Procès de l’assassinat de Dido à Matonge: «On est venu pour attaquer et pour tuer, pas pour aller manger»

Le procès en assises pour le meurtre de Dido à Matonge se poursuit à Bruxelles. Ce lundi 10 octobre 2022, la partie civile a évoqué la préméditation dans le chef des prévenus. 

Belga
 La cour d’assises de Bruxelles doit se prononcer sur la responsabilité des 7 accusés dans la mort de Dido à Matonge en 2019.
La cour d’assises de Bruxelles doit se prononcer sur la responsabilité des 7 accusés dans la mort de Dido à Matonge en 2019. ©BELGA

"On est venu pour attaquer et pour tuer, pas pour discuter ou pour aller manger", a déclaré, en parlant des accusés, le conseil de la compagne de la victime, lundi matin, devant la cour d’assises de Bruxelles. L’avocat a plaidé la culpabilité des accusés pour meurtre, avec la circonstance aggravante de préméditation.

Pour rappel, 7 hommes, dont un fait défaut, sont accusés d’assassinat sur la personne de Dieudonné Boula, surnommé Dido, commis dans le quartier Matonge à Ixelles, le 26 mai 2019.

Armé d’une chaussette lestée

Les premiers avocats de la partie civile ont pris la parole, lundi en fin de matinée, et ont plaidé la culpabilité des accusés pour assassinat. Selon eux, la version de Daniel Nsumbu, qui est en aveu d’avoir porté les deux coups de couteau mortels, ne tient pas la route. Ce dernier avait expliqué que le dénommé Philippe M., qui se trouvait à l’entrée de la galerie commerciale de Matonge, l’avait appelé en lui disant: "Viens, on va discuter", puis que la discussion avait dégénéré en bagarre. "Pourquoi Daniel Nsumbu accepte-t-il à ce moment d’entrer dans la galerie alors qu’il déclare que, s’il s’est rendu armé d’une chaussette lestée à Matonge ce soir-là, c’est parce qu’il y avait des tensions entre différents groupes", a exposé l’un des conseils de la compagne de la victime. "Ce n’est pas lui qui est danger, c’est bien lui qui met les autres en danger".

Pour l’avocat, il est clair, sur certaines images de caméras de vidéo-surveillance, que Daniel Nsumbu était armé d’une chaussette lestée et d’un couteau, que Maxime Kacou Koffi était muni d’une matraque et que Johan Bofane était porteur d’un revolver. Et il est persuadé, a-t-il dit, qu’Adri Nsumbu était aussi en possession d’une arme à feu. L’avocat a rappelé que, selon les enquêteurs, l’objet métallique, qu’on voit cet accusé ramasser à un moment donné dans la galerie, est une cartouche.

"Je vous demande de tenir compte de tout cela: du contexte de tension extrême entre les deux groupes, de l’arrivée des accusés sur les lieux ensemble, du fait qu’ils étaient armés et de l’embuscade avec cette arrivée des uns et des autres de part et d’autre de la galerie. On est venu pour attaquer et pour tuer, pas pour discuter ou pour aller manger", a-t-il plaidé. Selon l’avocat, les faits ont donc été prémédités, à tout le moins dans le chef de Daniel Nsumbu, de Maxime Kacou Koffi et de Johan Bofane, qui ont poursuivi la victime jusqu’en dehors de la galerie et ont continué à la frapper.

Capuches sur la tête

"C’est une guerre entre bandes urbaines, c’est clair. Elles se disputent un territoire sur lequel elles vendent des stupéfiants", a avancé l’un des conseils de la partie civile ensuite, dans l’après-midi de ce 10 octobre 2022..

"Dido a été mis à mort. Tout a été prémédité. On peut parler d’expédition punitive, de vengeance", a plaidé l’un des avocats de la famille de la victime. "Plusieurs éléments le montrent, à commencer par la réunion de préparation chez Adri Nsumbu où tous sont présents. Ensuite, ils embarquent à sept dans deux voitures et ils font le trajet ensemble, quasiment pare-chocs contre pare-chocs. Sur les images de caméras, on voit que la Smart de Maxime Koffi fait un premier tour du bloc, pour aller voir si Dido et ses amis sont dans la galerie, puis elle revient à hauteur de la Peugeot de Daniel Nsumbu. Je pense que maintenant plus personne ne croit que quiconque s’est rendu ce soir-là à Matonge pour aller manger", a-t-il avancé.

L’avocat a rappelé que les accusés étaient tous capuche sur la tête, pour cacher leur visage, et il a soutenu, comme ses confrères, Me Romain Delcoigne et Me Pierre Vandueren, également avocats de la partie civile, que l’objet métallique que fait tomber Adry Nsumbu était une cartouche. "Il était en train de mettre la balle dans le revolver lorsqu’il l’a fait tomber. Ensuite, les faits à l’intérieur de la galerie durent exactement une minute et 34 secondes, puis la victime réapparaît sur les images, poursuivies par certains des accusés", a-t-il affirmé.

"Tous les accusés sont concernés par la préparation. Dès qu’ils se sont assis dans ces voitures, armés, ils étaient collectivement responsables des suites de cette expédition. Dès ce moment, la messe est dite", a déclaré l’avocat. Ce dernier a également évoqué le contexte des faits, "une guerre entre bandes urbaines", a-t-il lancé, qui "se disputent un territoire sur lequel elles vendent des stupéfiants".

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