Corinne Hoex ou le ciselage épuré
UCCLE - Petit bonheur divin pour amateur de mots: Corinne Hoex, Uccloise de belle date, a le vent (éditorial) en poupe. Son second roman, «Ma robe n'est pas froissée» trône en excellente place dans les librairies. Le «désir» de l'auteur(e)? Les grandes thématiques ou la dénonciation de faits de société. En un style frôlant l'épure descriptive.
Publié le 20-06-2008 à 06h00
Une grande pièce de vie qu'une terrasse prolonge, en vis-à-vis de feuillus étouffant à peine le défilé de quatre roues. C'est là, quelque part au Globe, que Corinne Hoex, historienne de l'art venue, sur le tard, à la fiction, noircit des briques et des briques -«J'ai besoin du lieu, de calme, de concentration». Des briques qu'elle passe ensuite des années à «élaguer»: «Mon premier roman («Le grand menu», sorti en 2001 aux éditions de l'Olivier, NDLR), faisait 500 pages!», s'amuse notre interlocutrice. «Je l'ai retravaillé pendant des années pour descendre jusqu'à 124 pages...».
Parce qu'outre ce désir inexprimable, ce besoin inextinguible de coucher des mots sur un papier, certe de nos jours virtuel avant la firme livresque, Corinne Hoex aime à «rester en-deçà de l'analyse»: «C'est un faisceau de lumière sur une situation, de la façon la plus précise possible. Ainsi, je laisse beaucoup de place au lecteur, à son interprétation. Il y va de lui-même».
En cela, l'Anderlechtoise qu'à Uccle attira par hasard dans ses filets il y a à peu près trois décennies pratique une démarche «tout à fait volontaire», elle qui avoue «ennuyeux, en tant que lectrice, d'être prise par la main».
Vous l'aurez compris: la forme, la plus exigeante possible, la plus cadenassée de contraintes qui se peut attire l'ex-prof (et élèves!) du lycée d'Anderlecht.
«Elle est de l'ordre du ciselage pour que le contenu soit fort dans tout son message».
Poussant sa logique au paroxysme, Corinne Hoex, très, très preneuse des rimes des trois grands B (Brassens, Barbara, Brel), de Léo Ferré et d'Anne Sylvestre, s'est essayée à la chanson («Peut-être avec trop peu de persévérance») et lorgne vers la nouvelle.
S'y adonnerait-elle avec autant de succès? A voir.
Non que nous voulions instiller le plus infime doute. Certainement pas. Mais quand on glane, en deux écrits romanesques, autant de lauriers... «Le grand menu», «Prix des bibliothèques de la Ville de Bruxelles, parut un 7 février. Une quinzaine plus tard, Corinne Hoex était chez Pivot. Le même ouvrage fut, tout comme «Ma robe n'est pas froissée», finaliste du «Prix des lycéens».
Le sujet de ce dernier?
«La maltraitance avec le déni de l'entourage».
«Sans faire des kilomètres de phrases», notre plume plante une narratrice en un lieu méditatif -la mer du Nord- deant lequel elle s'adresse à des absents (son père, mort; sa mère, grabataire, presque haineuse; et le premier homme de sa vie, violent).
On vous laisse imaginer...
Ce que l'on vous conseille, c'est de la lire, toutes affaires cessantes.