Un kicker et des fauteuils à la place des parkings: «L’espace public est suroccupé par la voiture»
Un salon d’un côté, un kicker de l’autre: des candidats Ecolo et Groen ont rendu l’espace public aux piétons dans la chaussée de Charleroi à Saint-Gilles. Les verts veulent ainsi démontrer l’emprise de la voiture dans les rues bruxelloises. Qu’ils souhaitent rééquilibrer.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/dcc40ade-bd2d-4162-a4ae-bae33f6f8bd4.png)
- Publié le 04-04-2019 à 13h44
:focal(368.5x254:378.5x244)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/L645VYFLWNBCBLY5PFILTAIBXM.jpg)
D’habitude, le cm2 d’espace de stationnement vaut se pesant d’or dans la chaussée de Charleroi, à Saint-Gilles. C’est sans doute pour ça que les candidats Ecolo locaux aux prochaines élections ont décidé de s’en offrir deux petits morceaux ce 3 avril en fin de journée. La drache n’était pas vraiment complaisante mais la démonstration par l’absurde des verts permettait tout d’exemplifier l’une des mesures de leur programme pour mai.
Kicker d’un côté, fauteuils de l’autre et tickets de parking dans les deux cas, ils étaient comme chez eux dans ce morceau d’espace public où trams, voitures, piétons et vélos se croisent en permanence dans le vacarme. Quand ils ne sont pas carrément à l’arrêt, cloués sur place par un véhicule mal garé.


«L’idée, c’était de faire une action pour mettre en évidence la suroccupation de l’espace public par la voiture», sourit Marie-Hélène Lahaye, 48e à la Région, depuis un côté de son salon en plein air qui occupe les 8m2 d’habitude «privatisés» par une voiture stationnée. «Nous, nous voulons rééquilibrer: un tiers pour les piétons et vélos, un tiers pour le transport en commun, un dernier tiers pour les voitures et motos. Et on montre ici ce qu’on pourrait faire de cet espace libéré». Une proportion à généraliser? «Il faudra voir où c’est possible», répond depuis l’autre fauteuil Barbara De Radiguès, 10e à la Région.
«Les trams sont bloqués en permanence»
La chaussée de Charleroi n’a évidemment pas été choisie au hasard. «Cette voirie régionale ne propose aucun site propre afin d’en préserver les places de parking», peste De Radiguès. «Alors les trams y sont bloqués en permanence». Ecolo et Groen avancent ainsi qu’en 2016, les trams ont été bloqués 78 fois par des voitures mal garées dans la chaussée de Charleroi. «Pourtant, quand on enlève des places de parking, moins de voitures arrivent. Cette constatation est déjà ancienne. Mais dans son emprise, la voiture reste quand même majoritaire: nous plaidons pour mieux répartir l’espace».


L’endroit symbolise aussi la cacophonie entre entités qui, à Bruxelles, mène souvent à un immobilisme décisionnel plus interminable encore que celui des trams entre Stéphanie et Janson. «Communes et Région se renvoient sans cesse la balle et au final, ça bloque à cause de la lasagne institutionnelle», déplore Marie-Hélène Lahaye. «Résultat: quand on regarde sur Google Maps, le trajet en transport en commun est trop souvent plus lent que le trajet en voiture». Les verts pointent ainsi la chaussée de Haecht comme autre mauvais exemple de cette problématique. «Elle est suicidaire, avec les chauffeurs qui sont super nerveux», déplore Barbara De Radiguès .
«Mesurons de façade à façade et partageons en trois»
Concrètement, que propose donc Ecolo dans la chaussée de Charleroi? «C’est très simple: mesurons de façade à façade et partageons en trois tiers», résume Olenka Czarnocki, 5e à la Chambre. «On réduit ainsi une bande de circulation et une bande de stationnement et on met le tram en site propre. ça permettra aussi de diminuer le nombre de voitures qui rentrent dans Bruxelles en connectant des lignes de trams plus efficaces aux parkings de dissuasion en amont».
Groen se joint à ces principes. «Ce partage plus équitable donnera plus de place à la mobilité douce tout en améliorant la sécurité routière», termine Stijn D’Hollander, 8e à la Région. «Cela permettra de lutter contre les chauffards en diminuant leur vitesse. Sinon, ils resteront les rois».
