IGLOO: lieu où le jazz réchauffe
Quarante ans et près de 300 disques: le label IGLOO fête l’événement. Au Marni ce samedi, un peu partout en Belgique et en Europe ensuite.
Publié le 13-09-2018 à 06h00
Trois membres fondateurs partagent toujours aujourd’hui le désir de faire connaître les musiciens de la jeune génération du jazz: Christine Jottard, Daniel Léon et Daniel Sotiaux, ce dernier président d’IGLOO que nous rencontrons pour évoquer l’aventure.
Quand on parle des débuts du label IGLOO, le disque du trio avec Chet Baker vient tout de suite à l’esprit.
C’est en effet un moment important: celui où on reprend le label LDH, c’est aussi le premier vinyle que l’on transfère en CD.IGLOO c’est 40 ans d’existence et trois générations de musiciens. À Mons lors de l’hommage à Jacques Pelzer, ces trois générations étaient réunies sur scène: Philip Catherine, Éric Legnini, Antoine Pierre et Jean-Paul Estiévenart.
Comment naît l’idée d’un label indépendant au tournant des années 70/80?
La Belgique a longtemps été une terre de colonisation des grands labels internationaux qui avaient une marge de manœuvre très réduite en ce qui concerne la production locale. En même temps, dans les années 70, les fabricants de matériel technique démocratisent leurs produits; naît alors la possibilité de créer des unités plus petites. C’est comme ça que Daniel Léon, alors encore étudiant à l’INSAS, va pouvoir monter un premier studio près de la gare du Midi, le studio CARAMEL. C’est le moment clé qui va entraîner des vagues d’auto-production dans le folk, le jazz, la chanson française.
Comment a évolué IGLOO?
Je ne peux m’imaginer l’histoire du début que comme une forêt: peut-être que l’arbre IGLOO est le premier à sortir de terre, il y en a d’autres qui suivent comme LDH créé par des musiciens. Plus tard, est fondée la Sowarex pour insuffler dans le paysage de la communauté française des moyens suffisants pour supporter les industries culturelles musicales. Se crée aussi le label Franc’Amour, et il y aura de plus en plus de branches et d’arbres dans cette forêt avec un label jazz, un label Mondo, un label rock, un label IGLECTIC.
Quels sont les souvenirs marquants sur ces quarante années?
Le premier disque restera toujours un moment de création fabuleux. Déposer la plaque sur la platine pour la première fois et entendre les sons qu'on a entendus au moment où Daniel Léon a mis le micro. Il y a aussi le bonheur de former une équipe. Ce sont aussi des rencontres comme celle du guitariste Pierre Van Dormael, une personne qui a compté pour le label: par son duo avec Soriba Kouyaté, avec L'Ame des Poètes, ou avec ce chef-d'œuvre qu'est Vivaces.
Et le futur d’IGLOO?
Il faut tout mettre en œuvre pour que l’aventure IGLOO se poursuive. On est dans un moment charnière, l’industrie musicale change et il faut trouver des solutions pour que le patrimoine reste. Il n’y pas de lieu mémoriel de la musique dans notre pays.
Notre volonté est d’archiver soit avec le catalogue physique ou de façon dématérialisée en streaming gratuit sur le site. L’objectif est que tout soit accessible pour les amateurs et que le patrimoine vive. On a aussi créé la collection IGLOO Classics qui réédite des disques qui n’avaient pas existé en CD. Quand on crée un label il faut se dire qu’on ne le fait pas pour soi et qu’il faut donner l’accès à la musique au plus grand nombre.

+ Soirée anniversaire du 15/09 dès 20h au Théâtre Marni à Ixelles. Deux concerts: le trio de J-P Estiévenart avec en invité Fabian Fiorini et le LG Jazz Collective avec Sacha Toorop. En fin de soirée, Manu Louis en solo.