Un nouveau canard au Marais Wiels : il camoufle un robot conçu par des élèves forestois pour mesurer la qualité de l’eau

Le projet collaboratif SmartWater mesure la qualité des eaux de surface bruxelloises. L’idée est d’informer les Bruxellois de ces relevés via une plateforme en temps réel. Des étudiants de l’INRACI, à Forest, ont conçu leur sonde pour le Marais Wiels : un “canard robot”.

Le cri des bernaches s’élève. Il couvre le roulement des trams dans l’avenue forestoise en surplomb. Pas celui des trains par contre, qui glissent en hauteur de l’étang depuis la gare du Midi, à une encâblure. Alexandre Campo hausse le ton. Ce 21 mars 2023 au Marais Wiels, le chercheur de l’ULB met à l’eau un nouveau robot aquatique dans le cadre du projet SmartWater. Ce sont les étudiants en informatique et électronique de l’INRACI qui l’ont mis au point, sur base de plans en open source. Le scientifique vulgarise pour eux l’importance de l’exercice.

Le canard de mesure de l'INRACI a été mis à l'eau ce 21 mars 2023 au Marais Wiels. Il recevra des petits frères dans les mois et années à venir puisque les élèves forestois participeront encore au projet collaboratif SmartWater d'analyse des eaux de surface bruxelloises.
Le canard de mesure de l'INRACI a été mis à l'eau ce 21 mars 2023 au Marais Wiels. Il recevra des petits frères dans les mois et années à venir puisque les élèves forestois participeront encore au projet collaboratif SmartWater d'analyse des eaux de surface bruxelloises. ©EdA - Mathieu Golinvaux

”SmartWater, c’est un projet collaboratif qui mesure la qualité des eaux de surface à Bruxelles. L’ambition est de développer une application ou un site web qui permette de regarder en temps réel toutes les données des différentes sources, transmises depuis plusieurs sites aquatiques par plusieurs instruments de mesure”. Les jeunes ont donc combiné leurs connaissances en électronique et codage pour s’approprier le robot. Innovant : ils ont donné à leur engin l’apparence d’un canard. “Cette forme lui permet de mieux se fondre dans la masse et de ne pas effrayer les autres animaux”, éclaire Harry Pieteraerens, 18 ans. “En classe, on a travaillé sur la programmation du robot depuis notre PC, on a testé ses composants et le contrôleur. Le robot va récupérer les données d’analyse de l’eau, les envoyer par ondes radio, et pas par wifi ni 4G. Ensuite, on va sauvegarder les données sur le serveur. Notre application fera des requêtes au serveur pour afficher les données aux utilisateurs”. Les étudiants de Forest travaillent sur leur col vert depuis 4 mois. Ceux qui les suivront développeront d’autres robots dans les années à venir. “Le plus difficile, c’est le premier”, constate leur professeur, tout aussi passionné. “Il essuie tous les petits problèmes”.

guillement

Le robot va envoyer les données d'analyse de l'eau par ondes radio. On va les sauvegarder sur le serveur. Notre application fera des requêtes au serveur pour afficher les données aux utilisateurs.

Algues mangeuses d’oxygène

Le canard de mesure de l'INRACI a été mis à l'eau ce 21 mars 2023 au Marais Wiels. Il recevra des petits frères dans les mois et années à venir puisque les élèves forestois participeront encore au projet collaboratif SmartWater d'analyse des eaux de surface bruxelloises.
Le canard est une sonde "low cost" de mesure de la qualité de l'eau. Tout son fonctionnement est programmable en open source. ©EdA - Mathieu Golinvaux
Un nouveau canard au Marais Wiels? 

Une école secondaire de Forest, l'INRACI (Institut Radioélectricité et Cinématographie - école secondaire technique) a réalisé un prototype de robot, camouflé en canard, destiné au suivi de la qualité de l'eau du Marais Wiels en temps réel. Le robot a été réalisé par l'école avec l'aide du projet expérimental Smartwater qui a fourni les plans et une assistance technique et du projet Triton qui a fourni un soutien pédagogique.
Alexandre Campo. ©Mathieu Golinvaux

Mais pour mesurer quoi ? “Le taux d’oxygène, très important pour les milieux aquatiques”, pointe Alexandre Campo. “À Bruxelles, on fait face à des algues qui poussent très vite, pompent tout l’oxygène et la lumière. Ça déséquilibre l’écosystème”. Cette pollution naturelle, c’est l’eutrophisation. Aux saisons chaudes, elle provoque les morts massives de poissons dans certains étangs ou le canal. C’est moins visible : en profondeur, elle étouffe aussi de nombreux organismes. “On mesure aussi l’acidité via le PH, la conductivité soit la concentration de particules dans l’eau. Et ces capteurs montrent où les pluies drainent les pollutions”. Les sondes “low cost” promues par SmartWater ne sont par contre pas assez perfectionnées pour quantifier les phosphates et nitrates. Les chercheurs continuent ainsi à échantillonner les étangs. Ce suivi “physico-chimique et biologique” des eaux doit permettre d’identifier les pistes pour améliorer leur qualité. Harry rêve tout haut. “Et pourquoi pas y nager ?”

Un nouveau canard au Marais Wiels? 

