Un mineur de 11 ans frappe les policiers au cran d’arrêt : “Le parquet de la jeunesse suivra le dossier de très près”

Le dossier concernant le mineur qui a frappé des policiers avec un couteau à Saint-Josse est “très spécifique” selon le parquet de Bruxelles. L’émoi reste grand dans la zone Nord, a fortiori au commissariat des collègues de Thomas Monjoie. Un mouvement de grogne a poussé à fermer 3 commissariats sur 5. Les Bourgmestres exigent des mesures régionales et fédérales.

La Rédaction de L'Avenir
Le commissariat du quartier Nord, dans la zone de police de Bruxelles-Nord à Saint-Josse.
Le commissariat du quartier Nord, dans la zone de police de Bruxelles-Nord à Saint-Josse. ©Google Street View

Le parquet de Bruxelles a donné quelques détails ce 13 décembre 2022 concernant l’affaire du garçon de 11 ans qui a sorti une arme blanche contre un policier de la zone de Bruxelles-Nord (Saint-Josse/Schaerbeek/Evere) le dimanche précédent.

Le parquet confirme que “ce 11 décembre 2022 vers 23h40, un mineur de 11 ans qui a fugué de la maison a pu être intercepté par la zone de police Bruxelles Nord”. Cette interception s’est déroulée à Saint-Josse, soit dans le quartier Nord autour de la gare. “Pendant l’interpellation, le mineur s’est rebellé et a donné deux coups de poing avec un couteau à cran d’arrêt sans sortir la lame de celui-ci”, précise le parquet qui qualifie le contexte de “très spécifique”. Le jeune garçon “a pu être maîtrisé rapidement par les policiers présents”.

”Vu son jeune âge, le garçon n’a pas été mis à disposition du juge de la jeunesse et n’a pas pu être placé dans un centre”, continue le parquet. Qui insiste : “Les parents du mineur sont fort impliqués dans le processus et le parquet de la jeunesse de Bruxelles suivra la situation de très près. Il vérifiera que les mesures appropriées sont prises”.

Malaise à la zone Nord

Si aucun d’entre eux n’a été blessé, le malaise couve à la zone Nord puisqu’on a appris que de nombreux hommes en bleu ont marqué le coup en ne se présentant pas au travail ce mardi 13 décembre. La trentaine de policiers concernés sont couverts par un certificat médical. En effet, les effectifs de la zone restent sous le choc du décès de leur homologue Thomas Monjoie. Ce sont d’ailleurs les collègues directs du Hutois qui sont intervenus auprès de ce mineur.

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Il y a de nombreux migrants en rue, des zombies shootés dont 8 sur 10 sont armés de de couteaux. Vente de drogues et de médicaments en économie parallèle.

"Le ras-le-bol est généralisé après le meurtre de Thomas Monjoie mais rien ne change", insiste le Syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS) sur Twitter, qui confirme les absences "avec le soutien du chef de corps (Olivier Slosse, NDLR)". Et d'énumérer: "Il y a de nombreux migrants en rue, des zombies shootés dont 8 sur 10 sont armés de de couteaux". Dans le quartier, les forces de l'ordre luttent contre "la vente de drogues et de médicaments en économie parallèle".

Ce 14 décembre, on a appris que seuls 2 commissariats sur 5 avaient ouvert dans la zone Nord. La nuit précédente, seul 1 antenne était ouverte.


"Le malaise et l’épuisement au commissariat 5 sont réels"

Suite à l'affaire concernant ce mineur de 11 ans, les bourgmestres de Schaerbeek et de Saint-Josse en ont appelé au fédéral et à la Région pour renforcer la sécurité et la prévention dans le Quartier Nord.

”Tous les secteurs qui pouvaient être investis au niveau de la police locale ou de l’administration l’ont été et nous sommes arrivés au bout de ce que nous pouvions mettre en place. Je pense qu’il faut maintenant réunir les partenaires fédéraux et régionaux qui ont un rôle à jouer dans le quartier au niveau des politiques de prévention et de sécurité pour pouvoir résoudre les problématiques de manière structurelle”, commente la bourgmestre faisant fonction de Schaerbeek, Cécile Jodogne (DéFI), présidente du Collège de police.

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Je pense qu’il faut maintenant réunir les partenaires fédéraux et régionaux qui ont un rôle à jouer dans le quartier au niveau des politiques de prévention et de sécurité.

Dans le communiqué commun, le bourgmestre de Saint-Josse Emir Kir (PS) a quant à lui affirmé que la sécurité du Quartier Nord devait être la “priorité absolue de tous. Que devons-nous subir de plus pour qu’une prise de conscience généralisée opère et que des moyens conséquents soient enfin dégagés ?”, a-t-il demandé.

Selon le cabinet de la bourgmestre de Schaerbeek, ce “mouvement d’humeur” intervient à un moment critique, qui voit les policiers postés dans le Quartier Nord, confrontés à une réalité de terrain très complexe, avec un plus grand nombre de faits de violence que dans les autres secteurs de la zone, notamment contre les policiers. Les attaques, agressions ou injures font partie de leur quotidien, et le décès dramatique de l’inspecteur Thomas Monjoie en novembre est encore dans toutes les mémoires.

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Les communes de Schaerbeek et de Saint-Josse ont déjà mis en œuvre des mesures de police administrative afin de diminuer les activités de nuit dans le quartier, et soutenir le travail des policiers.

”Cette situation est compréhensible car le malaise et l’épuisement des policiers du commissariat 5 sont réels. Les communes de Schaerbeek et de Saint-Josse-Ten-Noode ont déjà mis en œuvre des mesures de police administrative afin de diminuer les activités de nuit dans le quartier, et soutenir le travail des policiers”, ajoute le communiqué. Les night-shops subissent notamment une fermeture nocturne.

Une réunion avec Vervoort et safe.brussels

Toujours selon le cabinet de Cécile Jodogne, cette action intervient alors qu’une réunion a eu lieu ce mardi 13 décembre en matinée avec le cabinet du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS), l’administration régionale, le parquet, le Dirco bruxellois et Safe Brussels (anciennement Bruxelles Prévention et Sécurité) pour trouver des solutions concertées à la question de la sécurité dans ce quartier aux multiples problématiques.

Le Collège de Police et la zone interpellent depuis plusieurs années sur la dégradation de la situation du Quartier Nord. Plusieurs facteurs sont identifiés, entre autres la politique d’accueil migratoire, le sous-financement des forces de police fédérales en poste à la Gare du Nord, le manque d’effectifs au parquet et la prise en charge des problèmes de santé mentale qui sont de plus en plus critiques au sein de la population.

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