Violences sexuelles: les cinq mesures que le fédéral veut accélérer
Les cabinets de Sarah Schlitz, Annelies Verlinden et Vincent Van Quickenborne se sont réunis «en urgence» ce mercredi pour faire face à la problématique des agressions sexuelles. Ils veulent notamment lutter contre le «chiffre noir».
Publié le 20-10-2021 à 18h07
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La secrétaire d’État à l’Égalité des genres, Sarah Schlitz (Écolo), l’avait annoncé en fin de semaine dernière, dans le contexte de l’indignation suite aux agressions sexuelles perpétrées dans un contexte festif. Elle a demandé une réunion en urgence entre son cabinet et ceux de la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), et de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld).
Le parquet de Bruxelles, pour rappel, a ouvert une enquête suite à des plaintes portant sur des viols et agressions qui auraient été commises par au moins un employé des deux bars du cimetière d’Ixelles. Dans la foulée, de nombreux témoignages ont été publiés sur les réseaux sociaux, conduisant à un large mouvement de soutien sous la bannière #BalanceTonBar.
La réunion entre les trois cabinets a donc duré 2 h 30, ce mercredi. Elle a été «constructive» et «le sentiment d’urgence est partagé entre les trois responsables politiques», font-ils savoir. Ils rappellent au passage que «le gouvernement fédéral a fait des violences sexuelles une priorité dès son entrée en fonction».
La secrétaire d’État Schlitz et les ministres Verlinden et Van Quickenborne déclarent vouloir accélérer la mise en œuvre d’une série de cinq mesures, en attendant l’adoption d’un Plan national de lutte contre les violences de genre (PAN), actuellement finalisé par Sarah Schlitz.
1.Un meilleur diagnostic
Les trois membres du gouvernement fédéral veulent travailler pour «un meilleur diagnostic sur l’importance du phénomène des agressions sexuelles, notamment dans les lieux de sortie».
2.Un meilleur accueil
Ils souhaitent aussi «un accueil optimal des victimes» et une amélioration de la récolte de preuves lors des plaintes.
À noter que le futur PAN devrait permettre de développer la formation du personnel de police dans l’accueil des victimes, en plus de plus de 1700 magistrats qui participent déjà à des formations sur les violences de genre.

«Je veux faciliter le dépôt de plainte pour violences sexuelles. En collaboration avec la police, j’étudie la possibilité de signaler en ligne les cas non urgents. De cette manière, les victimes peuvent être aidées activement et la police peut se faire une meilleure idée du problème», indique Annelies Verlinden.
3.Une réaction rapide
«Dès que plusieurs témoignages au sein des Centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) se concentrent sur un même lieu, il faut agir immédiatement», assurent les trois responsables politiques.
4.Une meilleure communication
Ils veulent aussi davantage faire connaître les CPVS. Trois sont actuellement ouverts, à Bruxelles, Liège et Anvers. Sarah Schlitz a déjà annoncé l’ouverture de deux nouveaux, à Anvers et Charleroi, en novembre. D’autres suivront en 2022.
«Ce modèle a fait ses preuves depuis sa création en 2017», explique Sarah Schlitz. «Comme il est possible de recueillir les preuves et de porter plainte sur place, on constate que les victimes portent sept fois plus plainte lorsqu’elles passent par un CPVS que lors des parcours “habituels”.»
5.Réduire le chiffre noir
La problématique du «chiffre noir» reste centrale. Ce sont tous les faits qui passent sous les radars. L’idée consiste ici à impliquer tous les acteurs concernés dans le cadre d’un projet pilote pour lutter contre ce chiffre noir, qui sera mené sous la houlette de Sarah Schlitz.
«Nous constatons une importante différence entre le nombre et la gravité des témoignages publiés ces derniers jours sur internet, les chiffres de la police, et les chiffres des Centres de prise en charge des violences sexuelles», commente Sarah Schlitz. «Nous voulons joindre nos moyens d’action pour avancer vers une approche intégrée où chaque acteur est correctement impliqué.»