”Rare” dispositif policier pour la reconstitution d’un meurtre chaussée de Louvain à Dailly (Schaerbeek) : “C’était un café mal fréquenté” (photos)
La reconstitution d’un meurtre dans le café L’Atmosphère, chaussée de Louvain à Schaerbeek, a bloqué tout le quartier de la place Dailly ce dimanche 16 avril. Les faits s’étaient produits en octobre 2020. Les riverains sont restés philosophes.
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- Publié le 16-04-2023 à 13h53
- Mis à jour le 16-04-2023 à 22h50
”Je voudrais aller à la boulangerie, là-bas”. “La boulangerie ? Bon ben on va accompagner Madame”.
Les croissants se méritent ce dimanche dans le quartier Dailly, à Schaerbeek. Pour accéder à la boulangerie de la rue Victor Hugo, il faut en effet franchir plusieurs cordons de police. Qui accompagne les riverains pour leurs petites emplettes. L’opération était annoncée : ce 16 avril, un énorme périmètre de sécurité y est dressé autour de la chaussée de Louvain. Le dispositif impressionne : plusieurs combis et motos, des agents à chaque carrefour, barrés de hautes barrières bâchées de bleu.

C’est que police judiciaire et juge d’instruction sont à pied d’œuvre dans le coin pour la reconstitution d’un meurtre. La rixe mortelle s’est déroulée le 25 octobre 2020 au café L’Atmosphère. La victime avait été retrouvée lardée d’un coup de couteau dans l’avenue Félix Marchal voisine, vers 7h du matin. Elle est décédée des suites de ses blessures. Un avis de recherche avait été diffusé.
”C’est saoulant”
”C’est un important dispositif en effet, c’est assez rare”, apprend-on de source policière. “C’est que les faits ne s’étaient pas uniquement produits dans l’espace privé du café, mais aussi à l’extérieur. Mais les riverains comprennent bien, tout se passe sans problème”. Du café entrent et sortent des policiers en civil accoutrés de t-shirts numérotés. Ce sont eux qui "jouent" le rôle des personnes présentes lors de la funeste nuit de 2020. Toute la reconstitution est filmée, pour pouvoir être utilisée ensuite à des fins judiciaires. Ce qui explique aussi les spots sur le seuil du caberdouche. “C’est fermé depuis les faits”, croit savoir Michelle, qui habite depuis 22 ans dans le quartier. “C’était mal fréquenté, y avait souvent du grabuge, on voyait ça. Jamais je n’irais dans ce genre d’endroit”.

Dans le quartier, certains habitants haussent les épaules. La zone de police de Bruxelles-Nord avait distribué des tracts et prévenu sur ses réseaux sociaux. Cette dame peut donc sortir son chien “à l’heure habituelle” alors que cette autre demande la permission d’aller retirer quelques billets dans une agence bancaire de la place Dailly. Cette troisième peste un peu. “C’est saoulant, je sais pas prendre le bus”. Elle cherche donc une voiture partagée sur son smartphone pour rentrer chez elle à Woluwe. Zeki, lui, doit aller à Jette. “Mais y a pas de bus donc je pense que je vais prendre le métro à Schuman, ça ira plus vite”. Lui n’est pas trop impacté. “Mais mon frère devait faire une after chez une copine dans la zone : ils ont changé de plan”.
”La police doit faire son job”
Luisa habite chaussée de Louvain. Son logement est dans le périmètre, dont elle sort avec la bénédiction policière. “Je dois aller à l’église. Je reviendrai vers 16h”. Les agents lui ont assuré que ça serait OK. Une autre église attire aussi pas mal de public juste en face de L’Atmosphère. “C’est l’église bulgare”, nous renseigne Dragomir, qui vient assister au service de la Pâques orthodoxe depuis Uccle. Plusieurs fidèles reçoivent l’autorisation d’y entrer. Comme cette famille qui, revenue des sports d’hiver la veille, n’était pas au courant “de tout ce bazar”.Amina était au courant des dérangements de la STIB par les affichettes. Les arrêts Radium et Dailly du bus 29 sont en effet supprimés ce dimanche. “Mais je ne savais pas que tout serait fermé. J’habite de l’autre côté du périmètre : j’ai dû faire tout un détour pour arriver place Dailly. Tout ça ne m’embête pas : la police doit faire son job. Et certaines affaires doivent rester secrètes. Mais nous avons aussi le droit de savoir ce qui se passe”, lâche-t-elle avant de courir vers l’arrêt Brabançonne. Pour Sandrine, ça s’annonce plus tendu : “Je pars ce dimanche au Congo. J’ai prévu de déposer ma fille chez ma sœur, mais elle ne répond pas”.
Devant L’Atmosphère, la tension monte d’un cran. C’est que la barrière qui bloque l’accès laisse voir les allées et venues policières devant le comptoir. Les brassards haussent un peu le ton, les rubalises se déroulent entre les bollards, caméras et objectifs rengainent. “Le juge d’instruction a demandé de remonter un peu le périmètre”. Le chiffre de la boulangerie ne devrait pas trop en pâtir : on approche de l’heure de l’apéro.
