"Ma cliente n’a pas voulu la mort de Fabrice Kayembe Makolo", selon la défense
Luciana Mbote, âgée de 33 ans, est accusée d’avoir volontairement tué son compagnon, le 4 juin 2021 à Ixelles, à la suite d’une dispute.
- Publié le 26-04-2023 à 18h55
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L’accusée s’est rendue coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, en tentant de détourner le couteau, a livré comme analyse Me Nicolas Cohen, qui défend l’accusée avec Me Aurore Snyers, mercredi matin, devant la cour d’assises de Bruxelles. “Ma cliente n’a pas voulu la mort de Fabrice Kayembe Makolo”, a-t-il plaidé.
Luciana Mbote, âgée de 33 ans, est accusée d’avoir volontairement tué son compagnon, Fabrice Kayembe Makolo, le 4 juin 2021 à Ixelles, à la suite d’une dispute.
La victime est décédée après avoir été poignardée dans le cou. La version qui a été donnée par l’accusée, soit que la lame s’est accidentellement enfoncée dans le cou de son compagnon lorsqu’elle a retenu la main de celui-ci, est plausible selon Me Cohen. Et il est juridiquement possible de qualifier cela en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, a-t-il assuré. Selon le pénaliste, le geste de sa cliente, qui dit avoir pris la main de son compagnon lorsque celui-ci a positionné le couteau contre son cou, résulte de leur dispute. “Elle participe à une action dynamique”, a-t-il dit. Et ce geste de détourner la course d’un objet peut être qualifié en droit de coups et blessures volontaires, qui, en l’occurrence, ont causé la mort sans intention de la donner. La défense demande donc au jury de requalifier la prévention de meurtre en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Quant à la trajectoire de la lame, le médecin légiste avait déclaré qu’elle ne coïncidait pas avec la version donnée par l’accusée. Me Cohen a nuancé : “le légiste ne dit pas que c’est impossible. Il dit que ça ne correspond pas à ce qu’il observe lors de la reconstitution, où c’est un policier qui joue le rôle de la victime et où madame Mbote reproduit les gestes qu’elle a posés. Plusieurs éléments, comme le fait que la victime était peut-être penchée ou voûtée, ont pu faire varier la trajectoire, et on n’a pas tenu compte de ces éléments lors de la reconstitution”. De plus, pour Me Cohen, le fait que la victime ne présentait aucune lésion de défense contredit la thèse de l’accusation, selon laquelle Luciana Mbote a attaqué son compagnon avec un couteau.
Par ailleurs, le pénaliste a suggéré au jury, au cas où ce dernier établirait qu’il y a eu meurtre, d’examiner si l’accusée n’a pas agi en état de légitime défense ou s’il n’y a pas d’excuse de provocation à retenir dans son chef.
Le rappel des faits
Luciana Mbote, une femme de 33 ans, est accusée de meurtre sur son compagnon, Fabrice Kayembe Makolo, un homme âgé de 39 ans, commis le 4 juin 2021 vers 03h50, dans leur appartement rue de Livourne à Ixelles. La victime a reçu un coup de couteau dans le côté gauche du cou, qui a sectionné l’artère carotide et une veine jugulaire.
D’après la dernière déclaration de Luciana Mbote, qu’elle a maintenu devant la cour, une dispute a éclaté entre son compagnon et elle et ce dernier a saisi un couteau, menaçant de se le planter dans le cou. Elle a ensuite tiré sur la main de son partenaire pour éloigner le couteau de sa gorge, tandis qu’il tirait dans l’autre sens. Lorsqu’elle a lâché la main de celui-ci, la lame a transpercé le cou.
Néanmoins, dans une première déclaration spontanée à la patrouille de police intervenue sur les lieux, l’accusée avait déclaré que le trentenaire était tombé et s’était cogné la tête. Elle avait rapidement donné une seconde version, affirmant avoir pris un couteau, avoir repoussé son compagnon et l’avoir “touché” au cou.
L’accusée a raconté qu’au cours de la dispute, elle avait été violemment frappée. Un médecin légiste l’ayant examinée a constaté qu’elle présentait plusieurs blessures. Il ressort aussi de l’enquête que la police était intervenue à diverses reprises au domicile du couple pour violence conjugale. Luciana Mbote et Fabrice Kayembe Makolo avaient été condamnés tous deux par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour des coups et blessures l’un contre l’autre.