Une école secondaire de Forest, l'INRACI (Institut Radioélectricité et Cinématographie - école secondaire technique) a réalisé un prototype de robot, camouflé en canard, destiné au suivi de la qualité de l'eau du Marais Wiels en temps réel. Le robot a été réalisé par l'école avec l'aide du projet expérimental Smartwater qui a fourni les plans et une assistance technique et du projet Triton qui a fourni un soutien pédagogique.
Camille Gaulier. ©Mathieu Golinvaux
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Au Marais Wiels, l'eau est plus propre que ce qu'on pourrait penser. C'est dû à la nature du site: l'eau s'est accumulée suite au percement de la nappe phréatique par un chantier immobilier.

Lancé en 2021 pour 3 ans via un financement d’Innoviris, SmartWater réunit ULB, VUB, Bruxelles Environnement, Ville de Bruxelles et associations. Il monitore aujourd’hui une quinzaine de lieux dans Bruxelles. Les vallées de la Woluwe et du Molenbeek sont visées, comme la Senne et le canal. “On a mesuré dans le parc Tournay-Solvay, au Musée des Égouts, au Rouge-Cloître, sur les radeaux végétalisés au Bryc dans le port de Bruxelles, et on sera bientôt au parc Josaphat”, liste Camille Gaulier, ingénieure en qualité des eaux de surface à Bruxelles Environnement et coordinatrice SmartWater pour l’administration régionale. “On compte une cinquantaine d’étendues d’eau à Bruxelles et chacune a des problématiques différentes”. Au Marais Wiels, les chercheurs ont eu la confirmation que “l’eau y est plus propre que ce qu’on pourrait penser. C’est dû à la nature du site : l’eau s’est accumulée suite au percement de la nappe phréatique par un chantier immobilier”, rappelle Camille Gaulier. “L’eau est donc moins sujette à l’arrivée de pollutions”. Le nouveau canard programmé par les jeunes gardera un œil sur tout ça. Quand il sera attaché et lesté, histoire qu’il ne baguenaude pas dans les roseaux. “Cette idée du canard est vraiment bonne”, salue la scientifique. “On a eu quelques cygnes qui se fâchaient sur nos robots. Nos machines questionnent aussi les passants. Désormais, on les camoufle avec des tissus techniques”.

Le canard de mesure de l'INRACI a été mis à l'eau ce 21 mars 2023 au Marais Wiels. Il recevra des petits frères dans les mois et années à venir puisque les élèves forestois participeront encore au projet collaboratif SmartWater d'analyse des eaux de surface bruxelloises.
La nappe phréatique où la brasserie puisait ses eaux jadis a été accidentellement percée en 2007 lors d'un chantier de logements depuis abandonné. ©EdA - Mathieu Golinvaux
Un nouveau canard au Marais Wiels? 

Une école secondaire de Forest, l'INRACI (Institut Radioélectricité et Cinématographie - école secondaire technique) a réalisé un prototype de robot, camouflé en canard, destiné au suivi de la qualité de l'eau du Marais Wiels en temps réel. Le robot a été réalisé par l'école avec l'aide du projet expérimental Smartwater qui a fourni les plans et une assistance technique et du projet Triton qui a fourni un soutien pédagogique.
Geneviève Kinet. ©Mathieu Golinvaux
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Avant l'industrialisation, Forest était une zone rurale, maraîchère, mais aussi un lieu où les Bruxellois se promenaient le dimanche, dans la vallée de la Senne.

Professeur et directeur de l’INRACI pataugent dans leurs waders pour immerger le robot-canard. Au grand plaisir des élèves forestois qui immortalisent l’instant sur leurs smartphones. Tout ça fait sourire Geneviève Kinet, de Marais Wiels. L’ASBL lutte pour la préservation du point d’eau mué en réserve naturelle, qu’on sait menacé par un projet immobilier régional. “Voir que des écoles sont sur le coup, ça fait du bien. Car ce plan d’eau participe au rafraîchissement de la ville et à son maillage écosystémique. Alors on le défend. C’est pourquoi on y fait venir des primaires, secondaires, et même parfois des universitaires”. Si le détour relève souvent de l’activisme, le marais redevient donc une destination, comme au début du XXe siècle, avant l’implantation de la fameuse brasserie qui le surplombe. “Avant l’industrialisation, Forest était une zone rurale, maraîchère, mais aussi un lieu où les Bruxellois se promenaient le dimanche, dans la vallée de la Senne”. Ce que vous pourrez faire ce week-end des 25 et 26 mars, à l’occasion des Journées Bruxelloises de l’Eau.

Un nouveau canard au Marais Wiels? 

Une école secondaire de Forest, l'INRACI (Institut Radioélectricité et Cinématographie - école secondaire technique) a réalisé un prototype de robot, camouflé en canard, destiné au suivi de la qualité de l'eau du Marais Wiels en temps réel. Le robot a été réalisé par l'école avec l'aide du projet expérimental Smartwater qui a fourni les plans et une assistance technique et du projet Triton qui a fourni un soutien pédagogique.
Le canard-robot de l'INRACI fera des petits dans les mois et années qui viennent. ©Mathieu Golinvaux
Un nouveau canard au Marais Wiels? 

Une école secondaire de Forest, l'INRACI (Institut Radioélectricité et Cinématographie - école secondaire technique) a réalisé un prototype de robot, camouflé en canard, destiné au suivi de la qualité de l'eau du Marais Wiels en temps réel. Le robot a été réalisé par l'école avec l'aide du projet expérimental Smartwater qui a fourni les plans et une assistance technique et du projet Triton qui a fourni un soutien pédagogique.
Le canard est tenu en laisse avec une ficelle pour ne pas qu'il s'envole. ©Mathieu Golinvaux
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