Simona El-Harar, reine de la cuisine méditerranéenne: “À Bruxelles, la vraie street food, ça n’existe pas”

Pour manger méditerranéen à Bruxelles, le Kitchen 151 de la cheffe Simona El Harar est sans doute la meilleure adresse. L’Israélienne d’origine marocaine servira ses spécialités moyen-orientales ce week-end au 2e StrEat Fest, rendez-vous consacré à la street food à Tour&Taxis. Elle compte bien y donner une leçon d’hospitalité. Sans chichi. Et pas uniquement avec houmous et falafels.

Simona El-Harar, cheffe du restaurant Kitchen 151 à Ixelles, est la reine de la cuisine méditerranéenne à Bruxelles. Elle le prouve dans un bouquin épais 100% street food, voyage des rives de la mer Méditerranée au Moyen Orient.
Simona El-Harar, cheffe du restaurant Kitchen 151 à Ixelles, est la reine de la cuisine méditerranéenne à Bruxelles. Elle le prouve dans un bouquin épais 100% street food, voyage des rives de la mer Méditerranée au Moyen Orient. ©EdA - Julien Rensonnet

C’est un petit cornet. Il ressemble à ceux qui emballent nos frites. Mais en débordent des pois chiches rôtis. Simona El-Harar les assaisonne de cumin grillé moulu, de fleur de sel, de paprika et d’huile d’olive. Puis enfourne pour une petite demi-heure. C’est gras et réconfortant. Et ça se picore avec les mains. Peut-être baigné d’un peu d’houmous. Pour la cheffe du Kitchen 151, ces pois épicés et crunchy, c’est la quintessence de la street food.

L’Israélienne d’origine marocaine est l’un des 75 chefs aux fourneaux du 2e StrEat Fest ce week-end du 11 au 14 mai 2023 à Tour&Taxis. Elle n’y fera pas de chichis. “Je fais beaucoup de festivals street food. Tout le monde y dresse des assiettes ! Mais, c’est pas de la street food, ça ! À Bruxelles, la vraie street food, ça n’existe pas !” Alors, c’est quoi la street food pour Simona El-Harar ? “Ce n’est pas seulement une nourriture avec laquelle on peut marcher, ce n’est pas les frites et les hamburgers. Ni juste houmous et falafels. C’est un plat qu’on peut partager. Et puis il y a l’odeur, le gras sur les mains. Le börek, quand on le partage en deux, l’expérience n’est pas la même”. C’est pour ça que les spécialités méditerranéennes qui sortent chaussée de Wavre sont servies dans des bols à répartir entre convives. “Au Liban, au Maroc, tout le monde mange dans la même casserole”.

Simona El-Harar, cheffe du restaurant Kitchen 151 à Ixelles, est la reine de la cuisine méditerranéenne à Bruxelles. Elle le prouve dans un bouquin épais 100% street food, voyage des rives de la mer Méditerranée au Moyen Orient.
Simona El-Harar. ©EdA - Julien Rensonnet
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Je fais beaucoup de festivals street-food. Tout le monde y dresse des assiettes! Mais, c'est pas de la street-food, ça!

Cette idée du partage ramène Simona El-Harar à son enfance. “Du Maroc, ma famille a déménagé en Israël. Une grande famille. Quand je me réveillais à 6h30 pour aller à l’école, dans la cuisine, je sentais l’ail, le kefta, le riz, l’origan qui mijotaient dans 4 ou 5 grandes casseroles. Ma maman se levait à 5h du matin pour tout préparer. Toute ma vie, j’ai été sa sous-cheffe. Avec ma meilleure amie indienne, pendant 6 ans, on s’est échangé nos repas : elle me donnait ses pommes de terre, moi mes houmous et falafels”. La sympathique Bruxelloise se souvient aussi du marché d’Ashdod, sa ville natale et 1er port israélien, où son papa se fournissait en poisson. “Nos grands-parents, ils mangeaient au resto ? ! Non ! Au marché ! Avec les mains”. Le repas sur le pouce, pris sur un étal ou depuis une simple ouverture dans un mur, elle a ça dans le sang.

”Il y a une vie avant et après le zaatar”

Simona El-Harar, cheffe du restaurant Kitchen 151 à Ixelles, est la reine de la cuisine méditerranéenne à Bruxelles. Elle le prouve dans un bouquin épais 100% street food, voyage des rives de la mer Méditerranée au Moyen Orient.
Certains Israéliens filent directement au Kitchen 151 dès le pied posé à Zaventem. ©EdA - Julien Rensonnet

Après quelques années de formation autodidacte dans le catering en Israël, Simona suit son partenaire à Bruxelles. “Je ne connaissais personne. Mais j’ai ouvert le resto comme ma maison. Je voulais qu’on y vienne comme on va chez ses amis. Je cuisine ce que j’aime et ce que je mange”. Dont beaucoup de légumes. “J’adore ça. Mais pas trop cuits. J’aime le croquant. Pas comme la ratatouille”. Kitchen 151 attire donc les végétariens de Bruxelles. La cuisine y est simple, mais travaillée. “Pas juste quelques betteraves et du couscous. Ni quelques légumes crus à picorer”. Et toujours relevée de secrets méditerranéens. “Il y a une vie avant et après le zaatar”, rit-elle en parlant de ce mélange de thym, origan, sésame et sumac, salé et huilé. “En Israël, on cueille l’origan dans les arbres, on le prend comme ça. Mon zaatar, c’est le meilleur. Mais on en trouve du bon dans certains supermarchés de Bruxelles”.

