Porte de Ninove, la deuxième version du Plan d’Aménagement toujours à côté de la plaque, selon les riverains: "la Région encourage la spéculation"
Perspective gâchée, logements sociaux incertains et encore un possible hôtel à deux pas du Belle Vue, le comité de quartier de la porte de Ninove et les ASBL recalent le plan de la Région.
Publié le 25-05-2023 à 17h40 - Mis à jour le 25-05-2023 à 17h47
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L’enquête publique portant sur le nouveau projet de Plan d’Aménagement Directeur (PAD) sur la porte de Ninove s’achève le 30 mai. Les riverains constitués en comité et soutenus par l’Atelier de Recherche et d’Action Urbaines (ARAU) et Inter environnement Bruxelles n’ont pas attendu pour faire part de leur opposition totale aux plans proposés par la région.

Thérèse, qui vit dans le quartier depuis 14 ans, s’agace : “avec ce plan, la Région encourage la spéculation.” Selon le comité de quartier, la seule fonction du PAD serait de permettre d’augmenter les gabarits des futures constructions dans la zone. “Toutes les autres prescriptions du plan (passage du parc en zone vert par exemple ou parcelles réservées à du logement) pourraient être réalisées via d’autres outils. Le rôle de la Région n’est pas de récompenser la spéculation", commente Marion Alecian de l’Arau.

Au cœur des inquiétudes des riverains, on retrouve la parcelle en triangle au nord du site, aujourd’hui fermée par des barrières. En friche depuis 20 ans, cet espace a été le fruit de convoitises immobilières. Un projet avait d’ailleurs été accordé à Besix en 2003 pour un immeuble de bureaux et un parking de trois niveaux en sous-sol. Les travaux avaient commencé, d’où le trou creusé sur cette parcelle, mais Besix a perdu son client et le projet a été abandonné. Aujourd’hui, ce sont les promoteurs Alides et Ion qui détiennent le terrain et le PAD pourrait leur permettre de rentabiliser la parcelle.


“Il prévoit des gabarits maximaux de 15 étages,” soit un peu plus bas que la tour Brunfaut voisine mais toujours trop haut selon les habitants. “On a un paysage unique ici (depuis la porte de Ninove, on peut voir la flèche de l’hôtel de ville, les bâtiments de la gare du Nord, le Palais de justice et la tour du Midi), une tour à un tel endroit gâcherait toute la perspective et viendrait densifier un quartier déjà très dense,” reprend Thérèse. Et les riverains ne craignent pas une mais plusieurs tours. “Sur les plans, on a vu qu’il était prévu des 'bâtiments repères', entendez plus hauts, à plusieurs endroits sur la parcelle.”

Pour le comité, le PAD ne prend pas du tout en compte cet impact paysager et encore moins l’impact environnemental d’un tel projet. “À cet endroit, la nappe phréatique est à fleur de surface. Ça a créé une zone humide et nous n’avons aucune idée de la biodiversité du site.”

Des garanties de logement social
Pour la partie molenbeekoise du PAD, c’est Gaspar, travailleur de l'ASBL La Rue, qui collecte les doléances des habitants. “Pour la parcelle de la station-essence (Esso), le PAD prévoit une “zone d’habitation” qui autorise la construction d’un hôtel de 50 places alors que nous avons le Belle Vue (qui risque d’ailleurs de perdre le sens de son nom si une tour est construite sous son nez) juste à côté. Pourquoi ne pas simplement réserver cet espace à du logement social qui est fort demandé à Bruxelles et dans ce quartier."


Pour l’espace Pierron, “la nouvelle version du PAD est meilleure. Elle prévoit juste de pouvoir construire des équipements d’intérêts collectifs dans la continuité du centre communautaire jusqu’à la limite du parc coté quai du Hainaut. Nous avons besoin d’équipements ici, notamment de crèches, C’est une bonne chose mais on l’intègre encore sur un espace vert. Il faut que ce quartier respire. Le parc Pierron et celui de la porte de Ninove sont pleins dès qu’il y a un peu de soleil.”


Enfin, la dernière inquiétude des riverains se concentre sur le type de logement prévu dans le périmètre. Pour la parcelle triangulaire, 25 % de logements sociaux sont imposés par le PAD. Mais pour ceux prévus au niveau du stade Vander Putten, “il est juste précisé 'logement public'. Cela peut donc être des logements moyens qui appartiennent au secteur public. Il n’y a pas de garantie de logements sociaux et nous n’avons pas accès aux ambitions de la Région et de la commune (de Bruxelles) pour cet espace. Un permis est à l’enquête publique pour quelques aménagements et des plantations d’arbres à l’endroit où l’on pensait qu’ils mettraient des logements et la commune de Bruxelles a déjà indiqué qu’elle souhaitait garder un degré de liberté en termes d’équipements sportifs si aucun projet de logements ne voit le jour.” Une position qui laisse croire aux riverains que les logements sur la zone Vander Putten sont déjà tués dans l’œuf.
