sur un tueur de pédophiles. Et Tuco, un flic auquel la vie n’a pas fait de cadeaux et qui pète littéralement un câble. Le prénom n’a pas été choisi par hasard: Tuco fait en effet référence à l’un des membres du trio du western spaghetti Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone, le personnage incarné par Eli Wallach. Et comme Ben Choquet le revendique, "On n’est jamais ni totalement bon, ni totalement brute ou truand, mais toujours un peu des trois."
L’auteur assume: son récit est nourri par le vécu personnel. "J’ai moi-même perdu un enfant et je m’efforce d’évoquer la douleur que ça représente pour un parent." Enfin, tous les lieux qui jalonnent le livre sont réels. L’intrigue se passe d’ailleurs toujours partiellement à Charleroi. "La pédophilie n’épargne aucun milieu, elle n’a pas de nationalité et elle a mille visages. Elle s’invite avec horreur dans l’actualité, interroge régulièrement le code pénal notamment sur la question des peines incompressibles, nous envoie à nos angoisses et nos questionnements intimes."
C’est un peu tout cela le dernier truand, l’un des polars carolos de cet été – à ne pas mettre entre toutes les mains. Et qui devrait être suivi d’un troisième et dernier opus toujours avec Claire et Tuco…