Fini les files au recypark : B.R.Met vous câble avec les coursiers à vélos pour enlever vos vieux métaux et électros (vidéo)
L’entreprise bruxelloise B.R.Met s’allie à la coopérative cycliste Urbike. Leurs coursiers enlèvent désormais vos vieux métaux et électros à même votre seuil. On visite ce spécialiste du recyclage des câbles pour savoir ce que deviennent vos anciens grille-pain, aspirateurs ou imprimantes.
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Publié le 26-05-2023 à 06h58 - Mis à jour le 26-05-2023 à 07h14
Le vélo-cargo se faufile entre les semi-remorques. Dans le vacarme assourdissant d’une pelle mécanique qui hache des lessiveuses de ses mâchoires préhistoriques, la coursière juste descendue de selle sort tout un bric-à-brac de son coffre. Une bouilloire dorée, une assiette décorative, un bec de robinet, une tour d’ordinateur et même un aspirateur. Ce brol même plus bon pour les puces du Jeu de Balle, il débarque de chez un particulier bruxellois. Et c’est la coopérative cycliste Urbike qui s’est chargée de le récupérer pour le convoyer dans les entrepôts de B.R.Met, entre pont de Buda et viaduc de Vilvorde.

Ce service s’appelle B.R.Met Move. Lancé depuis ce mardi 23 mai 2023, il pourrait bien vous éviter les longues files dans les recyparks de la capitale. Il prend tout son sens dans le contexte bruxellois où la livraison motorisée se complique alors que le recyclage n’a jamais été aussi tendance. Ni autant promu par les politiques. “On faisait déjà de la logistique pour les petits volumes. Mais les services en camionnette sont chers et restent souvent bloqués dans le trafic”, opine Pierre-Marie Huntz, directeur commercial. “Enlever 3 ordinateurs en camionnette dans une entreprise, ce n’était plus possible. Ce n’est pas non plus ce que veulent les politiques”. B.R.Met Move s’adresse autant aux particuliers “dont le veux grille-pain traîne dans la cave” qu’aux start-up “qui veulent se débarrasser de 2 imprimantes”. Et évidemment aux personnes âgées ou à mobilité réduite. “On se limite à 30kg par appareil pour des raisons logistiques : le coursier se déplace seul”. Pour 45€, vous pouvez tout de même escompter vous débarrasser d’un bon m3.
Sable de cuivre

Mais que deviennent vos appareils une fois collectés ? La vingtaine d’employés de B.R.Met se charge de les désassembler “à la main” et de conditionner leurs matériaux à destination de recycleurs. “Nous traitons tous les objets intégrant des composants métalliques”, détaille Pierre-Marie Huntz, dont la famille “est dans le recyclage depuis 5 générations”. Dans l’un des hangars à deux pas de la frontière flamande, sèche-linge, micro-ondes, PC, robots de cuisine sont broyés et démembrés, leurs composants triés sur des bancs développés sur mesure, puis expédiés chez des confrères belges. “On traite 2.000 tonnes d’électronique, informatique et électrique par an”, arrondit le Bruxellois.
Jusqu'aux années 2008-2010, tous les câbles partaient en Asie. Mon père s'est dit qu'on n'allait plus pouvoir exporter n'importe quoi partout.

La spécialité de cette société familiale fondée en 2003 se cache dans le second hall du site : le recyclage des câbles électriques et électroniques. Dans la première salle, des montagnes de fils multicolores de tous les diamètres sont parachutées dans une broyeuse qui sépare leurs composants. La seconde salle héberge un banc de tri tout neuf, installé en 2022. Les matériaux, en granulés de plus en plus fins, y roulent et rebondissent pour affiner le tri. Jusqu’à devenir des copeaux, voire du sable de plastique ou de cuivre. B.R.Met traite 350 tonnes par mois, des camions et camions de câbles arrivant de Belgique, mais aussi d’Allemagne, France ou des Pays-Bas : “On espère atteindre 3.500 tonnes en 2023”, escompte Pierre-Marie Huntz. “Mon père a eu l’idée de broyer les câbles vers 2008 ou 2010. Jusque-là, tout partait en Asie. Il s’est dit qu’on n’allait plus pouvoir exporter n’importe quoi partout. Des broyeurs existaient déjà en Europe de l’Est. On est les premiers à Bruxelles”. Pas question de filmer la chaîne : secret professionnel.
Plaine de jeu
Le gigantisme de l’installation et le vrombissement des bancs de tri impressionnent. Comme la finesse des matériaux glissant dans les big-bags souples : presque des farines métalliques. Le directeur commercial y plonge les mains. “Le plastique ne permet pas de concevoir de nouvelles gaines de câbles : les normes de sécurité incendie l’empêchent. Mais il peut être réutilisé dans des matériaux de plaines de jeu ou des soutiens de barrières de chantier par exemple. Le fer repart en aciérie. Le cuivre peut servir aux petits ateliers de ferronnerie ou à des artistes qui travaillent le bronze”. Absolument rien n’est perdu : les ultimes résidus, si microscopiques qu’ils en deviennent volatils, sont récupérés par aération jusqu’au dernier hall : “avec ces poussières, on va produire de l’énergie”, révèle Pierre-Marie Huntz. “Chez nous, il n’y a aucun enfouissement. On est absolument contre”.

On recycle jusqu'aux poussières, pour produire de l'énergie. Chez nous, il n'y a aucun enfouissement. On est absolument contre.
Dans la cour, à côté d’une trentaine d’automates de distribution d’extraits de compte bancaire déclassés, un ferrailleur décharge sa camionnette. À l’entrée d’un des halls, un particulier attend avec sa brouette remplie de serpents de couleurs vives. Des voleurs de câbles font-ils le détour par la chaussée de Buda ? “Pas de ça chez nous !”, promet le boss. “Tous les fournisseurs doivent présenter leur carte d’identité. Tous nos payements se font par voie électronique. Les voleurs, on ne veut pas les voir”. Par contre, on fera là-bas les yeux doux à vos vieux électros livrés à vélo.
