Nouvelles façons de consommer du gaz hilarant : voici les lieux les plus problématiques à Bruxelles (infographie)
Une étude de Safe. brussels tire la sonnette d’alarme. De plus en plus de grosses bouteilles de protoxyde d’azote (1 à 5 kg) sont ramassées par les agents de Bruxelles Propreté. Ce qui présente un risque pour leur santé. Voici pourquoi.
Publié le 22-05-2023 à 13h49
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Le constat est général : la manière de consommer du protoxyde d’azote (gaz hilarant) est en train d’évoluer à Bruxelles. Une enquête menée par Safe. brussels auprès des services bruxellois de prévention, de sécurité et de propreté a permis de constater que “la plupart des acteurs observent une évolution en ce qui concerne la taille des contenants de protoxyde d’azote, à savoir l’utilisation de bouteilles plus grandes au lieu de capsules. […]”
”Récemment, et de manière anecdotique, les travailleurs de rue ont remarqué l’utilisation de très grandes bouteilles (comme des bouteilles de plongée). Tandis qu’une personne interrogée parle d’une “augmentation significative et exponentielle depuis décembre 2022” des bouteilles de protoxyde d’azote retrouvées dans l’espace publique. Cette observation ne concerne pas les petites cartouches ou capsules de protoxyde d’azote. Certains acteurs interrogés affirment que celles-ci sont en déclin. Les grandes bouteilles ont donc remplacé les petites capsules”, analyse Brusafe.

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Le prix d’abord. Une grande bouteille est moins chère que son équivalent en petites capsules. Son usage ensuite : avec une grande bouteille, plus besoin de “crackers” ou de siphon à crème fouetté tandis que la consommation en groupe est plus facile avec une grande bouteille.
Les éboueurs bruxellois ont également retrouvé la présence en rue de “ballons noirs”, peut-être en latex. “Selon cette personne, ce type de ballon pourrait mieux se dilater et donc absorber une plus grande quantité de protoxyde d’azote, ce qui n’était pas nécessaire avec les petites capsules. Autre nouveauté : l’utilisation de “click balls” aromatisées et d’un liquide aromatisant. Selon cette personne, certains consommateurs peuvent ajouter du goût au gaz inhalé en ajoutant des liquides dans le ballon avant de les remplir ou en plaçant des boules aromatisées au-dessus des bouteilles de protoxyde d’azote.”
Dans son enquête, Safe. brussels a également analysé les lieux de consommation. Sans surprise : parcs, places publiques, allées, parkings, stations de métro, terrains vagues, au pied d’immeubles de logements sociaux, kots étudiants mais aussi dans ou autour de voitures. Selon plusieurs témoignages récoltés, “ce gaz hilarant est aussi utilisé dans le cadre des rodéos urbains. Le consommateur type est âgé d’environ 25 ans et de sexe masculin”. De nombreux mineurs semblent également en consommer malgré leur part marginale dans les procès-verbaux dressés par la police.

Toutes les communes n’ont pas répondu à l’enquête de Safe. brussels, ce qui rend impossible un état des lieux précis de la consommation de gaz hilarant à Bruxelles. Néanmoins, selon Bruxelles Énergie, 4,7 tonnes de déchets de protoxyde d’azote ont été collectées par les services de l’Agence Bruxelles Propreté rien qu’au mois de janvier 2023. Dans une commune 1 100 bouteilles ont été trouvées dans l’espace public lors des deux premiers mois de cette année contre 600 sur l’ensemble de l’année 2022. “Compte tenu de la taille des bouteilles, nous pensons que l’utilisation a augmenté”, commente un acteur de terrain à Safe. brussels. “Alors qu’il n’était pas rare de trouver des lieux avec 50 cartouches, nous trouvons maintenant des bouteilles assez grandes dont le volume est équivalent à celui de 80 – 240 cartouches.”
Selon certains témoignages, la crise du Covid-19 a généré une augmentation de la consommation de gaz hilarant à Bruxelles. Il évoque même l’émergence “d’un commerce à grande échelle” avec l’apparition des grandes bouteilles. Ce “commerce” serait également mené par des dealers, apparus depuis l’interdiction de la vente de capsules de protoxyde d’azote aux mineurs. “Selon les témoignages de certains jeunes, issus du quartier où travaillent principalement les travailleurs de rue, le protoxyde d’azote est vendu sous forme de bouteilles qui doivent être rendues au dealer local après usage, une sorte de système de consigne.” Tandis que d’autres témoignages évoquent la présence de coursiers dont le job est de livrer puis récupérer les capsules.
La présence accrue de grandes bouteilles cause de réels problèmes aux ouvriers de l’incinérateur de Neder-Over-Heembeek. “Jusqu’à 50 bouteilles par heure ont été trouvées dans le processus d’incinération.” Selon Bruxelles Énergie, plusieurs explosions ont eu lieu dans les incinérateurs au cours de ces derniers mois. Ce qui met la sécurité et la vie des agents en danger.
