Plus de 50 victimes témoignent : un agresseur sexuel sévit à Ixelles, “on a des témoignages d’il y a six ans, comme d’hier”
Dans les quartiers étudiants d’Ixelles, un homme interpelle des jeunes femmes – souvent ivres, et les contraint à l’embrasser. En un week-end, entre 50 et 100 témoignages ont fleuri. Les autorités appellent à porter plainte.
Publié le 10-01-2023 à 08h08 - Mis à jour le 10-01-2023 à 08h32
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Il est minuit trente, mardi dernier, quand Laure (prénom d’emprunt) quitte un bar de la place Fernand Cocq pour rentrer chez elle. Sur le chemin, un homme l’interpelle, “il me dit qu’il est Brésilien, que c’est son dernier jour à Bruxelles, il me propose de jouer à un jeu”. Ivre, la jeune femme ne comprend pas très bien ce qu’il se passe, l’homme l’entraîne alors dans le renfoncement d’une entrée de maison dont il la fait asseoir sur le seuil. “Il me propose de faire un pierre-papier-ciseaux, et me dit qu’il y aura un gage si je perds. Je joue, je perds, il me demande de l’embrasser, je lui dis que je ne suis pas confortable avec la situation. Et puis il m’a forcée à l’embrasser. Je me suis sentie prise au piège.” Laure arrivera finalement à se dégager, et à prendre ses jambes à son cou jusqu’à la trottinette la plus proche. “Je me sentais mal, j’avais honte, je ne comprenais pas ce qu’il s’était passé…”
Deux jours plus tard, la jeune femme découvre sur le compte Instagram @collages_feministes_bruxelles un témoignage similaire au sien. “On a reçu un témoignage d’une fille qui parlait d’une situation arrivée à ses deux potes”, raconte une administratrice du compte. “Et puis, ça a été une déferlante”, à l’œil, elle estime le nombre de témoignages entre 50 et 100, tous avec le même procédé à quelques détails près. “Il y a des témoignages de faits qui se sont passés il y a six ans, d’autres datent d’hier. […] Ces derniers temps, il agit surtout à Ixelles, au cimetière d’Ixelles, place Flagey, sur le campus du Solbosch ou de la Plaine, mais il y aurait aussi des témoignages concordants à Louvain-la-Neuve.”
La Dernière Heure a pu s’entretenir avec d’autres jeunes femmes victimes de “Pedro”, le nom utilisé par le suspect. Pour l’une d’entre elles, l’homme aurait tenté de s’introduire dans son appartement.
Plusieurs plaintes
Contactée, la zone de police Bruxelles Capitale-Ixelles assure être au courant de l’affaire et encourage les victimes à prendre contact, ainsi qu’à porter plainte. À bonne source, on apprend qu’au moins une plainte a été déposée et qu’une plainte commune serait envisagée, ce qui pourrait encourager Lola à s’y joindre, “pour avoir plus de poids”, d’autant plus que les victimes ont la photo de l’auteur présumé. Si l’on n’a pas encore la confirmation de cas de viols, il y a lieu de parler ici – a minima d’atteinte à l’intégrité sexuelle.
Niveau politique, le cabinet du bourgmestre Doulkeridis assure “prendre les témoignages très au sérieux, les commerces et établissements Horeca des quartiers ont été prévenus”. Et d’annoncer une vigilance particulière, assurée d’abord par des patrouilles de police “c’était une des priorités du plan zonal de sécurité”, ensuite avec les gardiens de la paix qui déambulent jusqu’à 20h et des médiateurs de nuit qui prennent le relais jusqu’à 2h du matin.
Une semaine après le viol d’une étudiante sur le campus de la Plaine, ce nouveau dossier démontre que la sécurité n’est pas encore assurée pour les jeunes femmes dans les quartiers étudiants et festifs. Une manifestation aura d’ailleurs lieu ce mardi sur le campus de la Plaine pour appeler l’ULB à prendre plus de mesures de prévention. Laura, quant à elle, songe à prendre un taxi pour ses prochains retours de soirée, “même si ça risque de me coûter un bras”.