”Les travailleurs sont de plus en plus considérés comme une marchandise” : 18 000 manifestants dans les rues de Bruxelles (vidéo)
Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles ce lundi pour protester contre le dumping social et les “attaques au droit de grève”.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5G7GUZNDQZDXZPELUBPSN7PFUU.jpg)
Publié le 22-05-2023 à 15h26
Alors que le conflit entre la direction de Delhaize et ses employés sévit depuis bientôt trois mois maintenant, les principaux syndicats avaient appelé à une grande mobilisation dans les rues de Bruxelles ce lundi. En soutien “aux Delhaiziens”, mais également pour protester contre “attaques au droit de grève”. “Parce que nous craignions que ce qui se passe chez Delhaize n’est que le début et que d’autres s’en inspirent dans un futur très proche”, glissait un manifestant en début de cortège du côté de la gare du Nord.
Parce que nous craignions que ce qui se passe chez Delhaize n’est que le début et que d’autres s’en inspirent.
Dans le combat qui les oppose à Delhaize, les syndicats s’inquiètent face à l’attitude de la direction et du patronat. “Le droit de grève et même simplement de manifester est vraiment en danger, confirme Thierry Bodson, président de la FGTB. Aujourd’hui, les jugements permettent d’envoyer des huissiers avec des astreintes de mille euros par client qui n’entreraient pas dans le magasin. Pas par syndicaliste, par client ! On oppose le droit de consommer au droit de défendre ses intérêts. C’est quand même assez particulier. Et récemment, une décision de justice nous empêche de faire des piquets devant les magasins Delhaize pendant tout le mois de mai, même si ce sont des piquets filtrant.”
"Une période affreuse pour les droits syndicaux "
Pour la CSC, on considère que les travailleurs sont de plus en plus considérés comme une marchandise. “Que l’on peut jeter dans une boîte à outils différente et à moindre coût, insiste Marc Leemans, président de la CSC. Ce n’est pas acceptable. Cela se passe chez Delhaize, cela se passe chez TotalEnergies. Les travailleurs n’ont aucune concertation avec leur direction pour pouvoir limiter les dégâts. Nous protestons pour défendre le droit de protestation.”
Nous avons l’impression que les responsables politiques savent qu’il y aura pas mal de protestation dans les prochaines années de la part des citoyens, pas uniquement des syndicalistes.
18 000 personnes étaient présentes, selon la police locale. 25 000, selon les syndicats. Du côté de la FGTB encore, on s’inquiète pour le futur de la démocratie. “Nos politiques ne comprennent pas que la démocratie, c’est le pouvoir et le contre-pouvoir, reprend Thierry Bodson. L’un doit respecter l’autre et vice-versa. Aujourd’hui quand on voit les lois qui risquent d’être votée prochainement, nous avons vraiment l’impression que les responsables politiques ne veulent plus le respecter. C’est dangereux pour la démocratie et pas à très long terme. Nous avons l’impression que les responsables politiques savent qu’il y aura pas mal de protestation dans les prochaines années de la part des citoyens, pas uniquement des syndicalistes. Et ils mettent en place un arsenal juridique qui ne permettra pas aux citoyens de se faire entendre.”

Parti de la gare du Nord, le cortège s’est étendu jusqu’à la gare du midi. Des couronnes mortuaires ont notamment été déposées devant le siège de la FEB et le Palais de Justice. Une énorme banderole, sur laquelle on pouvait lire “profit partout, justice nulle part. Boycott Delhaize”, a également été déployé depuis les échafaudages du palais de Justice. “Protester est le seul moyen qu’ont les travailleurs, termine Marc Leemans. Ils n’ont pas beaucoup de capitaux pour organiser des campagnes d’influence. Un travailleur n’a qu’une seule arme : c’est stopper de travailler s’il n’y a aucune concertation possible, aucune négociation possible avec l’employeur.”









