Des drones pour la zone de police midi ? Le chef de corps est demandeur, les communes se tâtent encore
Les communes de la zone midi prennent des précautions quant à une future utilisation de drone : “de nombreuses questions se posent en effet encore sur le droit à la vie privée et le droit à l’image.”
Publié le 22-05-2023 à 08h35
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Interrogé par le conseiller Cédric Pierre De Permentier (MR) en conseil de police, le chef de corps de la zone de police midi a fait part de sa volonté d’équiper ses troupes de drones équipés d’une caméra. Actuellement, la zone, comme les autres de la région bruxelloise, peut utiliser les appareils mis à disposition par la police Fédéral. “On s’en sert sur des grands évènements planifiés à l’avance mais c’est tout. On ne peut pas réagir vite avec cet outil pour des constatations par exemple. En plus, les prêts du fédéral sont limités et si plusieurs gros évènements ont lieu à Bruxelles, on peut se retrouver sans drone,” explique le chef de corps Jurgen De Landsheer qui a déjà réalisé quelques estimations. “Entre l’achat d’un drone et la formation d’au moins trois agents au pilotage pour pouvoir l’utiliser n’importe quand, il faut compter 80 000 euros.”
Du côté des communes, on est plus frileux. Saint-Gilles se dit prêt à passer le cap pour contrôler les deux stades sur le territoire de la zone (le Marien et le Lotto Park), la gare du midi et dans une moindre mesure la prison. Toutefois, “il n’est pas question de l’utiliser pour cinq personnes qui bronzent dans le parc de Forest. La question se pose aussi, comme en France pour l’encadrement des manifestations, développe le cabinet du bourgmestre Jean Spinette (PS). L’autorisation récemment légalisée de l’utilisation des drones par la police dans le cadre du contrôle des manifestations fait craindre à certaines associations chez nos voisins des dérives en termes de respect des droits individuels. Un cadre doit être négocié pour l’utilisation de ce dispositif. Bien sûr ce sera utile de compléter les prêts du Fédéral,” Côté Budget : “ce sera à la discrétion de chaque bourgmestre.”
Une question budgétaire également relevée par le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps (PS) : “ce sera en discussion lors du budget 2024.” D’autant plus que la zone espère aussi se voir doté d’un nouveau commissariat central, à côté de la gare du midi, dont l’avancement patine un peu. “Le drone peut être un bon outil mais il faut réfléchir au cadre d’utilisation.”
Des moyens déjà limités pour les images de caméras fixes
À Forest aussi on prend beaucoup de pincettes : “La bourgmestre Mariam El Hamidine (Ecolo) reste réservée quant à cette demande, explique le cabinet de l’édile. De nombreuses questions se posent en effet encore sur le droit à la vie privée et le droit à l’image, qu’il faut à tout prix protéger, au même titre que la sécurité des Forestois. Nous privilégions la police de proximité, la présence visible des gardiens de la paix pour garantir la sécurité de l’espace public pour toutes et tous, et dès lors le contrôle social et le bien-être. Concrètement la récolte, le traitement et l’utilisation des images collectées par les caméras actuelles sont déjà limités par les moyens humains que cela exige. La nécessité de l’utilisation de drones n’est actuellement pas avérée et la prise d’image n’est, selon nous, pas la solution miracle. On sera particulièrement prudent pour ne pas mettre en place des technologies disproportionnées là où l’humain reste la solution la plus adaptée.”
La commune du sud rappelle aussi qu’elle s’était opposée à l’utilisation des drones pour la gestion de la crise covid.
Le conseiller Forestois libéral à l’initiative de la question en conseil de police martèle qu'“il est essentiel d’encourager la Zone Midi dans sa modernisation afin d’améliorer la qualité de nos interventions et garantir une meilleure sécurité sur nos trois communes. La zone midi a déjà eu l’occasion de recourir aux drones mis à disposition par le Fédéral pour certaines interventions, le résultat était assez concluant.”
L’utilisation des drones reste conditionnée à l’autorisation du bourgmestre de la commune survolée.