Nouveau conflit Horeca – voisinage : l’"Amère à boire" d’Uccle “épuisée par une guerre de plusieurs années”
De part et d’autre des rails de la gare d’Uccle-Calevoet un conflit de voisinage entre L’Amère à Boire et un couple de riverains s’enlise. “On n’a pas joué au con, on a tout fait pour améliorer les choses mais on est bloqué à cause d’un riverain.”
Publié le 21-02-2023 à 14h35
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La terrasse de l’Amère à boire d’Uccle est aujourd’hui fermée, à quelques mois des beaux jours. Suite à une plainte d’un couple de riverains, Bruxelles Environnement a réalisé plusieurs mesures acoustiques relevant quatre excès sonores de la part du bar implanté depuis cinq ans dans le quartier de la gare Uccle-Calevoet. Les voisins contestent également l’occupation d’une partie de la terrasse et vont jusqu’à demander 15.000 euros de dommages-intérêts au bar pour réparer “le préjudice subi.”
Jellil, l’un des associés de l’Amère à Boire qui compte deux autres débits de boissons à Bruxelles, le reconnaît : “il y a des moments où ça a dépassé. Mais dans les relevés en infraction, il y a deux soirs de match de coupe d’Europe. Nous ne passons jamais de musique sur la terrasse, c’est simplement le bruit de la vie. On a apporté beaucoup à ce quartier, du contrôle social, parce qu’il n’y avait rien avant. On a dû jouer des coudes pour arriver là et maintenant on est menacé pour un voisin.”
Plus de terrasse depuis octobre
Depuis le 25 octobre, le bar a donc dû fermer sa terrasse, qui représente plus de 50% de ses places disponibles. Pour la rouvrir, la seule solution reste de construire une véranda isolée phoniquement. “Ça coûterait entre 100.000 et 150.000 euros et prendrait plusieurs centaines de jours rien que pour le permis. On sort à peine du covid. Nous n’avons pas cet argent.” Et la fermeture de la terrasse ne va pas les aider à renflouer les caisses.
Alors, la commune a fait un geste en autorisant l’occupation d’une partie du trottoir côté Calevoet. Les gérants ont aussi rencontré l’échevin en charge de l’Urbanisme Jonathan Biermann (MR) et l’échevine en charge du Commerce Valentine Delwart (MR). Uccle nous assure qu’elle accompagnera le commerce dans ses démarches pour un permis comme elle accompagnerait tout autre commerçant. ”Nous essayons de trouver une solution pour que la terrasse rouvre sans nuisances.”
Jellil lui, est “épuisé par une guerre de plusieurs années. À ma connaissance personne d’autre ne se plaint. Nous avons lancé une pétition qui récolte aujourd’hui 1.500 signatures de soutien.” L’associé compte aussi sur une aide financière de la Région pour la mise aux normes acoustiques de sa terrasse. Mais “même si on l’obtient, on va devoir prendre un emprunt sur 7 ou 8 ans de 50.000 euros alors que le voisin déménage peut-être dans 6 mois. D’autant plus que les mesures de niveau sonore ont été réalisées sur leur terrasse construite sans permis,” accuse le gérant.
"C’est nous les victimes"
Contacté par nos soins, le couple de voisins en question nous confirme qu’il cherche à vendre son bien. “On veut partir en partie à cause des nuisances. C’est nous les victimes.” Concernant les dommages et intérêts, ils nous expliquent qu’ils n’en pouvaient plus d’attendre le rapport de Bruxelles Environnement. Ils ont donc voulu accélérer les choses avec une plainte, cette fois au civil. Ils ajoutent avoir récemment discuté très cordialement avec un des gérants du bar. Ce que nous confirme ce dernier : “ils m’ont dit qu’ils allaient retirer leur plainte”. Mais il y a visiblement eu mésentente.
“Nous acceptons d’annuler notre plainte au civil, assure le couple. Nous avons même baissé la somme, mais sur conseil de notre avocat, nous demandons tout de même avant un montant de 8.000 euros de dommages avant de la retirer." "Plus 2.000 euros de frais de dossier”, précise Jellil. Le couple explique maintenant “s’en remette à son avocat.” Ce dernier, Maître Michel Maes n’a pas souhaité s’étaler sur le sujet expliquant attendre simplement la réponse de l’avocat de l’Amère à Boire dans le cadre de la procédure de droit civil. “Mieux vaut un mauvais accord qu’un bon procès, on reste dans la discussion. Cette réponse devrait arriver dans les 15 jours environ.” L’Amère à Boire nous explique préférer mettre 10.000 euros pour un acousticien que pour cette plainte au civil.
Outre la plainte au civil, le gérant du bar espère surtout que le couple retirera son autre plainte, celle introduite auprès de Bruxelles Environnement. “S’il la retire, on pourra se mettre autour de la table et négocier des heures d’ouverture et des conditions pour la terrasse un peu comme le Fuse. Finalement c’est le même type de problème. Aujourd’hui, on est perdu, on essaye de survivre après la période covid et cela peut être mis à mal par un riverain qui déménage.”