Il arnaquait des sans-papiers en promettant la régularisation: l’ex-élu MR Alain Nimegeers condamné à 30 mois de prison avec sursis
Alain Nimegeers, ancien élu du MR à la Ville de Bruxelles, a été condamné à 30 mois de prison avec sursis et à une amende de 1.600 euros pour corruption et escroquerie au préjudice de personnes sans-papiers. L’affaire est particulièrement sombre.
- Publié le 02-06-2023 à 13h20
- Mis à jour le 02-06-2023 à 13h21
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Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné, jeudi passé, Alain Nimegeers, ancien élu du MR à la Ville de Bruxelles, à une peine de 30 mois de prison avec sursis et à une amende de 1.600 euros pour corruption et escroquerie au préjudice de personnes sans-papiers, à qui il promettait de régulariser le séjour en Belgique.
Les faits ont lieu entre 2011 et 2018 lorsqu’Alain Nimegeers était conseiller communal, conseiller de police et conseiller au CPAS. En 2020, il avait été placé sous mandat d’arrêt et inculpé, ainsi que ses complices présumés.
Je n'avais ni la capacité ni les contacts pour faire avancer les choses. On faisait croire tous les deux qu'on connaissait des gens à l'Office des Étrangers pour obtenir des régularisations"
Devant le tribunal, le représentant politique a admis avoir promis, moyennant le paiement de sommes d’argent entre 200 et 5.000 euros, à une soixantaine de personnes, de leur apporter un appui pour la régularisation de leur séjour, pour l’octroi d’une aide sociale ou encore d’un logement social. Non seulement il s’agit d’actes illégaux, mais par ailleurs les fonctions de cet élu bruxellois ne lui permettaient pas d’agir en la matière.
Alain Nimegeers a mis en place cette escroquerie avec d’autres personnes, dont un homme, aujourd’hui décédé. Ce dernier s’occupait de chercher des victimes potentielles. Les sommes d’argent indûment obtenues étaient divisées entre eux.
”Aux toilettes”
Dans une audition datant de février 2020, l’homme politique, âgé aujourd’hui de 65 ans, avait expliqué leur modus operandi : “La personne met l’argent dans la tirette extérieure de ma mallette, soit dans une enveloppe soit dans une farde. Ensuite, A. [le complice] prenait le contenant de l’argent et se retirait aux toilettes où il effectuait le partage puis me remettait ma part. On avait pris l’habitude de faire comme cela […]”. Il avait précisé : “je n’avais ni la capacité ni les contacts pour faire avancer les choses. On faisait croire tous les deux qu’on connaissait des gens à l’Office des Étrangers pour obtenir des régularisations”.
Il a agi à des fins uniquement lucratives au préjudice de personnes se trouvant en situation de vulnérabilité.
Le tribunal a particulièrement insisté sur “la gravité de tout acte qui consiste à exiger des sommes d’argent en provenance de personnes en situation de précarité afin qu’elles aient l’espoir d’obtenir un 'passe-droit'“. Pour le tribunal, “ces actes sont d’autant plus inquiétants dans le chef d’Alain Nimegeers qu’il savait d’emblée qu’il ne pourrait pas apporter une quelconque aide à ces personnes, lesquelles ont été trompées. Il a agi à des fins uniquement lucratives au préjudice de personnes se trouvant en situation de vulnérabilité, ce qui constitue un élément aggravant”.
Le tribunal a néanmoins également tenu compte de la remise en question d’Alain Nimegeers et de sa situation financière “relativement précaire”.