Avec Nomet, Mona réinvente la croquette aux crevettes de son enfance mais… sans crevettes
Mona Delagrange a dit au revoir aux croquettes aux crevettes « pour l’environnement et par amour des animaux ». Mais la Bruxelloise ne pouvait se passer de ce classique de nos brasseries : sa création aux algues est primée.
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Publié le 30-04-2022 à 11h37 - Mis à jour le 30-04-2022 à 11h38
"Je suis née près de Bruges.C’est pas très loin de la mer. Depuis toute petite, la croquette aux crevettes est mon plat préféré".
En 2022, Mona Delagrange a 28 ans.La petite fille qu’elle était ne peut plus faire croustiller sans remords la chapelure au fourrage de crustacés de l’un de nos plus iconiques plats nationaux.En Mer du Nord, on sait que la pêche à la crevette peut endommager les fonds marins puisque les chalutiers y tirent de vastes filets.Leur maillage étroit entraîne aussi des pêches accessoires d’autres espèces.Quant à l’élevage, principalement pratiqué en Asie, il est pointé comme l’un des plus nocifs pour l’environnement. Le chercheur américain J. Boone Kauffman estime que, à poids égal, son empreinte carbone est 10 fois plus élevée que celle du bœuf produit en zone tropicale.De quoi avaler son persil frit de travers.

"Manger des plats à base de plantes, c’est beaucoup moins impactant.C’est une des raisons pour lesquelles je suis devenue vegan.Avec l’amour des animaux", révèle Mona Delagrange. "J’ai alors dit au revoir aux croquettes aux crevettes". Ces résolutions sont nées lors de ses études de nutritionniste à l’université néerlandaise de Wageningen, près d’Utrecht. "Là-bas, j’ai beaucoup appris sur la nourriture du futur, sur l’innovation et la durabilité des aliments", développe la Saint-Gilloise.
Le wakame, une algue «à la douce»
Forte de son expertise dans une multinationale et de son engagement pour l’environnement, Mona expérimente depuis 2020. "J’avais l’idée d’une croquette sans crevette depuis longtemps.Et le seul ingrédient marin non-animal qu’on peut manger, ce sont les algues.En plus, elles poussent très vite, sans additif, et forcément sans apport d’eau.Et elles sont riches en protéines, en iode, en omega 3".


Sa recette est commercialisée depuis l’été 2021 sous l’étiquette Nomet . Elle s’inspire du classique de la digue. "La base crémeuse repose sur l’avoine.L’algue lui apporte la saveur marine et une touche visuelle". Cette verdure, c’est le wakame.Cette algue "à la saveur plutôt douce" est produite dans une ferme des Pays-Bas, à Oosterschelde. "C’est la plus proche que j’ai trouvée. Elle a l’avantage de cultiver dans une baie assez calme. Des tentatives de culture sont lancées sur la côte belge mais restent au stade de l’expérience".
Pour varier les plaisirs, Mona expérimente désormais 6 variétés d’algues. D’autres créations pourraient étoffer la gamme autour du produit phare au wakame. Car la croquette plaît: Nomet vient de remporter le prix "Future is here", catégorie gastronomie.Ce concours organisé par l’ASBL "100.000 entrepreneurs" avec le soutien de la Ministre en charge de la Promotion de Bruxelles Valérie Glatigny (MR) se destine aux jeunes entre 18 et 30 ans."C’est toujours un risque de lancer un produit: gagner ce prix, c’est une belle reconnaissance". Qui s’ajoute à une sélection dans les 6 finalistes du "Vegan Belgian Award".
Dans l’immédiat, Nomet privilégie les restaurants.Son réseau doit encore se construire: ses croquettes devraient atterrir "dès l’été" sur les meilleures tables et en supermarché bio. "Je veux prouver aux Belges que les algues, c’est délicieux.Qu’on peut en user davantage dans le régime culinaire à l’européenne pour minimiser notre impact.Elles ne vont pas uniquement dans la soupe miso: moi, j’en mange dans mes pâtes".