Les catcheurs vont retourner Koekelberg au festival Pistes de Lancement

Je suis franco-mexicaine. Pour notre précédent spectacle avec la compagnie Hopla, on a tourné au Mexique. J’ai emmené mes collègues au combat. C’est un vrai spectacle, ils ont été impressionnés. La lucha, c’est un univers exceptionnel pour le cirque. On a plongé et, aujourd’hui, je suis une vraie catcheuse professionnelle.

Pourquoi le catcheur est-il un bon personnage?

Car il doit mettre un jeu d’acteur dans ses clefs, sinon elles échouent. Il faut raconter une histoire au spectateur pour l’amener à pencher pour le bon côté ou le mauvais, le catcheur qui incarne le bien ou celui qui incarne le mal.

Au Mexique, les lutteurs sont des idoles...

Les masques deviennent des héros, des stars qui n’enlèvent jamais leur masque. Même en conférence de presse: ils s’y présentent en costard, mais masqués. C’est génial ! La lucha libre est le deuxième sport au Mexique après le foot. le public y est fabuleux.

Et prépondérant, un peu comme dans l’impro…

Si tu n’as pas le public, tu n’es personne. Ils doivent choisir entre justice et loyauté ou tricherie et brutalité. Dans « El Bien VS El Mal », nous allons pousser le spectateur belge à opter pour le bien ou le mal. Ça n’est pas facile car le spectateur belge n’a pas cette tradition de s’investir dans le show, de participer réellement. L’interaction, au théâtre ou au cirque, reste quand même limitée ici. C’est le dialogue qui va stimuler les interactions avec le public.

Le spectacle mise sur les acrobaties. Mais doit donc aussi comporter une part scénaristique importante.

L’histoire est celle d’une troupe de forains fauchés. Pour se refaire, ils se lancent dans ce qui marche: le catch. Et misent sur l’arnaque. Pour planter le décor, nous distribuons de fausses biographies de catcheurs. Il y aura Jayden Hall, El Jefe, Lady Fiesta et El Invador. Et puis il y a El Matador, le seul vrai catcheur de l’histoire, que la troupe engage pour avoir quand même un peu d’authenticité. Enfin il y a les personnages des forains et le présentateur.

Le show est-il aussi une métaphore du monde du divertissement, qui « vend son âme » à ce qui marche pour faire de l’argent?

Parler des forains, c’est immédiatement aborder ce thème. Ils se construisent une société à huis clos, en marge, tout en se rendant esclaves de ce qui marche dans la société dont ils s’excluent. Puis nous voulons aussi dénoncer l’homme de spectacle qui se « prostitue » pour gagner sa vie: dans le monde forain, il faut en effet trouver le moyen de satisfaire le public tout en le plumant.

Le catch, les enfants aiment bien. C’est ultra-populaire. Les spectacles de la WWE remplissent d’ailleurs Forest National. Mais votre show s’adresse-t-il autant aux adultes qu’aux kids?

Il y a deux niveaux de lecture, comme chez Pixar: on aborde aussi des thèmes comme le dopage, la drogue, les difficultés financières. Ça devrait donc fonctionner au-delà des acrobaties. D’autant plus qu’on joue à Koekelberg, devant un public qu’on espère populaire.

+ « El Bien VS El Mal », par la compagnie belge Hopla Circus, au Parc Victoria, Rue Autrique à Koekelberg, samedi 24 mars et dimanche 25 mars à 15h30

+ 12e Festival Pistes de Lancement, Biennale Internationale du Cirque, du 21mars au 5avril. 14 spectacles à l'affiche, 7 créations 2012 et 5 créations 2011. 5 soirées composées, florilèges de petits numéros. Rendez-vous professionnels.

+ Au Chapiteau El Grito à Koekelberg, à la Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale de Molenbeek, au Théâtre Varia à Ixelles, au Théâtre Marni à Ixelles, à l'Espace Catastrophe à Saint-Gilles.

+ Info et tickets: 02/538.12.02.

+ www.pistesdelancement.be

Agrandir le plan