Poussières, irritations, vibrations: des riverains braquent les projecteurs sur les nuisances du chantier de la VRT à Schaerbeek
Des rues pleines de boue, une couche de poussière sur toutes les voitures ; des bruits et des vibrations qui n’en finissent pas. Le chantier du siège de la VRT fait vivre un calvaire aux riverains
Publié le 11-05-2023 à 08h33
:focal(1495x1005:1505x995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2YDF4GJQRJH4DJQHLBB6QP2UYY.jpg)
Depuis 4 mois, la VRT a entamé ses travaux pour son nouveau siège à deux pas des rues Henri Evenepoel et Jules Lebrun à Schaerbeek. Mais le chantier se transforme rapidement en cauchemar pour les riverains. Obligés de creuser et donc d’extraire des tonnes de terres, les entrepreneurs ne respectent pas le cadre de vie des habitants, dénoncent ces derniers. “Quand il fait beau, il y a de la poussière partout. Impossible d’ouvrir ses fenêtres, d’être sur sa terrasse ou dans son jardin. Des personnes se plaignent déjà d’irritations liées aux poussières. Ça devient dangereux pour la santé. Quand il pleut, les rues ne sont pas nettoyées et restent pleines de boue,” explique Guy Castadot du comité de quartier Reyers.

Guy nous fait rencontrer Muharrem, un habitant du 9e étage d’une tour du Foyer schaerbeekois. Il a une vue plongeante sur le chantier. “Il y a des vibrations énormes. Vous savez, je suis turc d’origine. Un soir, juste après le tremblement de terre en Turquie, il y a eu de grosses vibrations ici. On a tous eu peur, mais on a vu que cela venait du chantier.” Muharrem, qui frotte ses yeux irrités dans les couloirs de son immeuble qui sent la poussière, demande du respect pour son cadre de vie et pourquoi pas une compensation. Huit plaintes ont été envoyées à la commune depuis le mois d’avril concernant des nuisances similaires.

Des alertes ont déjà été lancées. Les entrepreneurs de la VRT ont d’ailleurs mis en place une installation qui lave les roues des camions avant leur sortie du site pour éviter que la terre ne se retrouve sur les voiries. Nous avons pu constater le peu d’efficacité de ce dispositif, ainsi qu’une multitude de camions, pleins de terre, sortir sans bâche sur leur benne.


”Si cela ne se règle pas, on devra passer aux sanctions”
À la commune de Schaerbeek, on dit connaître les problèmes. Des inspecteurs sont déjà venus sur place. “Il ne faut pas rendre la vie des citoyens insupportable. On a constaté un nettoyage clairement insuffisant des voiries, des sorties de camions au mauvais endroit et des forts dégagements de poussière. Ce n’est pas possible”, développe le cabinet de la bourgmestre Cécile Jodogne (Défi). “Une réunion est prévue avec tous les services, et la police, pour voir ce que l’on peut faire. Si cela ne se règle pas, on devra passer aux sanctions. Ça va de l’amende administrative à l’arrêt total du chantier.” Et la bourgmestre d’ajouter : “on envisage toutes les possibilités.”
Reste que, même si la VRT y mettait du sien, le système d’amende administrative pèse peu face à un géant des chantiers comme l’entreprise De Meuter. Le risque est que tout le monde se dépêche de finir le chantier quitte à payer quelques amendes. C’est d’ailleurs une des craintes des riverains : “On s’inquiète que cela se déroule comme pour le côté RTBF avec des chantiers en dérogation tous les samedis.”
Là-dessus aussi la commune reste ferme. “La RTBF demandait beaucoup de dérogations pour des chantiers le samedi. Maintenant, nous avons mis le holà et tout est rentré dans l’ordre. La RTBF a joué le jeu. Parfois, les dérogations sont inévitables : il y a des travaux qui ne peuvent pas attendre. Mais si nous ne sommes pas satisfaits de la manière avec laquelle est mené le chantier, comme c’est le cas maintenant avec la VRT, on sera bien moins disposé à accepter des dérogations.”
Concernant les vibrations qui font craindre des problèmes de stabilité, déjà pointés par les riverains, la commune encourage les habitants à réagir rapidement et contacter les entrepreneurs ou la VRT. “S’il n’y a pas de réponse, ils peuvent aussi venir vers nous.”
La commune compte également faire remonter le problème dans les instances du média public. “Le but est de trouver une solution rapidement sans devoir en arriver aux sanctions.”
Du côté de la VRT, on assure avoir mis en place un système de signalement des problèmes en ligne. “Depuis le début du chantier, nous avons reçu très peu de plaintes,” nous explique sa porte-parole, Barbara Callier, qui relaye les explications de VRT Morgen, l’équipe de construction d’architectes et d’entrepreneurs qui est responsable pour le chantier. Le plan de circulation pour les camions, négocié avec la commune, “est surveillé par nos partenaires.” Le média assure qu’un camion de nettoyage est stationné en permanence sur le site et “sort chaque après-midi de lundi à vendredi pour nettoyer les rues autour du chantier.” Pour la poussière, “les camions de transports des terres sont au maximum équipés de bâches et ces bâches sont fermées avant d’accéder au domaine public.” Contrairement à ce que nous avons pu observer lors de notre reportage, la VRT assure que ses images caméras sur site démontrent l’utilisation des bâches. “Nous en augmenterons nos contrôles sur place.”
Pour les vibrations VRT Morgen assure n’avoir aucune connaissance de problèmes de stabilité dans les bâtiments autour du chantier et se dit ouvert à toutes les suggestions d’améliorations.