Ses secrets street food, Simon El-Harar les divulgue dans un livre épais de 75 recettes. Simples et rapides, c’est promis. On y voyage d’Israël à la Turquie en passant par l’Irak, le Liban, le Yemen, l’Égypte, la Tunisie, la Grèce, le Maroc et même la Géorgie, dont une forte communauté habite Ashdod. “Pour les Européens, j’ai rassemblé un petit souvenir de tous ces pays. Un bon résumé de ce qu’est la street food en Méditerranée et au Moyen Orient”. De quoi attirer les Israéliens dès qu’ils débarquent à Bruxelles. “Je suis parfois leur première étape après Zaventem”, glisse la cheffe. “Certains viennent même en Belgique juste pour manger chez moi”. C’est que l’Ixelloise a eu son moment de gloire dans une émission culinaire sur Netflix. “J’étais beaucoup dans les news. À Ashdod, on me reconnaît dans la rue”.

Simona El-Harar, cheffe du restaurant Kitchen 151 à Ixelles, est la reine de la cuisine méditerranéenne à Bruxelles. Elle le prouve dans un bouquin épais 100% street food, voyage des rives de la mer Méditerranée au Moyen Orient.
Simona El-Harar. ©EdA - Julien Rensonnet
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Dans le désert d'Israël, si tu t'arrêtes pour prendre de l'eau, les Bédouins sortent de leurs tentes et t'offrent ce pain, le laffa, si simple.

Simona El-Harar, cheffe du restaurant Kitchen 151 à Ixelles, est la reine de la cuisine méditerranéenne à Bruxelles. Elle le prouve dans un bouquin épais 100% street food, voyage des rives de la mer Méditerranée au Moyen Orient.
175 pages et 74 recettes street food méditerranéenne. ©EdA - Julien Rensonnet

Si elle ne devait retenir qu’une recette, Simona El-Harar choisirait sans hésiter le laffa bédouin. Il condense tout son sens de l’hospitalité, inspiré non pas des rues de Tel Aviv mais du désert. “Là-bas, si tu t’arrêtes pour prendre de l’eau, ils sortent de leurs tentes et t’offrent ce pain, si simple”. Il ressemble au pain kebab vendu par tonnes dans tous les snacks de Bruxelles. “Mais personne ne fait le laffa maison en Belgique. Pourtant, c’est si facile. Je voulais rendre hommage aux Bédouins”. Délicieux. Et pratique : quand on empoigne ce pain plat pour manger en rue, on épargne un peu ses mains…

+“Street Food, Le Cœur de la cuisine Méditerranéenne”, par Simona El-Harar, Racine, 275p., 25,95€


Bruxelles, capitale street food

Illustrations pour l'agenda Bruxelles du vendredi 12 mai 2023.
- ©StrEat Fest

Aucune capitale n’y échappe, aucun city trip ne la zappe : la street food est désormais bien ancrée dans nos habitudes. Il est loin le temps où le jambon-fromage, le cornet de pâtes, le kebab ou la mitraillette étaient les seules options. En 2023, la cuisine de rue est plus créative que jamais. Mais ses règles restent inchangées : elle doit être ludique, rapide et pas trop chère (même si certains concepts bruxellois profitent de la tendance pour se sucrer). Les 75 chefs tenteront de vous le prouver ce week-end pour le 2e StrEat Fest à Tour&Taxis. Parmi eux, on compte même un double étoilé néerlandais, Soenil Bahadour, et un contingent wallon.

Après une édition 2022 qui a attiré 9.000 gourmands, de nombreuses adresses bruxelloises remettent le couvert, qu’elles soient sucrées ou salées, carnées ou vegans. Dont La Canne en Ville, La Bonne Chère, Humphrey, Bia Mara, Laurent Gerbaud, Fernand Obb, Bikette, La Fruitière, Chouconut, Cokoa, Tatar, Chez Martha, Mo Mo, Kitsune, et donc Kitchen 151. La recette de l’an dernier est peaufinée : le festival prévoit aussi coin enfants, marché, concerts et ateliers gratuits. Dont du pairing bière-chocolat ou cocktail-street food, des recettes de sauces véganes, des conseils pour déguster le fromage autrement et même du coaching pour instagramer vos plats. À mettre immédiatement en pratique.

+“StrEat Fest 2023”, jusqu’au 14 mai à Tour&Taxis. L’entrée est payante : 12/14€ et 6/7 € entre 6 et 12 ans. Le payement des dégustations, annoncées “aux alentours de 5€”, se fait par chargement d’une carte “cashless”.

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