L’Europe dit oui aux insectes
Petit à petit, les insectes arrivent sur le marché alimentaire. Si le public n’est pas encore prêt à manger des vers entiers, les mentalités évoluent doucement.
Publié le 12-09-2021 à 17h00
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Les insectes dans l'alimentation, on en parle depuis longtemps, mais ils restent rares sur les étals. Pourquoi? «Parce qu'il n'y a pas assez d'études sur le sujet et que l'Europe applique un gros principe de précaution», note Delphine Dulière. Avec Gabrielle Wittock, initiatrice du concept, elle commercialise des crackers à base de farine de grillons sous l'appellation Yuma Food, à Bruxelles. Toutefois, les lignes commencent à bouger puisque l'Union européenne a autorisé l'intégration de certains insectes dans les préparations culinaires et se penche sur de nouveaux dossiers (lire en page de droite).
Une bonne nouvelle pour Yuma Food, qui a lancé depuis peu la vente de ses crackers. «Il s'agit d'un premier produit pour amener les gens à considérer les grillons comme un aliment normal, indique Delphine Dulière. Il n'y a que 3% de farine de grillons dans la composition. On aimerait commercialiser des biscottes craquantes en janvier, avec un peu plus de farine d'insectes. Et par la suite, proposer de vraies alternatives à la viande, comme des burgers.»
Le plein de protéines
L'objectif est en effet de limiter sa consommation de viande dans un souci de préservation de l'environnement. Mais on ne devient pas végétarien en mangeant des insectes. «Cela reste des animaux. Pourtant, c'est plus éthique car les insectes vivent dans des endroits réduits, sombres et sont tués par refroidissement. Ils s'endorment donc sans souffrance. Nous nous fournissons dans un élevage aux Pays-Bas où les grillons sont tués au bout de 40 jours. Dans la nature, leur longévité est de 46 jours.» Il y avait auparavant un tel élevage en Belgique, mais il a fait faillite en raison du peu de demandes à l'époque.
Le choix du grillon dans la confection des crackers de Yuma Food ne s'est pas fait au hasard. «Nous avons choisi cet insecte car, à la suite d'une étude de marché, nous avons pu observer que les consommateurs étaient bien moins dégoûtés par l'idée de manger un grillon plutôt qu'un vers de farine, explique Gabrielle Wittock. Les mots «ver» et/ou «larve» rebutent directement le consommateur. Celui-ci va aussi plus facilement comparer le grillon aux crustacés que l'on retrouve déjà dans notre alimentation quotidienne, c'est souvent une comparaison qui facilite l'acceptation.» Les qualités nutritionnelles sont également intéressantes. «C'est l'espèce d'insectes comestibles accessible en Europe qui contient le plus de protéines.»