C’est la fête quand Bob picole: la sélection de bières sans alcool de notre spécialiste
Oubliez Coca, limonade, café ou tisane: en 2019, Bob peut réveillonner à la bière. Et pas de la NA industrielle au goût de carton. La demande en production artisanale «zéro» pétille: voici donc la sélection de notre spécialiste.
Publié le 19-12-2019 à 10h57
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Il y a encore quelques années, Bob n’avait pas de meilleur choix lors des fêtes que de se tourner vers un bon vieux Coca. À la réflexion, ça semblait encore moins sucré que les seules bières NA disponibles à l’époque, ersatz industriels des pils stars de nos supermarchés.
Mais avec le boom des brasseries artisanales et l’établissement de la bière sur la carte des boissons tendances, les options se multiplient et la qualité des productions en faible teneur en alcool s’améliore. «Au début, je ne prenais pas trop ce type de bières en stock mais désormais, je me fais dévaliser», confirme Antoine Pierson, caviste en bières à Saint-Gilles. «Ça vient aussi du fait qu’elles sont meilleures et deviennent des alternatives aux grosses marques sans alcool que pas grand monde n’apprécie».
La mode est à moins d’alcool

La tendance chez les connaisseurs est de toute façon à la bière plus légère, comme on le constate avec l’explosion des «sessions». Ces bières d’influence anglo-saxonne, généralement assez sèches, se conjuguent dans tous les styles mais se ressemblent par leur faible teneur en alcool: 5% maximum, voire 3. L’idée à l’origine: pouvoir s’en enfiler quelques-unes en sortant du taf sans rouler sous la table. «Il y a encore quelques années, c’était difficile à vendre», note le tenancier du Malt Attacks. «Les clients peinaient à dépenser autant pour ces bières faibles en alcool. Pourtant, ces productions sont plus compliquées à fabriquer et les défauts s’y cachent moins facilement, alors que le houblonnage élevé rend le coût de production au moins équivalent».

Pour revenir aux «NA», le brassage se fait classiquement. «Ensuite, un processus de “ désalcoolisation ” est enclenché. Il s’agit de faire évaporer l’alcool avec une température suffisamment haute, mais pas trop non plus, pour ne pas altérer le produit», explique Antoine Pierson.
La sélection de notre expert est déjà relativement large, mais ne comprend que peu de bières belges. «Chez nous, ça démarre tout doucement. Le Brussels Beer Project se présente comme la première artisanale à sortir une “zéro” (lire ci-dessous). Mais je ne serais pas étonné que plusieurs brasseries s’y mettent. Ainsi, ‘t Verzet vient de sortir une bière à 1,5%, la Caravan Sultan. C’est juste au-dessus de la limite légale de 1,2».
Voici celles qui permettront à Bob de passer le test du ballon...
Pico Bello, Brussels Beer Project (Bruxelles), 0,3%

«Il s’agit d’une “hazy IPA”, soit une bière trouble, houblonnée et aux parfums d’agrume. Elle a aussi une touche acide, peut-être due à une fermentation lactique. Elle n’est pas brassée à Bruxelles mais chez De Proef, qui produit aussi les sans alcool de Mikkeler. Cette Pico Bello a assez agréable, même si on ressent une légère sucrosité, un goût un peu citron qui donne un côté limonade».
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Racing Beer (0,3%) et Energibajer (0,0%) , Mikkeller (Copenhague mais brassées en Belgique)

«La Energibajer s’appelle comme ça car son étiquette met en avant les propriétés isotoniques de la bière. En gros, ça hydrate après le jogging. D’ailleurs Mikkeller a fondé un club de course à pied au Danemark qui a des déclinaisons dans plusieurs pays. D’où la Racing Beer, plus amère. Ces bières sont mêmes enrichies aux vitamines B12, B2 et B5 et toutes les valeurs énergétiques sont indiquées. Brassées chez De Proef, elles restent moins sucrées que les NA de Jupiler ou Hoegaarden, mais gardent quand même un côté limonade».
Mein Alkoholfrei, Schneider Weisse (Bavière), 0,0%

«Voilà une bière typiquement allemande, qui bénéficie d’ailleurs d’une AOP. Elle est caractéristique par sa forte proportion de froment, un peu comme dans nos blanches, sauf qu’elle n’embarque pas de coriandre ou d’écorces d’orange comme c’est la tradition chez nous. C’est dû à la “loi de la pureté” sur les bières, qui remonte à des siècles et qui interdit les ingrédients autres que céréales, houblon et levure. “Hefeweizen” veut d’ailleurs dire “levure et froment”. Ici, c’est une sans alcool qui a beaucoup de goût: la levure donne un côté banane et clou de girofle, qui peut permettre un parallèle vers nos triples».
No Worries, Lervig (Norvège), 0,5%

«Cette No Worries est ma sans alcool préférée jusqu’ici. Elle est bien houblonnée et c’est la plus sèche de la gamme, ce qui n’est pas facile à obtenir, mais elle a quand même du corps alors qu’on a parfois une impression aqueuse avec d’autres. Elle se rapproche donc très fort d’une IPA: il l’annoncent et on l’a. Elle est trouble comme les IPA modernes: c’est assez bluffant. Pas sûr qu’à l’aveugle, on puisse deviner que c’est sans alcool».
Nanny Stae, BrewDog (Écosse), 0,5%

«Celle-ci, elle va plaire aux amateurs de véritable amertume: c’est vraiment très prononcé, mais avec assez peu de texture. Moi, j’appelle ça “une tisane de houblon”. Elle est assez “ floteuse ”, aqueuse. Elle a ses amateurs, mais d’autres trouvent ça trop rêche. Notez qu’ils produisent aussi une version sans alcool de leur Punk IPA, la superstar de leur catalogue: la Punk AF, pour “alcohol free”».

Plus classique, la Meilleurs Vœux (7,3%) de Rulles (Habay), une «brune forte et chaleureuse. Attention: elle n'est pas épicée comme c'est la tradition chez nous. Mais ceux qui aiment les classiques de Noël s'y retrouveront». Autre option: la Winter Paradox (8,5%) de la nouvelle microbrasserie Schockmel, à Rèves (Hainaut): «très maltée, chaleureuse, avec une belle amertume et une texture onctueuse».
Dans le même genre, l'expert termine avec l'indémodable Winter Mess (8,5%) de la Brasserie de la Senne (Molenbeek), «dans le même genre, mais nettement plus amère et un peu plus forte». Elle ira très bien avec la mousse au chocolat ou en pousse-café.
On renverra les soiffards qui ne trouveraient pas leur compte avec ce quintet vers nos sélections des années précédentes:
+ 2016 | Bières de Noël : les choix du spécialiste de Malt Attacks, de l’apéro au dessert
+ 2013 | Bière de Noël : les 5 choix artisanaux du Moeder Lambic pour échapper au marketing industriel