Molenbeek évacue le home Sebrechts, Fedasil qualifie l’initiative de “sans précédent et inhumaine”

Le centre d’accueil qui héberge 438 demandeurs d’asile au home Sebrechts à Molenbeek est évacué ce 17 mai par la commune. Unilatéralement, selon Fedasil. Le torchon brûle entre la commune et l’organe fédéral.

Belga
Bruxelles - Molenbeek-Saint-Jean: le centre fedasil qui accueillait les refugies ukrainiens en transit accueille desormais des "migrants traditionnels" et a fait l'objet d'une petition aupres des riverains du quartier dilligentee par le vlaams belang. A Bruxelles le mardi 24 mai 2022 (JC Guillaume)
Molenbeek-Saint-Jean: le centre Fedasil qui accueillait les réfugiés ukrainiens en transit accueille désormais des migrants. Mais un jugement oblige Fedasil à l'évacuer pour des questions d'urbanisme. Sans réaction, Molenbeek a pris elle-même la décision d'évacuer les quelque 430 résidents. ©JC Guillaume

Dernier avatar d’une saga qui oppose Molenbeek et Fedasil ce mercredi 17 mai 2023 : la commune du bord de canal a commencé à évacuer le home Sebrechts, transformé en centre d’accueil qui héberge 438 demandeurs d’asile sur son territoire. L’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile Fedasil a refusé de participer à cette expulsion, qualifiant la décision de la bourgmestre Catherine Moureaux (PS) d'” inhumaine”.

Le centre, situé sur l’avenue François Sebrechts à Molenbeek-Saint-Jean, avait été ouvert pour accueillir des réfugiés ukrainiens de façon temporaire l’année dernière. Il avait ensuite servi pour reloger des exilés dans le cadre de la crise de l’accueil.

”La police est actuellement présente au cinquième étage du bâtiment, où se trouvent les chambres des résidents”, note Mieke Candaele, directrice de la communication chez Fedasil. “Les demandeurs d’asile se sont enfermés, ce qui a conduit les policiers à sceller les portes de l’extérieur.”

”Cette situation est sans précédent. En 20 ans chez Fedasil, je n’ai jamais rien vu de tel”, affirme Mieke Candaele. “Ces personnes sont totalement innocentes et deviennent les victimes d’une situation sur laquelle elles n’ont pas de prise. C’est inhumain.”

Tensions

Les tensions entre Molenbeek et Fedasil à ce sujet ne sont pas nouvelles. L’ouverture du centre il y a un an a “mis la commune en énorme difficulté”, selon Catherine Moureaux, pour qui la situation socio-économique et financière de Molenbeek n’a pas été prise en compte.

La bourgmestre avait été jusqu’à contester l’installation du centre devant les tribunaux et avait obtenu gain de cause en août dernier, dans un jugement qui obligeait Fedasil à quitter le bâtiment pour des questions d’urbanisme.

En janvier 2023, l’agence fédérale avait alors déposé une demande de permis d’urbanisme, afin de pouvoir officiellement réaffecter l’ancienne maison de repos dans laquelle avait provisoirement été installé le centre. “Notre requête est en cours d’analyse auprès de la Région. Une situation dangereuse a été créée face à cette attente. Nous devons résoudre ce problème, mais pas de cette manière.”

”Nous n’avons aujourd’hui pas de places d’accueil excédentaires, ce qui implique que nous n’avons pas la possibilité de fermer des centres”, a quant à elle réagi la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Nicole de Moor (CD&V). “Nous avons récemment collaboré de façon positive avec la commune de Molenbeek, notamment dans le cadre de l’évacuation de la zone autour du Canal. Je ne comprends donc pas la décision de la bourgmestre d’évacuer le centre de l’avenue Sebrechts.”

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...